Aquatinte numérique originale, G.AdC
SAUVAGES
Tu demeures sur les ailes blondies
de la mer, ma délicate, dont
l’humble jouissance éparpille
les étoiles
mendiant d’amour posé sur le
cœur gros des tournesols
le visage écarté en cœur de soleil ou de chagrin
tu ouvres la bouche la mer
sur ta secrète jouissance
Tu demeures posée sur les contreforts du rêve
j’ai longtemps attendu ton espace
l’espace de ton corps qui emplit
le silence,
un plein dans un creux
un en-creux
Tu reposes désormais sur les
tombes des contreforts
ma délicate éparpillée secrète dans
l’éclatement bleu foncé d’une jouissance [...]
je n’ai jamais pleuré ta mort
qu’aujourd’hui le temps des larmes,
allongée sur la tombe de ton enfance
tu reposes
à la fenêtre ouvre les bras
ma tendre, ma délicate
ma jouissance éparpillée sur les
tombes de ton silence
Béatrice Bonhomme, I. L'Embellie. Sauvages (1996), éd. Moires, 1997, in Poumon d'oiseau éphémère, Poèmes 1996-2001, Melis Editions, 2004, pp. 14-18. Poème sélectionné par le Calendrier de la poésie francophone 2008 (anthologie. Choix de Shafiq Naz), Alhambra Publishing, 2007, page 254.
Quel mystère, ce poème, si plein d'amour et de mort, un amour qui inaugure le désir au-delà de l'absence, défiant la mort. Une écriture qui dissout l'insupportable, affleure la mémoire pour devenir voix du réel, faisant de la mer une peau et du regard une paume, un lit de tendresse, une présence diffuse devenant le monde et ordonnant le temps.
Rédigé par : Christiane | 15 janvier 2009 à 14:23