Ph., G.AdC
DÉJANIRE
déjà des mains maladroites ou au contraire très habiles ont
attrapé la tunique
l'ont plongée dans une décoction d'amère solitude
et l'ont mise à sécher sur les oliviers
plus tard une jeune fille au regard comme la colère est
venue la chercher
sa plainte a grandi sous ses doigts noircis de haine et de
jalousie bleutée
ses mains ont glissé sur le tissu si doux des regards de
laine et de soie
quand l'homme-héros reviendra
la tunique l'embrasera ce sera sa fin
et mon commencement
que deviendrai-je ensuite vent ? nuage ? ou encore océan
d'ires et de larmes ?
poignées d'olives mises à sécher au soleil ?
Sylvie Durbec, 3, édition bilingue, éditions Cousu Main, 84200 Carpentras, 2006.
Ph., G.AdC
DEIANIRA
Minima fiamma
crepita nascosta agli angoli
ancora domabile
si allarga si gonfia serpeggia
sulle pareti incupiti gli inermi tendaggi
si schianta
tra scale frenetiche
sotto il silenzio feroce dei soffiti.
Io che non so le quiete ragioni
dell'acqua, le miti attese e il sonno,
con mani arroventate preparo
la veste del tuo ritorno ― chiara e casta.
Dentro già sento il tuo corpo
agitarsi.
Le mie carezze
infuriano sulla tua carne.
Lucetta Frisa, 3, édition bilingue, éditions Cousu Main, 84200 Carpentras, 2006.
NOTE D’AP :
Née à Gênes (où elle réside), traductrice et poète, lauréate du Prix Lerici 2005, Lucetta Frisa est l'auteur d'une œuvre poétique importante. Elle a notamment publié La follia dei morti (Campanotto, 1993), Notte Alta (Book, 1997), L'altra (Manni, 2001), Siamo appena figure (GED, 2003) et Se fossimo immortali (Joker, 2006).
Dans le recueil poétique réalisé par Caroline Leboucq pour les éditions Cousu Main, Lucetta Frisa se livre à une interprétation personnelle des poèmes de Sylvie Durbec. Tandis que Susanna Lehtinen, plasticienne et illustratrice finlandaise, ponctue les évocations des trois héroïnes antiques de ses propres incantations. Trait et couleur. Quatre femmes, quatre passions pour rendre à Alceste, Cassandre et Déjanire une part de leur visage. |
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Bonjour,
Le magnifique premier texte m'a fait furieusement penser, dans sa musicalité, dans un je ne sais quoi, à ce texte de Mimy Kinet, poétesse belge regrettée :
"Epilogue
Fin d'un printemps.
Il lui fallait, avant de partir, brûler les cierges qu'elle n'avait pas allumés dans sa vie.
Elle se mit à la tâche, en plein midi, un jour de grand soleil.
Nul ne la vit disparaître dans l'incendie muet.
La lumière continua de s'égoutter parmi les rameaux en fleurs.
Cet été-là les femmes cueillirent des cerises étrangement rouges.
Quand vint l'automne, on vendangea des regards.
Décembre : un âne brouta distraitement un rêve égaré dans une touffe de chardons puis s'éloigna, serein, sur le chemin des hommes...
Ainsi tout rentra dans l'ordre."
http://users.skynet.be/amedefond/kinet.htm
Rédigé par : florence Noël | 08 octobre 2009 à 19:33
Merci, Angèle... de nous réunir ainsi, Lucetta, toi et moi.
Femmes de la Méditerranée.
Ce qui est amusant, c'est que je dois écrire un livre sur les olives (zitoun en arabe) et la Tunisie.
Le monde pour moi est bleu comme une olive !
Rédigé par : sylvie durbec | 09 octobre 2009 à 08:29
Merci, Angèle.
Au plaisir de te connaître personnellement.
amicalement
lucetta frisa
Rédigé par : lucetta frisa | 09 octobre 2009 à 11:58
Très beau texte. Je ne connaissais pas Mimy Kinet et veux mieux la connaître ! Merci Florence !
Rédigé par : sylvie durbec | 09 octobre 2009 à 12:10
Lucetta mi aveva parlato di una traduzione in corso, non so se sia questa. Sono felice di ritrovarla anche qui perchè è davvero una poetessa, scrittrice, traduttrice e DONNA impagabile.
un abbraccio, Anghjula !
Blumy
Rédigé par : Blumy | 09 octobre 2009 à 12:16
Poème-épine qui égratigne le coeur juste là où nide l'absente...
Rédigé par : Christiane | 10 octobre 2009 à 11:11