Tom Wesselman [ou Wesselmann] (1931-2004) Still Life 56, 1967-1969 (installation en trois éléments) Cendrier et cigarette, 240 x 160 x 45 cm Collection Mamac, Nice Ph., G.AdC
30 juillet Hier soir, Conrad me téléphone. Il a lu le manuscrit précédent de mon livre et me dit : « Il faut couper résolument tout ce qui est commentaire. Ton livre est un grand poème, qui n'a pas besoin d'explications. Il faut aller directement au but. » Cette conversation très amicale a été aussi très éclairante et m'a fait réfléchir. Je ressens cet entretien comme une poursuite, vingt ans après, de mon analyse avec Conrad. En me disant « Il faut privilégier le poème », il a fait une interprétation qui m'a permis d'entendre ce que je savais déjà sans parvenir à me le formuler. Il m'a montré que le conscient a voulu faire un autre livre que l'inconscient. Il faut revenir à l'initial. Henry Bauchau, Jour après jour, Journal d'Œdipe sur la route (1983-1989), Actes Sud, Collection Babel, 2003, page 412. |
HENRY BAUCHAU Source ■ Henry Bauchau ▼ sur Terres de femmes → Diotime → Passage d’Antigone → Le sel (poème extrait de Blason de décembre) → 22 janvier 1913 | Naissance de Henry Bauchau ■ Voir aussi ▼ → le site du Fonds Henry Bauchau Pour entendre la voix de Henry Bauchau, se rendre sur le site Voix d'auteurs |
Retour au répertoire du numéro de juillet 2009
Retour à l' index de l'éphéméride culturelle
Retour à l' index des auteurs
Magnifique réaction d'Henri Bauchau ! Comme il est difficile de faire lire un manuscrit et de recevoir le regard de l'autre. Il y a ce que l'écrivain pense y avoir mis, ce que ce lecteur y trouve et ce qui est de cet écrit au-delà de ces deux regards.
Il y a aussi ce qui est changeant pour un lecteur. Il aime, critique, fait des choix, suggère des transformations (surtout s'il est éditeur...) puis, plus tard, reprenant ce livre il va aimer ce qu'il n'avait pas aimé ou ne pas retrouver ce qui l'avait choqué ou enthousiasmé... Quel monde d'impressions mouvantes...
Un conseil à celui qui écrit ? Ne montrez votre manuscrit à personne avant qu'il ne soit achevé (pour vous) même à votre meilleur ami (Duras a très bien dit cela dans : Ecrire). Ecrivez avec authenticité pour un lecteur idéal qui coïnciderait avec votre désir d'écriture ou parce que vous ne pouvez pas ne pas écrire... mais surtout, écrivez.
Quant aux rapports de la psychanalyse et de la création, c'est une rencontre insolite et peut-être difficile à vivre... l'une risquant d'éteindre l'autre. Bauchau est un cas d'exception.
Rédigé par : Christiane | 30 juillet 2009 à 16:43
bonjour,je vous remercie de votre message je suis la personne qui vous a écrit pour savoir si je pouvais parler de vous sur mon blog gourmandises
je vais ajouter votre lien sur mon blog, il sera dans gourmands gourmandes,j'aime beaucoup vos photos dont celle-ci que je trouve très originale,et n'hésitez pas à venir écrire un commentaire,mon blog est ouvert à tout le monde
Rédigé par : gourmandises | 01 août 2009 à 14:27
Il peut sembler audacieux et même périlleux de rapprocher deux écrivains aussi éloignés l'un de l'autre que Marguerite Duras et Henry Bauchau. Pourtant, chacun à sa manière privilégie le premier mouvement, l'origine. Duras dit clairement dans Ecrire que la première mouture est souvent la meilleure. Repasser sans cesse pour refaire, corriger, biffer nuit à la spontanéité de l'écriture, à sa saveur, à son rythme intérieur. Selon Duras, il faut donc faire confiance au premier jet. Et ne s'en remettre à personne d'autre qu'à soi-même!
Bauchau fait remonter plus loin les racines du commencement. Sa conception du monde,le rapport que l'écrivain entretient avec les grands mythes le conduisent à renouer avec un inconscient collectif qui préside à l'écriture. C'est là qu'il faut puiser. Dans les mythes fondateurs qui ont structuré le psychisme des occidentaux que nous sommes. A travers ses récits inspirés de l'Antiquité, Bauchau nous donne à lire et à interpréter le monde des origines. En cela il est un grand maître !
Rédigé par : Angèle Paoli | 03 août 2009 à 01:13
Vous avez écrit un poème que j'aime tout particulièrement : "http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2007/02/je_ne_monterai_.html>Je ne monterai pas à Golpani" [<=pour lire le poème mis en page, cliquer ici].
Ces quelques vers vous relient à l'Antigone de Bauchau.
"la porte étroite là-haut traversée de nuages
là-haut c'est Giunchelli vaste comme l'espace
mélange brutal de maquis et de pierre chaos des origines
là-haut tu es au bord le monde antique s'ouvre là
dans le silence du temps balayé de bourrasques
rien d'autre ne te tient que cette emprise ancestrale
le monde hellène n'est pas loin qui fait vibrer en toi
sa force souterraine et solaire seule la cruauté divine t'habite et t'importe
la vraie vie est ailleurs dans l'indicible de ce temps
figé un jour lointain sur les terres d'ici
toi minuscule éphémère
tu es là dans cette grandeur qui te cloue au rivage et au temps"
Rédigé par : Christiane | 03 août 2009 à 09:02