Ph., G.AdC
SAMI
Debout parce que les arbres sont serrés dans la forêt
La peur est à qui si on arrive à la toucher ?
L’OGRE ET SON CHAGRIN
Son chagrin était noir, noir comme la méchanceté
Des gestes brusques, un fond dur comme du fer.
Son chemin n’aimait pas les yeux rouges,
Son malheur faisait mal.
L’ogre regardait son visage dans les vitres,
Son chagrin était rempli de
Sentiments
Encore le nord du chemin
Imaginez au fond
Sa propre ruse pour
Les enfants du froid
La tristesse se relevait
Dans ses songes
Les rêves se penchaient
Tes lèvres ont les côtés qui saignent
L’hiver est trop long ? [*]
Tu t’étais cogné pour partir ?
L’écriture dit
Je veux
Qu’on m’invente
Je veux être
Dans une page
Parfois je vois les danseurs revenir d’une coulée
Leurs gestes sont proches avec le sommeil debout
Quelqu’un qui te secouerait au même endroit
Sentirait que la force ne peut pas tout tenir
Comme s’il y avait une petite étoile noire, en bas
Ils courent vers un point pour se resserrer
Pour remplacer avec leurs corps réels
L’amour et il avance
Les lancements de bras, lentement les cous
Font danser les visages un peu seuls
Cherche, cherche
La couleur des gestes n’existe pas
Direction les gestes pliés ils sont croisés, serrés
Puis la marche essaye de retrouver de nouveaux
Gestes froissés tombés dans le sentier des mots
Le vide temps long taille grande
L’espoir de lever ses gestes perdus
Lancer lentement les distances
Le vent des choses de lumière
Notre nuit en dormant élément bouge
Les lancements de bras, lentement les cous
Font danser les visages un peu seuls
Leur tiédeur
C’est une caresse avec la musique serait de l’eau
Devant moi ils s’essuient la figure, leur absence qui reste
Ce spectacle est trop humain.
Celui qui est une personne du samedi mais pas une personne du dimanche
Celui qui bouge très bas, près des ombres terrifiantes, rapides, appliquées
Celui qui se croit grand et ses dons sont tout petits
Celui qui souffre devant la lumière du passé et évite d’aimer
Celui qui court dans l’herbe vert brillant et exige la chasse froide
Celui qui danse tout seul et se délivre de l’histoire, tout surpris
Peut-être qu’un mot sur deux tu l’as pris dehors
Des formes s’éclairent de la sagesse des métamorphoses
Un jour tu taches le sol de la classe avec de l’encre
Tu as fait tomber de l’encre et rien ne t’en fait souvenir
Seul personne ne le sait
Un accordéon violemment incohérent
Plus on est maladroit plus on a besoin d’oublier
Essayer de tourner n’importe comment
Autour de l’ogre et d’attraper son cœur
Parce que lui se tait et pas toi
Les poèmes sont de belles taches compliquées
Qui vont chercher l’indulgence des inconnus
On ne le sait pas peut-être que nous dansons
À chaque fois que leurs yeux vont vers nous
Je ne vais pas m’arrêter j’aime faire
Même quand je serai morte sous les plantes
C’est moi qui ai saigné entre mes jambes
Ai connu ce qu’il fallait connaître
Le printemps passe au fil des jours
Des battements
Inconnu veut-il le désir de danser
Avec une puissance de femme
Une victime qui hait le silence
Ne passe ni la musique ni
La danse, car le corps
Se bouge d’un reflet, le garçon
Piétine sur les fleurs du printemps
Il danse pour le futur, la femme
L’homme sont furieux, se rapprochent
Et se mettent à danser collés l’un à l’autre
Danser avec un art, des articulations
Comme une immense joie à travers le ciel
Ils s’apprécient puis ils s’approchent
Se suivent des yeux ne relâchent pas il suffit
D’une relation du regard
Tu n’as plus tout à fait confiance d’être un enfant
Alors tu hausses simplement les épaules
Tu préfères cela à montrer ta figure et voilà
Laissant tomber les larmes et leurs reniflements
Mon organisme puissant et l’orage qui décide
Laissant tomber les larmes et leurs reniflements
À force d’avancer d’ailleurs c’est quoi le noir
Tu arrives dans la zone de l’interminable beauté
À chaque fois la poésie écarte une mâchoire
Elle est touchable
Les fontaines joyeuses
J’aime ces bouches
Qui répondent à ma place
La nuit je suis par terre
Regarde les étoiles qui envahissent
Les nuages
Mes bras, mes mains
Se rejettent et se croisent
Dans mon cœur
Le bruit brutal
Va dedans dehors
Mes idées
Sont particulières
La nuit obscure
Je te dis adieu
[*] Version définitive (op. cit. infra, p. 161) :
Le sang au bord de tes lèvres
Quand l'hiver est trop fort
Ariane Dreyfus
extrait de « Petits compagnons »
La Terre voudrait recommencer
(texte définitif paru chez Poésie/Flammarion le 19 mai 2010)
Note : les passages en italiques ont été écrits par Sami, élève de 6° puis de 5°, lors d’ateliers d’écriture menés au Collège Pierre Sémard de Bobigny.