Ph., G.AdC
AUTOBIOENERGIA I
IL MAGLIONE ROSSO
1
« Come fu la tua infanzia ? »
« Fu che nacqui. Poi c’è il mare.
C’è l’odore dei tigli. Ci sono i fiori.
Lo zucchero bianco piove in pineta. »
« Il cavallino rosso c’è. Svetta
sul tetto di un bagno al mare. Gela.
Proietta sagome lunghe fra le sdraio
e gli ombrelloni. Un brandy per te
è veleno. Un succo di frutta alla pesca.
Yoga la disciplina del tuo bere. »
« La mia infanzia fu il mare dei miei. »
2
« Come fu la tua infanzia ? »
« Fu che vissi nella pineta di ponente.
Le ciambelle col buco. L’aereo comandato.
Piovono le ciambelle nello zucchero. »
« Il dirigibile in moto col tetto rosso.
Avanti e indietro. Cigola in attesa. Mentre
perde olio della frittura. Motore in folle.
Arrivi ansando sul grillo rosso a pedali.
A pedali spingi a fatica. Una zanzara
planando. Il grillo è la prima bici. E sia. »
« La mia infanzia fu il mare dei miei. »
3
« Come fu la tua infanzia ? »
Fu al mare da piccolo che scoprii il bosco.
Le querce i sentieri le acque i ponticelli.
C’è la mamma che lavora a maglia. »
« Il maglione rosso a trecce ritorte. Di rame.
In armadio conserva tutti i punti. Chiuso
nel cellophane verde. Non abbia a essere
rotto di moda. Il rosso prenda la luce
sbiadisca la rosa di pentecoste. Peonia.
Lava e stira il maglione. Il solo tuo bene. »
« La mia infanzia fu il mare dei miei. »
4
« Come fu la tua infanzia ? »
« Fu fatta di niente. I nonni vengono tardi
la domenica mattina in autostrada. Così
la pensione Quattro Assi è al completo. »
« La milleccento nera discende sicura
da un nero cab inglese. Scende bianca
la nonna in pensione. C’è sempre per lei
un’aragosta fiammante. Tramortita ma viva
prima del bollore. Dicono che piangi.
Appena ti sei scottato. Da un eritema. »
« La mia infanzia fu il mare dei miei. »
5
« Come fu la tua infanzia ? »
« Fu che fu sola. La pioggia cade di giugno.
Mescola insieme zucchero tigli e gelsomini.
I morti vengono su la domenica mattina. »
« L’uovo fritto di marzapane al bar
in passeggiata. Una merenda strana. Si gela
il rosso su quel bianco. La tua bandiera.
Made in Japan. Durasse. Ancora piangi
ma ti dicono è il salvagente della vita.
Ben che ti salvi ancora la vita. Duran. »
« La mia infanzia fu il mare dei miei. »
Paolo Fabrizio Iacuzzi, Rosso degli affetti, Nino Aragno editore, 2008, pp. 17-21.
AUTOBIOÉNERGIE I
LE CHANDAIL ROUGE
1.
« Comment fut-elle ton enfance ? »
« Elle fut que je naquis. Ensuite il y a la mer.
Il y a l’odeur des tilleuls. Il y a les fleurs.
Le sucre blanc pleut dans la pinède. »
« Il y a le poulain rouge. Il se détache
sur le toit des cabines de bain au bord de la mer. Il gèle.
Il projette de longues silhouettes parmi les transats
et les parasols. Le brandy pour toi
c'est du poison. Un jus de fruits à la pêche.
Le yoga est la discipline de ta boisson. »
« Mon enfance fut la mer de tous les miens. »
2
« Comment fut-elle ton enfance ? »
« Elle fut que j'ai vécu dans la pinède du ponant.
La gimblette avec son trou. L'avion téléguidé.
Il pleut des gimblettes dans le sucre. »
« Le dirigeable en marche avec son toit rouge.
Marche avant-arrière. Il grince en attente. Tandis
qu'il perd de l'huile de friture. Moteur qui tourne à vide.
Tu arrives essoufflé sur ton grillon rouge à pédales.
Les pédales, tu pousses de toutes tes forces. Un moustique
plane. Le grillon est ta première bicyclette. Soit.
« Mon enfance fut la mer de tous les miens. »
3
« Comment fut-elle ton enfance ? »
« Ce fut à la mer que tout petit je découvris le bois.
Les chênes les sentiers les eaux les petits ponts.
Il y a ma mère qui travaille à son tricot. »
« Le chandail rouge à tresses torsadées. Parfait.
Dans l'armoire il conserve tous les points. Enveloppé
dans le cellophane vert. Rien à voir
avec la mode du déchiré. Que le rouge prenne la lumière
se décolore la rose de pentecôte. Pivoine.
Elle lave et repasse le chandail. Ton seul bien. »
« Mon enfance fut la mer de tous les miens. »
4
« Comment fut-elle ton enfance ? »
« Elle fut faite de rien. Les grands-parents viennent tard
le dimanche matin par autoroute. Comme ça
la Pension Quattro Assi affiche complet. »
« La Onze-cent noire descend sûrement
d'un cab anglais noir. Elle descend blanche
la grand-mère à la pension. Il y a toujours pour elle
une langouste flambée. Évanouie mais vivante
avant l’ébullition. Ils disent que tu pleures.
À peine échaudé. Par un coup de soleil. »
« Mon enfance fut la mer de tous les miens. »
5
« Comment fut-elle ton enfance ? »
« Elle fut qu’elle fut solitaire. La pluie de juin tombe.
Elle mêle ensemble le sucre les tilleuls et les jasmins.
Les morts refont surface le dimanche matin. »
« L'œuf frit du massepain au bar
au cours de la promenade. Un goûter étrange. Le rouge
se gèle sur ce blanc. Ton drapeau.
Made in Japan. Endurance. Tu pleures encore
mais on te dit que c'est la bouée de la vie.
C'est bien qu'elle te sauve encore la vie. Duran. »
« Mon enfance fut la mer de tous les miens. »
Traduction inédite d’Angèle Paoli
D.R. Ph. Elena Berti
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Dans l'œil, tous ces souvenirs inconnus qui frappent comme gamins des rues à ta porte. Effrangés et si proches. Troublant, dans le plaisir.
Rédigé par : johal | 23 mai 2009 à 11:38
molto belle, e bella la tua traduzione, Angèle...quelle mélancolie, j'ai connu ces jours, à Viareggio, je crois...
Rédigé par : Giacomo Cerrai | 23 mai 2009 à 11:52
Oui, Johal, c'est bien cela, ces "souvenirs inconnus" qui appartiennent à l'autre, surgissent à chaque vers, viennent à notre rencontre, inattendus. Comment se fondre dans l'univers qui n'est pas le nôtre et qui pourtant sollicite notre mémoire? Comment ne pas le trahir ? C'est très troublant en effet, et émouvant aussi.
Merci, Giacomo, je ne sais pas Viareggio, mais je comprends que l'univers de Paolo Fabrizio et le tien se rejoignent dans la même mélancolie de ce qui fut.
Rédigé par : Angèle Paoli | 24 mai 2009 à 12:32
Je vous rejoins depuis l'île de Thassos où je pianote sur un clavier cyrillique sans accents. Retour en Bulgarie, un peu plus au nord... demain soir... Juste venue pour dire : j'aurais voulu être une enfant insulaire habillée de rouge devant une mer multilingue... L'enfant multiple d'Andrée Chedid ? Tanti Baci ...
PS du webmestre : accents rétablis...
Rédigé par : Mth P | 25 mai 2009 à 20:25
Sublime Marie-Thé en petite fille robe rouge à croquer déclamant du Chedid!
Merci à toi de passer par mes terres insulaires. Merci de penser à nous. Ta carte nous est arrivée ce matin.
Bizzz bizzz dorées à toi et à Renato.
@ prestu, amica, que les bons vents de la mer te protègent.
Rédigé par : Angèle Paoli | 29 mai 2009 à 01:05
J'aime beaucoup ta traduction, Angèle. Elle sait se couler avec une gracieuse simplicité dans l'évocation chantante des souvenirs d'enfance de Paolo F. Iacuzzi.
J'apprécie ta traduction à l'aune de mon admiration pour le poème original.
A.U.
Rédigé par : André Ughetto | 23 juin 2009 à 09:49
Merci, André. Je suis vraiment touchée de ce que tu me dis. J'ai longuement échangé avec Paolo Fabrizio et avec l'un de ses amis pour tenter de clarifier certaines images dont le sens m'échappait. Autant dire, un travail passionnant, mais aussi délicat : sur certains aspects du poème, il m'a fallu trancher et décider par moi-même.
Rédigé par : Angèle Paoli | 23 juin 2009 à 22:28