Image, G.AdC Le 1er novembre 1903 naît Jean Tardieu à Saint-Germain-de-Joux, dans l’Ain, le « pays des fleuves cachés ». Il est le fils de Victor Tardieu, artiste peintre issu d’une famille de soyeux lyonnais, et de Caroline Luigini, harpiste issue d’une famille de musiciens de Modène, élève de Saint-Saëns. Alexandre Luigini, le père de Caroline et le grand-père de Jean Tardieu, a été compositeur et chef d’orchestre à l’Opéra de Lyon avant de devenir directeur de la musique à l’Opéra-Comique.
Tenez, Monsieur : regardez-moi bien. Vous me voyez encore, vous croyez que je suis Monsieur Untel ? Né à tel endroit ? Qui a tel âge ? Tel métier ? … Eh bien, regardez-moi attentivement, Monsieur : je suis en train de devenir personne, même pas un numéro, une idée, une abstraction, une petite vapeur, un pfouh, un pouh-pouh ! un pfuit ! un zzzzzzz !... J’étais un « individu », un « citoyen », je m’appelais : Monsieur… heu… heu… Ah ! … Monsieur comment ? Comment donc !... […] Vous voyez, je ne peux même plus retrouver mon nom, le nom de ce quidam ! Je, tu, il, moi, lui, vous, untel ! … Oh, oh, c’est le symptôme ! C’est ça ! Voilà la crise ! la crise finale ! Je vais disparaître, je vous le dis, je vais disparaître ! … Je vais dis-pa-raî-tre dans la foule !... Regardez-moi encore une fois : dans un instant, pfuitttt ! … j’aurai disparu dans la foule, entendez-vous ? […] Dis-pa-ru… disparuuuuuuu !... Jean Tardieu, Poèmes à jouer, 1960, in Œuvres, Éditions Gallimard, Collection Quarto, 2003, page 851.
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JEAN TARDIEU Source ■ Jean Tardieu sur Terres de femmes ▼ → Complainte du verbe être (poème extrait d’Un monde ignoré) → Feindre de fuir… → Le voyage |
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Pourquoi mes amis accueillent-ils les mêmes poètes, en ce même automne ?
Quel lieu, quel grand mystère relient, ici,
Jalel et Angèle
Michèle et Feuilly ...
http://jalelelgharbipoesie.blogspot.com/2008/10/jean-tardieu.html>jalelelgharbipoesie.blogspot.com (jeudi 16 octobre - Les trains Tardieu)
J'aime que ce soit la naissance d'un verbe que l'on fête en ce jour des morts...
"Quel est ce lieu où j'ai vécu ?
Je ne sais où - c'était un lieu mobile dans le temps - j'ai traversé de grands espaces...
J'étais dans la clarté, dans les ténèbres. Je marchais. Je voyais. J'entendais. J'interrogeais ce monde inconnu et fragile, traversé de prodiges, de points brillants accrochés au silence, de grondements obscurs...."
Jean Tardieu, La Part de l'ombre
Rédigé par : Christiane | 01 novembre 2008 à 22:35