
Aquatinte numérique originale, G.AdC
ORÉE OÙ J’ENTENDS BOUCHE
Orée où j’entends bouche ― ta bouche soluble
os de seiche édenté ― du plus loin qu’il me revienne
que dit la bouche d’encre ― creux d’orages
j’interpelle les vents pommadés vert
je tends l’oreille aveugle aux voix contraires
je hèle-hisse tes paroles tirées de l’entre-deux
où tombées sinon dans l’oracle
― âcre l’encens agaçant les seuils ―
labyrinthe d’échos du dehors du dedans
les morts et les vivants
coassent copulant à l’orée du bois or
ogre y es-tu que fais-tu où dors-tu
peut-être assoupi en un répit-refuge
enroulé de feuillages à froisser-fuir
dois-je me garder ― esprit en éveil ―
des rives en tumulte traquées
par flots ouverts.
― Osiris te voilà
D’où viens-tu dispersé à l’orée du bois or
corps et âme errants à l’abandon du jour
de quelle rage ― victime abolie ― vagis-tu
quelle lame fiévreuse a fouaillé tes fibres
dépecé os et peaux tes membres alentour
disloqué épouillé jeté sans sépulture
au cloaque fécal
qui donc sinon ta sœur
infatigable Isis
peut rassembler tes os
délavés par la vague
sans cesse ravagée
de rêves
hivernaux.
Angèle Paoli, in Semicerchio, rivista di poesia comparata, Casa editrice Le Lettere, Firenze, dicembre 2009, p. 31.
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(http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/zibaldonna_zibaldone_et_miscellanes_dangle_index_/>Zibal-donna). Je lis, je les lie. Ce rythme saccadé ou glissant, ces sonorités, ce tempo très jazz.
"Orée où j'entends bouche... Chaillots/Cuticci... Capraia... Cimetière cratère d'or... A flux tendu... Canne-Opéra d'ébène..."
Grouillements de mots et de sons, langage sensoriel, ces mots se touchent et s'entendent. Ils sont très matériels, rejoignent mon vécu corporel et mes sens font sens avant que le poème ait déroulé sa phrase syncopée. Ils sont là où rien n'était inscrit et cela va chercher loin en nous et cela dit de vous et cela dit de nous. Il faut que je les lise à haute-voix pour entendre ce bruit de ressac que fait la langue qui roule ses galets et chuinte ses lascives caresses. Le son de votre langue charme, ensable, emporte, inscrivant une mémoire précédant une signification, se fait passeur...
Rédigé par : Christiane | 31 janvier 2009 à 16:14
Après Dionysiaques, je m'enivre de votre texte où le mélange des genres s'instruit du regard antique.
Rédigé par : Daud | 02 février 2009 à 10:22
Etrange photographie.
Rédigé par : unevilleunpoeme | 02 février 2009 à 11:05