Aux ombres de Luchino Visconti
Ne rien quérir, ni la visée, ni l'épreuve, ni la séparation qui en viendra à saper leur prolifération, leur écartèlement... Rien racheté, pourtant, rien effacé de cette libre durée où à votre insu nous glissions de sommeil incurvé en cascade, humions les lames de demain, et les trêves dans la grêle, sur les nuques et les cruches assouvies, simplement, pour l'anéantie à venir... Fuite qui n'entame ni sépare cette lumière délinquante, de quel côté qu'on la brise, aux retours. Nous ne savons que ce dont nous nous souvenons, l'acquiescement qui va du nombre au chant... Lune paludiquement dépliée, halètement, souffles usés, l'ombre si peu foulée qui fit trembler herbes et feuilles, ce fleuve qui ne croit désormais qu'en ce qu'il croise... Incurables automnes ne valant que par l'ombre panique de l'entre-deux, de nos marges, des doubles de soi que sont ces dieux qui ne nous ont jamais rien promis, ni le meilleur, ni le pire... Tranchant arrachant les bourreaux à leur hébétude, clairière du noyé fouillant le reflet dans l'onde qui juge, pénétrant ce qu'elle a elle-même engendré, renvoyant à l'ébauche de son absolution... Ô feux qui font mûrir en jouant, qui cernent le lieu, aplatissent la durée, qui voient, mais ne se laissent pas voir... Peur des rives et des failles, du oui comme du non, de rester, de détacher, peur de faiblir ou de recueillir, de ce qui entoure, de ce qui rompt, des présences et des recels, de vider et de dire... Ô miel des fins, des impasses, déchirant l'édit de la foi en l'Autre comme au Même, ces chimères... Miroir taillé par les jeunes mains, jadis, heurts, legs, sortilèges, aplomb de ce que jour offre et nuit reprend, le bond lézardé, le feu irréfléchi... Le long des routes désertes que le vent dissèque, tisonne et momifie, seules tournent nos lanternes magiques, fuite des reîtres, arbres de blasphème, fracas, replis gorgés d'ombre... Mûre blondeur d'avoine, rousseur de pain, houle blanc et or en ces futaies que l'image se garde de troubler, semis, terres tassées, cadrans aux heures mortes, verdure ourlée de roux, prophètes roublards, sentiers aux aisselles pâles... Tenez-vous prêts aux jours raturés, aux fêtes de l'aveugle enceinte, aux heures crépitant de fables, de faucilles domptées, de ces chants que tisse l'aiguille que ni l'exil des feux, ni le cliquetis des brindilles, ni l'approche du lieu cousu de malignes charrues et des promesses de la chiourme jamais ne firent presser le pas... Guérison dévoyée à moins tard, mordillant la claire douceur qui jamais ne se remit à un futur du temps...
Secret du passage, dépossédant sans rien cacher...
Singulière pudeur que de se refuser de partager avec d'autres les mystères qui les ordonnent...
Réalité rendue et subvertie, s'en allant avec chaque mort...
Tout revient, tout reviendra, tout déjà et de toujours revenu pour peu que ça ne soit, n'ait jamais été le présent, cette imposture, l'issue sournoisement dérobée que tous, pourtant, peuvent rejoindre pour frôler le lieu sans confins dont elle dénoue l'approche en en mimant l'interdit...
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IL GATTOPARDO Site Visconti Voir/écouter aussi : - (sur Terres de femmes) 23 mai 1963/Palme d’or pour Le Guépard de Luchino Visconti ; - (dans les archives de Rai.it) une interview radiophonique (en italien) de Luchino Visconti à propos du Gattopardo ; - (sur le site de la Cinémathèque française) fiche bio-filmographique sur Luchino Visconti, dont une fiche sur Le Guépard ; - (sur le site Visconti) la fiche du film Il Gattopardo. |
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