Tu rassembles les mots qui tournent dans le ciel de ta mort et, tels oiseaux, ils dessinent le visage perdu.
Le poème, son exigence le garde dans l’écart : ce qui tient au cœur de la langue est corps subtil. Tu entrevois la farouche merveille, écrire, comme aimer, est sans rémission. Il n’y a ni trop tôt ni trop tard, laisse aller, voue-toi au muet des mots et de la chair, à l’exil de l’émotion, ce dont tu ne peux pas parler enlace parole et silence.
Ta vertu est de rester ignorante. L’inconnu des mots se danse dans les mots. Ainsi du visage.
Sylvie Fabre G., Corps subtil, L’Escampette Éditions, Collection Poèmes, 2009, page 38. Préface de Claude Louis-Combet.
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Dans http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2006/03/sylvie_fabre_gq.html>Bruissements vous l'appellez "sourcier" et je découvre qu'elle est apparue dans Sorcières.
Imaginez l'historique de celles-ci qui remonte en ma mémoire.
Exprimer son corps c'est un peu comme réapprendre l'alphabet.
Encore une "auteuresse" que je ne connaissais pas. Merci.
Rédigé par : Sylvaine | 19 février 2009 à 19:21
Voici donc le retour sur Terres de Femmes de Sylvie Fabre G. Je m'en réjouis et reconnais dans ce poème l'âme fortifiée par les grands pans de silence que versent les lieux du haut où l'on médite dans les neiges et le silence. J'aime ce pays des sources et des grands arbres sombres, la Belledonne qui mange le soleil et le vole aux Bannettes, les cabanes forestières, les sentiers à flanc de falaise, les pierriers où la roche craque de gel. Dans ces lieux surplombant la vallée de l'Isère, face au Vercors, aimer c'est planer en silence comme le rapace des solitudes autour du corps désiré comme sur l'aile du vent.
Rédigé par : Christiane | 19 février 2009 à 20:40
Ah, c'est fort bien vu! Sorcière, sourcière, oui, elle est tout cela, Sylvie, et qui plus est, un être d'exception.
Auriez-vous fait partie des Sorcières ? Ou bien les avez-vous fréquentées ?
Rédigé par : Angèle | 19 février 2009 à 21:54
"Nous sommes dans la séparation, pays premier.
C’est ainsi que s’expriment les amants, au détour du poème. Peu importe que la voix entendue soit celle de l’homme ou de la femme. L’un et l’autre partagent, dans la douleur de fond, la même certitude, celle qui les a conduits, hors d’eux-mêmes en eux-mêmes, jusqu’au point de rencontre où leurs destins ont fusionné, et celle qui, si essentiellement liés qu’ils soient, par le désir, par l’attente et par la communion, les rappelle à tout moment à cette dure réalité de l’existence qui a valeur d’une loi de nature : Nous sommes dans la séparation, pays premier. Nous y sommes, au terme comme au commencement, et il semble que nous n’en soyons jamais sortis".
(extrait de la préface de Claude-Louis Combet à Corps subtil de Sylvie Fabre G.) .
Amicizia
Guidu____
Rédigé par : Guidu | 21 février 2009 à 12:23
Quelle souplesse cette apologie de l'ignorance !
Je bois dans ce court extrait l'extrême fugacité
de toute vélléité de conscience. Une écriture de la
fragilité qui s'exprime dans les infractuosités des mémoires ressemblant à la mousse des arbres. Supplantant la mort en greffant des touffes de vie. Que d'amour dans un brin de poème!... Il y faut toujours une source, pourquoi pas une sorcière... mais qui n'en serait pas une, juste son contraire en plus détachée, mais qui ne voudrait pas qu'on l'ébruite... ?
Rédigé par : Mth P | 22 février 2009 à 00:50
Apologie de l'ignorance ? Non, je ne crois pas. Juste une vertu nécessaire par moments.
Rédigé par : Angèle | 24 février 2009 à 09:30
Lecture de Sylvie Fabre G. dans le cadre du Salon du livre de Voiron au Polychrome, école de musique de Voiron, avec M. Bordenet, musicien.
« Ce que nous dit le corps, » le samedi 7 novembre à 16h45.
Rédigé par : Agenda culturel de TdF | 05 novembre 2009 à 15:25