UN RECOIN DANS UN COIN
0n éteint sauf moi
Je ne suis pas éteinte
Lueur
Dès que ma main ne rencontre pas la terre
Mais ton dos dégagé
Lueur aussi
Le ventre et ta main
À la seconde de la mienne
D’enlever les vêtements devant
Nous derrière nous serrant
Dans les odeurs leur buisson
Il y a des creux dans la nuit
Les caressés ou caressants
Un geste un geste
Et un troisième pour serrer
Ton sexe unique.
Ariane Dreyfus, « Le cadre ne casse pas » in La Terre voudrait recommencer, Éditions Flammarion, 2010, page 67.
La Terre voudrait recommencer est pour Ariane Dreyfus le livre de la maturité, dans le sens où il marque une manière d’apaisement intérieur et de réconciliation avec le monde, que ses deux précédents recueils laissaient déjà pressentir. On est loin toutefois de ces pages d’une sérénité crispée ― et moins encore désincarnée… Le volume s’ouvre au contraire sur une série de poèmes brefs qui réinventent le thème du blason féminin. On y trouve aussi, en hommage aux gens du cirque, des pages lumineuses qui ont la grâce instable et dangereuse des trapézistes ou des funambules. L’univers du conte, cher à l’auteur, vient y mêler ses ombres anciennes. La fin de l’ouvrage dérive quant à elle d’un atelier mené deux ans durant dans un collège de Bobigny avec des classes de 6e et de 5e : l’auteur y recueille la parole respectée des enfants avec une évidence, une densité et une simplicité souvent bouleversantes. La poésie d’Ariane Dreyfus a cette grâce, elle aussi ― et d’abord cette humanité : « Étendre le linge de quelqu’un comme si son corps fragile/ Me demandait d’être lente ». (Prière d’insérer de l’éditeur)
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