Tu voudrais qu’avec toi elle cueille, s’oriente et se redresse, qu’elle te rejoigne dans la rumeur et la distance... Tu voudrais qu’elle répudie l’indifférence, apprenne ton ombre et tes silences, la paix de tes refuges et le fracas de tes guerres, surgisse pour accueillir ce qui désormais ne se peut salir ni défaire... Tu voudrais que ses lèvres aient soif de toi et te noyer dans leur salive, défiler pour ses seuls yeux te contemplant, fondre l’or des jours dorénavant non gaspillés, nager dans les eaux du monde avec les yeux enfin lavés de tout mensonge... Tu voudrais partager l’odeur des peaux, la brise renouant, le soleil déclinant, bondir barbouillés comme les enfants, courir nus pieds, boire l’eau des puits, dormir deux en un, sentir l’éveil dans le blanc des yeux de l’autre, une main passer dans les cheveux, une pointe d’inquiétude, le cœur sambant à perdre haleine... Tu voudrais sentir son sexe mouillé à ta seule approche, tes mains brûler à ses courbes, complices au point que suffise un seul troc de souffles... Tu voudrais que ses bras te délivrent de ce qui traîne, étouffe et obscurcit, qu’elle soit tienne jusque dans ce qui t’écarte, te macule et déchire, que vos mains et bouches et épidermes se joignent, se mêlent, scellant comme à jamais ce qui sera votre jeu, votre secret, votre pacte... Et après l’amour, rassasié, en sueur, tu voudrais la serrer à nouveau, murmurer qu’elle est celle qui sut germiner et t’incendier sans te blesser, comme par miracle... Tu voudrais tout, tu la veux toute... (années ’80) André Rougier D.R. Texte André Rougier |
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Magnifique !
Rédigé par : Mth Peyrin | 15 février 2010 à 23:21