Le 9 février 1450 meurt, à proximité de l'abbaye de Jumièges, en Normandie, Agnès Sorel.
Jean Fouquet La Vierge à L'Enfant, v. 1452-1455 Huile sur bois, 94,5 x 85,5 cm Anvers, Musée Royal des Beaux-Arts Source LA VIERGE À L’ENFANT DE JEAN FOUQUET La beauté d'Agnès Sorel fascine nombre de ses contemporains. Parmi les représentations qui nous sont parvenues, celle, fameuse entre toutes, qu'en donne le peintre Jean Fouquet dans la Vierge à l'Enfant (v. 1452-1455). Il ne fait aucun doute que, sous les traits divinisés de la Vierge, le grand maître de la peinture française du XVe siècle a représenté Agnès Sorel. Le front haut et dégagé, majestueuse et hiératique dans ses voiles, la Vierge porte l'Enfant Jésus, nu, sur ses genoux. Ce qui frappe d'emblée dans cette représentation de la Vierge à l’Enfant, ce sont les jeux d'opposition sur lesquels sont construits ce tableau. Contraste saisissant entre la blancheur des carnations de la mère et de son fils et la puissance des rouges et des bleus qui emplissent l'arrière-plan du tableau. Rouges et bleus turquoise des anges et des chérubins groupés et serrés autour de la Vierge, derrière le trône sur lequel elle est installée. De cette composition étonnante naît une impression d'irréalité. Autre contraste, celui du drapé et du nu. Vêtue d'une robe de satin bleu lavande serrée à la taille, qu'elle a haute et fine, enveloppée de voiles blancs dont les plis savants accueillent le corps nu de l'Enfant, la Vierge a les épaules dénudées. Et un sein rond et sculptural, globe parfait, tendu hors de sa guimpe de toile. Nudité féminine compensée par le regard recueilli, aux yeux pudiquement baissés. Unique note de couleur dans ce visage d'une blancheur d'ivoire, la bouche, finement ourlée de rouge. De ce même rouge que l’on retrouve dans certaines des pierreries qui sertissent le diadème de la Vierge. La Vierge est installée sur un trône orné de perles, de pierreries et de boules de cristal. Dans ses boules de cristal se reflète la « fenêtre mystique » flamande, ouverte sur la lumière divine. Mélange subtil de profane et de sacré, fusion parfaite entre l'humain et le divin, la Vierge à l’Enfant est une représentation idéalisée et divinisée d'Agnès Sorel, femme éperdument aimée de Charles VII. Commandité pour l'église de Melun par Étienne Chevalier, trésorier de Charles VII, le tableau de Fouquet, également appelé Diptyque de Melun, comprenait, outre le volet gauche représentant le donateur et saint Étienne, son protecteur ― tous deux placés devant la Vierge ― un médaillon d'émail doré. Dans ce médaillon minuscule, caché dans l'encadrement du diptyque, un portrait de l'artiste par lui-même. Ce premier autoportrait connu d'un peintre français se trouve au Musée du Louvre à Paris. Étienne Chevalier présenté à son saint patron saint Étienne est conservé au Dahlem Museum de Berlin. La Vierge à l'Enfant, se trouve, elle, au Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers. Marqué par sa situation à la charnière de deux mondes, à la fois héritier de la tradition gothique ― goût pour l'enluminure et ses chatoiements de couleurs ― et précurseur de la Renaissance, influencé par l'art flamand et par le sculpteur bourguignon Claus Sluter, Jean Fouquet a cependant un style très personnel qui fait de lui un maître de la peinture française du XVe siècle. Angèle Paoli D.R. Texte angèlepaoli |
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Parfois, il se passe de drôles de choses sur TdF. Brusquement Angèle s'absente. Des heures et des heures pour converser avec les ombres du passé. Ce jour, cette exquise image d'une femme tellement énigmatique, dans cette boucle de la Seine où les ruines de l'abbaye de Jumièges murmurent.
Pouvoir de séduction du langage qui nous transporte ailleurs réinventant une vie avec cet enchantement du cœur qui fit rêver un roi. La frontière devient alors si perméable entre le monde des vivants et des disparus. Mais le cœur ne s'y brise pas comme dans certains poèmes offerts ici... Des doubles fantomatiques esquissent une vie qui aurait pu être un morceau de sa vie, juste voilées gracieusement par le temps et un maître du pinceau. J'aime suivre cet arpenteur du temps...
Rédigé par : Christiane | 10 février 2010 à 11:08