Ph., G.AdC
AINSI NOS PAS
Ainsi nos pas se sont portés longtemps à l'avant des navires
plus pour le combat des vagues la déchirure des eaux
que pour l'aventureuse saison des îles
― nos pas imaginaires
mais toujours le poids de la terre nous ramenait
dans l'île intérieure où piétinent les chevaux du sang
et la tartine prise à la sauvette
et la bise au front du paternel bleui, adieu
adieu père mère famille encalminée, la voile est tendue
et la mer au fond du potager va larguer nos amarres.
Les toits déjà les toits encore tournent leur échine
pour nous barrer la route
comme ces pauvres requins
qu'un rien jette au tourment de la chair
et les vieilles pareillement qui brûlent sous ces toits
de ne plus brûler
tandis que nous, amiraux sans terre ni bateaux
nous coupions tous les ponts
avec ce monde utile et méprisable
sûrs comme les grues à la ruée d'automne
de trouver l'or vif sous les paupières basses de l'horizon.
Guy Goffette, « Des fenêtres d’abois, 2. Enfances », Éloge pour une cuisine de province, Gallimard, Collection Poésie, 2000, page 65 ; in revue Décharge n° 143, « Dossier Guy Goffette », septembre 2009, page 13.
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Voilà un poète qui a un chant, un chant interne qui lui fait parler de tout, du plus intime, du plus externe, avec cet œil juste et cette coulée de mots toujours précise sur la plaie qui sourit, au travers de la chair.
Rédigé par : florence | 18 septembre 2009 à 16:42
C'est magnifique Angèle.
Merci de me faire découvrir Guy Goffette.
J'envoie le lien sur Twitter.
Sabine http:twitter.com/SabineWe
Rédigé par : Sabine | 18 septembre 2009 à 21:07