Ph., G.AdC
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■ Martine Broda sur Terres de femmes ▼ → [j’ai mal aux mots] (autre poème extrait de Grand Jour) → L’aura (extrait de L’Amour du nom) → 23 avril 2009 | Mort de Martine Broda (+ extrait de Lettre d’amour) ■ Voir aussi ▼ → Un anniversaire en tête, Martine Broda, par Anne Guérin-Castell (20 mai 2011) → (sur Le Nouveau Recueil) un dossier Martine Broda mis en ligne en avril-mai 2013 → (sur le site du Printemps des poètes) une fiche consacrée à Martine Broda (+ extrait de Lettre d’amour) |
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Il y a son pas, derrière ce pas. Son pas de cendres...
Rédigé par : johal | 06 mai 2009 à 12:34
de soleil en soleil. Elle a changé d'île pas de lumière.
Une femme allait chaque jour dans la forêt et, au soir, racontait : j'ai vu, à la source, une ondine aux yeux verts et à la chevelure d'or. Tous rêvaient par elle, heureux de l'entendre. Un jour, elle revint et dit : je n'ai rien vu. Elle avait vu l'indicible...
Rédigé par : cp | 06 mai 2009 à 18:12
Une respiration du destin, un accomplissement de la main au-delà du pont jeté, l'absence, de nuit palpite, et "l'Histoire est-elle une page blanche ?"..
Amitiés.
E.S.
Rédigé par : Ecorce | 07 mai 2009 à 10:26
Puisque la fin et le commencement sont de même texture, nous laissant l'espace à vivre et à traverser en équilibre au fond d'une minuscule lanterne chancelante, ici portée à bout de poème. Image d'un BECKETT sur une jetée venteuse, image d'un LE CLEZIO inondé de lointains ensoleillés, image d'une toute petite femme en noir qui sourit dans une rue pentue d'arrière-pays corse ... Images, images... incessantes et providentielles... La lumière est ce qui est donné et retiré à tous et à toutes, à tout instant, partout... On le sait. On l'écrit pour mieux voir sans risquer l'aveuglement de l'éblouissement ou l'angoisse des ténèbres. Lumière convoitée et redoutée, or des yeux. Puisqu'on apprend à sortir brusquement d'une pièce obscure pour affronter le dehors, en plissant ou voilant le regard, sans pouvoir revenir en arrière, sans imaginer encore l'autre bord, où revient toujours fidèle, le tout aussi obscur, l'absorption suprême. Se contenter de décrire, comme Lorand GASPAR ci-dessous ?
... dans ce premier jardin
des protozoaires sortent de leurs coques
les insectes de leur cocon et chrysalides
les graines se gonflent jusqu'à ce
que se brise le sommeil
dans une craquelure d'argile
l'âme timide d'une pousse verte
salue la lumière
que les collines se ceignent d'allégresse
et les fleurs
quelle témérité
quelle confiance en soi de la vie
quel mépris de ce qui n'est
pas la chair intime du mouvement
tendre écaille de lumière finie
baisant la rigueur du sol
qui ne t'a pas rencontré
saura-t-il jamais entendre
la clarté qui vibre parfois
entre les mots -
LORAND GASPAR, Terres stériles, Sol absolu,
[extrait], nrf Gallimard, 2001, p. 117.
Rédigé par : Mth P | 08 mai 2009 à 08:37
pour Mth P
de Lorand Gaspar, aussi - Patmos
"des vents se lèvent -
cet angle droit de nos murs
divise nos yeux en clair et ombre
où glisse sans heurt le blanc immaculé
de l'ange sans honte de nos peurs
et comme la clarté fouille dans les plis !
comme elle bondit dans l'obscure mêlée
de corps de mots de couleurs
où ces labours ces membres brisés
trouveront-ils leur visage ?
des forces inconnues de nos mains
jouent avec l'encre de la nuit
encre fendue, encre éclaboussée
le blanc qui vole dans la soie des murs
et Wang l'Encre aimait le vin
ne s'arrêtait de peindre jamais
les pins et les pierres
et personne jamais ne sut son nom
ni d'où il venait-"
Oui, Martine Broda et Lorand Gaspar ont marché sur cette ligne d'encre qui sépare l'ombre de la lumière. Pour un temps, l'une connaît ce que l'autre ne connaît pas encore...
Rédigé par : Christiane | 08 mai 2009 à 09:22
"Pour jouer [encore] avec l'encre de la nuit "... Imaginer une réponse pour Christiane et un bel encouragement pour le vieux peintre libre . Toujours dans la langue de Roland GASPAR , même ouvrage que précédemment, page 175 :
Au bout de tant d'années vécues dans la nudité de la terre,
tu regardais ce lieu étrange d'un arbre.
Tu avais vu le monde fait de grandes pages claires et inexorables
ouvertes à la foulée d'un souffle sans attaches.
En ce jardin d'oliviers tout se nouait.
Que voulaient dire ces méandres, ces divisions, ces rivets,
ces ombres dans l'ombre sous des paupières brillantes ?
Tu leur montras la nudité de tes nerfs, cette faible lame de ta douleur.
Au plus bruyant de la gloire et du désastre, peux-tu entendre encore
le chant des hanches douces de Gribine, le bruissement poreux de ta provenance ?
Rédigé par : Mth P | 09 mai 2009 à 00:45
Réponse à Mth P (lu en cette nuit d'insomnie), toujours dans la langue de Lorand Gaspar, toujours le même livre...
"sifflement d'aile dans un mur de nuit -
un son qui t'accompagne, une lame d'éclair
deux heures du matin quelque part dans l'espace
syllabes de lueurs, bougies qui dérivent
le chant est un tortueux labyrinthe
creusé dans les corps solitaires -
nous conduire-t-il jusqu'à l'aube ?
va et vient d'icônes, d'encens, de voix
le pouls furtif des flammes minuscules
clignotements dans le gouffre immuable
et nos mots sont pareils à un plongeur
dans les glauques profondeurs de l'oubli
algues et sables mêlés à nos voix
Cris tout au fond des chambres sans mémoire
où des corps cherchent l'unique fenêtre
fleuve dans le fleuve, chant dans le chant
nage secrète dans le corps du nageur -
Nous sommes les eaux de l'immobile voyage
les faîtes et les creux du temps
serrant la barre du cri sur le ventre -
dans les labours de mer des ombres blanches
fous, pétrels, frégates, fulmars
fouillent l'écume des eaux déchirées -"
Amitiés dérivant sur le blanc de la page...
Rédigé par : Christiane | 09 mai 2009 à 07:06