Ph. Michel Vidal
VIE DONNER/NOMMER
1-
Grandes orgues grandes eaux
naître mer rouge
champ de bataille grandir
Tout enfant porte en lui une prophétie
à la fois Ismaël Isaac Moïse
chacun élu éprouvé
jeu danse rire
se battre
Redoutable père redoutable pouvoir
Comme Ismaël te voilà banni avec ta mère servante
condamné aux scorpions à la soif
Où aller ? Où aller ? Ô Agar résonne encore et encore ta mélopée
Ton cou sent le couteau d’Abraham
Tu trembles encore longtemps Isaac après que l’ange t’a sauvé
Ô Sara où te cachais-tu alors ? Fis-tu rempart de ton amour ?
Pharaon l’exterminateur
sa fille te recueille tu échappes à la noyade Moïse
et ta propre mère t’allaite
Connais-tu alors ta mission auprès de ton peuple ?
Champ de bataille grandir
affronter mille périls connaître mille morts
Tout enfant porte en lui une prophétie
2-
Grandes orgues grandes eaux
naître entre les cuisses d’une géante
Premier cri premiers pas
paroles lancées comme autant de graines
Tentative d’être Être pour de vrai
Nés de l’étincelle d’un désir
à jamais enfants
enfants cosmiques
Affranchis de la peur
Gardiens des ombres du Temps
Nul ne peut nous enchaîner
et nos meurtriers ne rencontrent que le vent
car l’enfance ne meurt pas
Geneviève Vidal-de Guillebon
D.R. Poème inédit de Geneviève Vidal-de Guillebon
pour Terres de femmes
Etrange ce que je ressens à la lecture de ce poème... comme si ce qui était dévoilé par Geneviève Vidal était plus important que l'écriture. Juste il est dit des choses du secret adossant la fragilité de l'enfance à la démesure d'un dieu fou, un créateur qui n'a plus que les enfants pour dire son souffle...
Vraiment étrange. Le gangue des mots est ici sans importance, ce qui est c'est ce qui palpite au fond du creuset : une parole inter-dite...
Rédigé par : Christiane | 13 février 2010 à 09:07
Merci pour ce texte, sa découverte : "Nul ne peut nous enchaîner et nos meurtriers ne rencontrent que le vent car l’enfance ne meurt pas". L'impermanence, la vacuité, l'illusion qu'il y a de penser avoir prise sur les évènements et une réalité multiple: j'aime ces thèmes, et je comprends mieux pourquoi à la lecture de la note bio-bibliographique de l'auteur, laquelle semble éprouver un intérêt manifeste pour le Tibet.
Merci encore,
Amitié,
Syl
Rédigé par : Sylvie | 13 février 2010 à 12:28