Ph., G.AdC L’AILLEURS DES MOTS (extrait) J’aime l’homme au dos vaste comme une steppe Dans les profondeurs de sa terre j’écoute le bruit du troupeau de buffles qui le traverse Tu descends le chemin de mon sang comme un caravanier la route de la soie lorsque tu retomberas de mes hanches mille ans auront passé En éternel voyageur tu te hisses sur mon corps comme sur un bateau ou un train Puis tu me quittes avec ta valise de la taille d’un cercueil Mon corps est un aventurier ― La nuit il caresse ta vie et ta mort tes guerres et tes famines Les mains ensanglantées les cheveux tombant comme des plantes cassées par la tempête Il est Caïn toujours en fuite de ce crime qu’il a commis […] Anise Koltz, L’Ailleurs des mots, Arfuyen, Collection Les Cahiers d'Arfuyen, 2007, pp. 9-10-11-12. |
ANISE KOLTZ Source ■ Anise Koltz sur Terres de femmes ▼ → Automne (extrait du Cirque du soleil) → Béni soit le serpent → [Dans mes poèmes] (poèmes extraits d’Un monde de pierres) → [Gémeau] (poème extrait de Soleils chauves) → Je me transforme (poème extrait de Je renaîtrai) → [Je suis l’impossible du possible] (poème extrait de Pressée de vivre) → Ouverte (poème extrait de Je renaîtrai) → [Qu’ai-je emprunté à la chair maternelle ?] (poème extrait de Galaxies intérieures) → Les soleils se multiplient (poème extrait du Cri de l'épervier) ■ Voir | écouter aussi ▼ → (sur le site des éditions Arfuyen) une page consacrée à Anise Koltz → (sur Lyrikline) dix poèmes extraits du Porteur d’ombre (2001), dits par Anise Koltz |
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Je lis José Ensch et je désespère d'avoir connu le mot, d'avoir marché dans le temps, d'avoir usé de la simplicité de mon cœur.
Je lis Anise Koltz et je me réapproprie le mot, je me désintéresse de la mort.
Je cours dans tous les sens reconnaitre en moi l'homme qui s'étend infiniment dans le respect de la vie.
Rédigé par : Mahdia Benguesmia | 10 décembre 2010 à 21:36
Je relis ce poème et je suis ébranlée par ce rapport indispensable et continu que le poète entretient avec le monde car l'ailleurs des mots de Koltz est son ici du monde donc son ici des mots empruntés depuis la genèse à l'ADN du poète éternel.
Chaque poème est un autre amplifié ; mais chaque poète n'est poète que parce qu'il tisse du déjà fait un merveilleux jamais fait.
Érigeant le mot en corps et le corps en perpétuel travail de la pâte du mot, Anise Koltz perpétue les cellules du poète-démiurge qui échappera toujours au crime de sang de son malheureux ancêtre quoi qu'il en parle ouvertement.
Rédigé par : Mahdia benguesmia | 12 janvier 2011 à 18:33