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chère Angèle,
intercalés entre tant de textes venus de tant de plumes différentes, les vôtres, discrets, muets. Pour ceux-là pas de note d'Angèle pour éclairer le texte, pas de lien, juste une signature qui dit le lien.
Je lis, m'arrête, cherche. Ce n'est pas dans l'évocation de ce quartier de Marseille "Samatan", cette falaise qui domine ces calanques, ces barques, ces traces de cabanes de pêcheurs, ce château d'If, ce Malmousque qui devient bleu, non, c'est ailleurs :
"sous l'emprise des mots
le port lève l'amarre...".
Encore une fois, sans que l'on sache comment, vous nous enlevez et nous transportez là où il n'y a plus rien à voir si ce n'est, yeux fermés, un seuil à franchir, sacré : "limen" (mystérieuse photographie de Guidu..., porte entrouverte entre deux mondes. Lointaine enfance et ses secrets, mémoire des pêcheurs et des marins qui ne sont pas revenus, dits de la mer, prisonniers oubliés, vents... Ailleurs, ailleurs, ailleurs...
De poème en poème s'inscrit une confidence qu'il faut écouter quand tout est veille et transparence aux mystères.
Rédigé par : christiane | 09 mai 2010 à 17:51
Oui, chère Christiane que je ne connais pas mais retrouve souvent sur ce site, "LIMEN" peut-être parce que Marseille est une île,
Bien cordialement,
Syl
Rédigé par : Sylvie Saliceti | 11 mai 2010 à 12:14
Quel magnifique poème, Angèle! Tes mots sont des embruns sur nos jours ordinaires. On a vaqué à des tâches quotidiennes entre travail et maison. Et on ouvre l'ordinateur. Une balade sur Terres de femmes..., une balade au bord de la mer, au beau milieu de notre bureau.
Nathalie
Rédigé par : Nathalie | 11 mai 2010 à 21:10
Samatan sur son rocher fut une étrange mal famée, on conseillait jadis de l'éviter, elle avait des airs de réduit pour des hommes au goût de trafic sombre. Je l'ai beaucoup fréquentée (ma femme y eut son premier cabinet de médecin pédiatre, mon aînée y connut sa première cour d'école...) au début des années 90. Et c'est une singulière émotion que de la voir revenir ainsi par la magie d'un poème happé de regards, de secousses, de ce bel excès qui défie la mer et s'y blottit en même temps.
Écrire, comme une ardeur à vivre encore "au chant des haubans de l'enfance". Merci, Angèle, de dévider ce fil
avec la halte de Samatan qui n'a pas fini de faire peur et de faire rire.
Dominique Sorrente
Rédigé par : Dominique Sorrente | 11 mai 2010 à 23:40
Sylvie,
je ne découvre que ce matin votre pensée mystérieuse. Je vais essayer d'y faire écho car elle est passionnante et douce.
D'abord par quelques lignes d'un roman que j'ai beaucoup aimé, ensuite par ce que je comprends de la recherche poétique d'Angèle.
Le roman c'est : Eloge des voyages insensés de Vassili Golovanov (éd. Verdier). Je n'entrerai pas dans cette quête, ce serait trop long mais pour vous je copie quelques lignes, p. 505 :
"... La question des frontières, des limites, a toujours excité les esprits des penseurs du Moyen Age et de la Renaissance. Léonard de Vinci écrivit un vaste ouvrage savant sur les limites entre les éléments. En ce qui concerne, par exemple, la frontière entre l'air et l'eau, il aboutit à une conclusion paradoxale : cette limite, note Léonard, possèderait des propriétés tout à fait particulières, à la fois distinctes et semblables aux propriétés et de l'un et de l'autre de ces deux éléments. La frontière est un élément à part, doté de fonctions non pas protectrices mais conductrices. Voilà la clef de l'énigme..."
Dans son poème "Samatan", je retrouve cette incertitude d'Angèle entre la protection de l'île et l'évasion loin de l'île, entre son amour de la terre et des hommes et celle de la sauvage solitude, sur les mers, loin d'eux, entre l'exil et l'immersion au milieu des autres. Je sais que récemment elle a fait une conférence sur cette frontière des îles et ces femmes poètes qui disent la frontière trouble entre la terre et l'eau, entre leur parole et leur silence. L'a-t-elle mise en lien sur Terres de Femmes ? Je ne sais...
Angèle par son écriture intense, lumineuse, silencieuse, secrète, mélancolique, opiniâtre, obsédante met au monde une poésie difficile, encore peu reconnue car ne se prêtant pas à un partage facile - elle qui met tant en lien les uns et les autres. Son écriture est un combat, une affaire de vérité, d'être. Elle prend des risques quand elle écrit, on prend des risques quand on la lit. Elle est de l'île, de tous les rivages et de nulle part... Timonier qui garde sa route contre vents, brumes et tempêtes. Douceur et colère. Soleil et ombre. Solitaire dans l'éblouissement du soleil de ... Marseille, aveuglée de trop voir ce qui ne peut pas se voir. Son écriture est une trouée dans la difficulté d'être. Mais aussi une plénitude.
Oui, chère Sylvie, j'aime venir souvent sur ces... Terres de femmes.
Rédigé par : christiane | 12 mai 2010 à 09:43
Chère Christiane, chère Angèle et finalement chers tous,
merci pour ce temps généreux pris pour m'informer sur les frontières ; conductrices, mais aussi peut-être seuil où quelque chose se ferme, autre chose s'ouvrant vers où ?... peut-être vers une plongée au plus intime de l'être ("Limen", comme par jeu phonétique). Merci parce que ces échanges font de TdF la halte de nos diligences modernes, le café littéraire où l'on boit un café en évoquant l'intériorité aussi bien que le voyage. Vous avez raison, Christiane, il y a quelque chose comme l'empreinte du livre par ici, puis celle d'A. et Y...
A bientôt,
Bien à vous,
Sylvie Saliceti
Rédigé par : Sylvie Saliceti | 12 mai 2010 à 19:11
Il pleut, encore! Le réseau est coupé. Nous avons déjeuné à la bougie. Là, à l'instant, une halte entre deux eaux. J'écoute Liszt, Les Jeux d'eau de la Villa d'Este. Lupinu écoute lui aussi, installé sur le bureau. Il rêve. Et moi, je voyage à mon tour, en vous lisant, le dos au feu. L'idée de Sylvie, d'un café littéraire, me comble. Rencontres autour d'un thé brûlant, d'un samovar. L'île de Kelgouev, de Vassili Golovanov, n'est pas loin, qui a occupé mes longues soirées d'hiver. Et l'anse de Malmousque non plus. Ces deux points si éloignés l'un de l'autre se rejoignent ici, grâce à votre présence amicale. Des ancrages se dessinent, avec Nathalie et Christiane au Nord, Dominique et Sylvie au Sud. Sans oublier Guidu qui nous fait rêver sur d'autres limen, entre intérieur et extérieur.
Merci à vous tous(tes) d'être là, présentes et silencieuses. Presque. Un murmure de mots suffit, dans son bruissement régulier de vague.
Rédigé par : Angèle | 15 mai 2010 à 18:24