Ph., G.AdC VOICI DES MAINS Voici des mains Pose-les dans une brève secousse de ton corps avec un pot de basilic et l’espace fouillé des oiseaux, quand l’aube sur nos corps mouillés les doigts sentent encore l’origan. Dans ma bouche les mots crèvent de froid Dans les grandes chambres inhabitées de ma voix Le blond friable des collines Personne ne sait Le destin des couleurs en l’absence des yeux. Tout s’arrête décembre désert les bras lourds. La lumière se cherche sur nos mains Et soudain tout est plume On s’envole comme une neige à l’envers. Je tiens ma vie comme Un morceau de pain Très fort Les cent grammes du prisonnier de guerre Et souvent j’ai si faim Qu’à peine il en reste Et les choses se colorent De peurs merveilleuses. Ἰδoύ τά χέρια Ἰδoύ τά χέρια Βάλε τα σ'ἓνα σύντομο τράνταγμα τοῦ κορμιοῦ σου μέ μιά γλάστρα βασιλικό καί τό διάστημα πού σκάβουν τά πουλιά, ὅταν αὐγή στά νοτισμένα σώματα μας τά δάχτυλα κρατοῦν άκόμη μυρωδιά ρίγανης. Στό στόμα μου τά λόγια πεθαίνουν ἀπ'τό κρύο Στίς μεγάλες κάμαρες τῆς φωνῆς μου τίς ἀκατοίκητες Тό ψαφαρό ξανθό τῶν λόφων Κανείς δέν ξέρει Τή μοίρα τῶν χρωμάτων ὃταν λείπουν τά μάτια. Ὃλα σταματοῦν ἔρημος Δεκέμβρης βαριά τά μπράτσα. Τό φῶς πάνω στά χερια μας ἀπόζητά τόν έαμυτό του Καί ξαφνιχά τά πάντα εῖναι φτερό Пετάει χανείς άνάστροφα σάν τό χιόνι. Κρατῶ τή ζωή μου ὠσαν ἓνα χομμάτι ψωμί Πολύ δυνατά Τά ἑκατό γραμμαρια τοῦ αἰχμαλωτου Συγνά τόσο πεινῶ Пού μόλις ἓνα ψύχουλο ἀπομένει Кαί τά πράγματα χρωματίζουναι Ἀπό φόβους ἐξαίσιους. Traduit en grec par Georges Séféris Lorand Gaspar, Le Quatrième État de la matière (extraits), in Lorand Gaspar, éditions Le Temps qu’il fait, Cahier seize, sous la direction de Daniel Lançon, avril 2004, pp. 72-73. |
LORAND GASPAR Ph. Lorand Gaspar. Editions Jean-Michel Place Source ■ Lorand Gaspar sur Terres de femmes ▼ → [Le jour enflé de fatigue cherche nos failles] (extrait de Sol absolu) → Linaria → Lorand Gaspar| Depuis tant d’années… → James Sacré, Lorand Gaspar | Dans les yeux d’une femme bédouine qui regarde ■ Voir aussi ▼ → (sur le site de l’IMEC) une notice bio-bibliographique sur Lorand Gaspar |
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De chaque côté du miroir, la source profonde de la langue poétique.
Georges Seféris traduit du grec par... Lorand Gaspar - extrait de Piimata.
"Sur un rayon d'hiver
[...] Il y a des années, tu avais dit :
"Au fond je suis une question de lumière."
Et maintenant encore lorsque tu t'appuies
aux larges épaules du sommeil
ou lorsqu'on te plonge
dans le sein engourdi de la mer
tu fouilles les coins où le noir
est usé et ne résiste pas.
Tu cherches à tâtons la lance
destinée à percer ton coeur
pour l'ouvrir à la lumière. [...]"
Qu'eut répondu Lorand Gaspar ? Peut-être ces mots cueillis dans Monastère, écrit à Amorgos, dans les ténèbres de l'été :
"Nous sommes les eaux de l'immobile voyage
les faîtes et les creux du temps
serrant la barre du cri sur le ventre - [...]
Et nos mots sont pareils à un bateau
dans les glauques profondeurs de la mer
Sur les algues emmêlées de nos voix
glisse la paume paisible des eaux -
L'écume avançait au faîte des visages,
sur des grèves avivées de bonds de lumière
et ta main chantante d'étés de semences,
s'usa à force de creuser...."
Rédigé par : Christiane | 22 septembre 2009 à 10:32
...les algues emmêlées de nos voix... les chambres inhabitées que la voix réinvente dans le silence de la poésie.
Lire Lorand Gaspar, c'est revivre encore et encore l'expérience poétique du sens.
Et ce silence que le poète évoque souvent rejoint pour moi le silence de l'eau et du ciel.
SD
Rédigé par : sylvie durbec | 22 septembre 2009 à 11:25