Ph., G.AdC LAS LINTERNAS FLOTANTES VII. He llegado hasta aquí. A la herida del ala. Contradicción perfecta donde todo es posible donde todo danza su danza-vórtice de silencio y vacío. La luz apenas juega a deslumbrarnos. A idear las formas que nos guían rotundas e ilusorias — mesa, silla, espejo.... : rama del paraíso… rama del sueño en la vigilia — abierto y entregado. No entres por ahí. No acerques tu mano tibia y trémula al dorado picaporte. Verás la escena que te fue destinada —precisamente aquella que debías ver y no ver. Tu Alejandría siniestra y familiar. Roma bombardeando la casa de tu infancia. Una Babel de mutismos. No entres. No abras los ojos. Desnudeces. ¿Quién dice cuerpo? ¿Quién dice eros o amor? Ágape interrupto en su descenso. Todo vuelve. Como aquí, todo vuelve. ¿Pero a qué? Oh loto bienoliente salpicado de sangre y barro. Escombros, miembros, esquirlas, ojos infectando el sagrado estanque de la vida su corriente sagrada y estancada en una fosa común. En las paredes de la caverna, entre estalactitas de sangre y barro, esquirlas y miembros cercenados, un jazmín proyecta su sombra blanca trémula. Oh jazmín bienoliente y perfecto, abierto y entregado. Mercedes Roffé, Las linternas flotantes (fragmento), Buenos Aires, ediciones Bajo la luna, 2009. Ph., G.AdC LES LANTERNES FLOTTANTES VII. On est arrivé jusqu'ici. À la blessure de l'aile. Contradiction parfaite où tout est possible où tout danse sa danse-tourbillon de silence et de vide. La lumière joue presque à nous aveugler. À figurer les formes qui nous guident rotondes et illusoires – table, chaise, miroir... : branche du paradis branche du rêve dans la vigile – épanoui et offert. N'entre pas par là. N'approche pas ta main tiède et tremblante du loquet doré. Tu verras la scène qui te fut destinée – justement celle que tu devais voir et ne pas voir. Ton Alexandrie funeste et familière, Rome bombardant la maison de ton enfance. Une Babel de mutismes. N'entre pas. N'ouvre pas les yeux. Nudités. Qui dit corps ? Qui dit éros ou amour ? Agape interrompu dans sa descente. Tout revient. Comme ici, tout revient. Mais à quoi ? Ô lotus odorant éclaboussé de sang et de boue. Décombres, membres, esquilles, yeux infectant l'étang sacré de la vie son courant sacré et stagnant dans une fosse commune. Dans les murs de la caverne, entre stalactites de sang et de boue, esquilles et membres rognés, un jasmin projette son ombre blanche tremblante. Ô jasmin odorant et parfait, épanoui et ouvert. D.R. Traduction inédite de l’espagnol (Argentine) de Nelly Roffé pour Terres de femmes |
MERCEDES ROFFÉ Source ■ Mercedes Roffé sur Terres de femmes ▼ → Naître à nouveau (+ bio-bibliographie établie par Cécile Oumhani) → Paysage → (dans la galerie Visages de femmes) le Portrait de Mercedes Roffé ■ Voir aussi ▼ → (sur Recours au poème) Mercedes Roffé par Nelly Roffé Guanich → (sur Terres de femmes) Nelly Roffé | Argia |
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