Ph., G.AdC
BOZZETTO PER SCAGLIOLA
VI
L’orecchio che ascolta non vede la voce che parla
nella notte, perduta, ma attende il brusìo
dell’aria, attraverso le strade
che forse qualcuno percorre.
La voce che parla non cerca nessun ascolto,
eppure spera che il suo soliloquio non sia vano,
che un uscio l’accolga in silenzio,
offra una luce, un ramo di forsizia.
Fabio Pusterla, Bozzetti per scagliola, VI, in IV, Stella meteora, Pietra sangue, Marcos y Marcos, Gli Alianti 69, Milano, 1999, pagina 79.
ESQUISSE EN POUDRE DE GYPSE
6
L’oreille qui écoute ne voit pas la voix qui parle
dans la nuit, perdue ; elle guette le bruissement
de l’air, par les rues
où quelqu’un marche peut-être.
La voix qui parle n’attend pas qu’on l’écoute,
elle espère pourtant que son soliloque n’est pas vain,
que s’ouvre pour elle une porte en silence,
offrant une lumière, une branche de forsythia.
Fabio Pusterla, Esquisses en poudre de gypse, in Deux rives, édition bilingue, Cheyne éditeur, 2002, pp. 60-61. Traduit de l’italien par Béatrice de Jurquet et Philippe Jaccottet.
BIO-BIBLIOGRAPHIE DE FABIO PUSTERLA
« Né dans un pays d’alpes, de grèves et d’eau, tout près de la frontière suisse », Fabio Pusterla est un poète des liminaires et des confins, des frêles frontières où s’estompent les lignes entre deux « rives imaginaires, hors de vue », des lisérés de lumière en forme de fentes grises échappées dans les brumes de l’aube. Les mots affleurent, comme esquissés, indéfinissables et incertains. Ainsi que le souligne Philippe Jaccottet, tout, à travers la « voix ferme, sobre admirablement maîtrisée » de Fabio Pusterla, est « toujours à la fois quotidien, proche, vrai et vaste, réel et néanmoins mystérieux ».
Né à Mendrisio (Suisse italienne ; canton du Tessin) le 3 mai 1957, Fabio Pusterla a grandi dans la ville-frontière de Chiasso. Il est licencié ès lettres modernes de l'Université de Pavie. Il vit entre Lugano et Albogasio (à la frontière entre la Suisse et l'Italie) et enseigne actuellement la langue et la littérature italiennes au lycée cantonal de Lugano 1. En 1991, il a été membre du comité fondateur de la revue de littérature Idra, publiée jusqu'en 2001 chez Marcos y Marcos, un petit éditeur milanais spécialisé dans la littérature de Suisse alémanique. Grand Prix Schiller 2011, il a reçu en 2013 le Prix suisse de littérature.
Poète et essayiste, il est aussi traducteur. Il a traduit en italien Yves Bonnefoy (L'Anti-Platon), Nicolas Bouvier, André Frénaud, Guillevic, Nuno Júdice, Corinna Bille, Maurice Chappaz, Eugenio De Andrade, Benjamin Fondane, Jean-Luc Nancy, mais surtout Philippe Jaccottet (sept recueils. Cf. « Traduire Jaccottet » de Fabio Pusterla). Travail de traducteur pour lequel il a obtenu, en 1994, le prix Prezzolini.
Fabio Pusterla est notamment l’auteur des recueils poétiques suivants :
- Concessione all’inverno, Bellinzona, Casagrande, 1985 ; rééd. 2001
- Bocksten, Milano, Marcos y Marcos, 1989 ; rééd. 2003
- Le cose senza storia, Milano, Marcos y Marcos, 1994
- Danza macabra, Camnago, Lietocolle, 1995
- Bandiere di carta, Scandicci, Fabrizio Mugnaini, 1996
- Isla persa, Locarno, I semi del salice, 1997 ; rééd. 1998
- Laghi e oltre, Camnago, Lietocolle, 1999
- Pietra sangue, Milano, Marcos y Marcos, 1999
- Folla Sommersa, Milano, Marcos y Marcos, 2004
- Movimenti sull'acqua, Camnago, LietoColle, 2004
- Storie dell'armadillo, Milano, Quaderni di Orfeo, 2006
- Le Terre emerse. Poesie scelte 1985-2008, Torino, Einaudi, 2009
- Corpo stellare, Milano, Marcos y Marcos, 2010
- Argéman, Milano, Marcos y Marcos, 2014
et d'un essai sur la poésie contemporaine :
- Il nervo di Arnold, Saggi e note sulla poesia contemporanea, Milano, Marcos y Marcos, 2007.
Fabio Pusterla a obtenu le Prix Gottfried Keller 2007 pour l'ensemble de son œuvre.
• Ouvrages disponibles en français :
- Fabio Pusterla, Me voici là dans le noir, Lausanne, Éditions Empreintes, 2001. Traduction de Mathilde Vischer
- Fabio Pusterla, Une Voix pour le noir. Poésies 1985-1999, Éditions d'En bas, 2001. Préface de Philippe Jaccottet. Traduction de Mathilde Vischer (édition bilingue)
- Fabio Pusterla, Deux rives, Cheyne éditeur, 2002. Traduction de Béatrice de Jurquet et Philippe Jaccottet (édition bilingue)
- Fabio Pusterla, Les Choses sans histoire, Lausanne, Éditions Empreintes, 2003. Traduction de Mathilde Vischer
- Fabio Pusterla, Ultimes paysages, L'Arrière-Pays, 2009. Traduction de Éric Dazzan (édition bilingue)
- Fabio Pusterla, Pierre après pierre, anthologie de poèmes, édition bilingue, éditions MétisPresses, Genève, 2017, pp. 84-85. Traduction de Mathilde Vischer.
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