Du
12 au 27 juin 1925 a lieu, Galerie Pierre, 13 rue Bonaparte, à Paris, la première exposition
Miró. Organisée par Jacques Viot. La préface du catalogue de l'exposition est signée par Benjamin Péret et l’invitation par tous les surréalistes. Sont exposés trente et une peintures et quinze dessins de Joan Miró. Dont
Le Chasseur (1923-1924, toile acquise par André Breton lors de l'exposition et conservée aujourd'hui au MoMA) et
La Ferme (1921-1922), qui sera achetée par Ernest Hemingway.
Miró, La Ferme (1921-1922),
Huile sur toile, 123,8 x 141,3 cm
Ancienne collection Ernest Hemingway (La Havane)
National Gallery of Art, Washington, D.C.
LA FERME
Commencée à Montroig — la montagne rouge —, poursuivie à Barcelone et achevée à Paris, cette toile « détailliste » témoigne du « bonheur d'atteindre dans le paysage à la compréhension du brin d'herbe. »
« Ce qui m'intéresse par-dessus tout », déclare alors le peintre, « c'est la calligraphie d'un arbre ou des tuiles d'un toit, feuille par feuille, rameau par rameau ». De fait, ce qui frappe dans la toile de La Ferme, c'est, au tout premier plan, le maïs aux feuilles chantournées et l'eucalyptus exubérant, mains ramifiées lancées vers le ciel. Un ciel d'un bleu presque trop éclatant, qui fige la lune blanche dans l'espace immobile. C'est aussi l'époque où Miró se livre à un inventaire minutieux de l'univers de la ferme catalane de Montroig, propriété de ses parents où l'artiste aime à séjourner. De cet univers observé avec la plus grande précision, La Ferme offre un exemple ordonnancé. Où alternent intérieur et extérieur. Le cheval dans l'étable ou la fermière à son lavoir. Les dépendances offrent au regard leurs murs lézardés, grignotés par le temps ou donnent à voir leurs étagements secrets — échelles et escabeaux, étagères et poutres ; greniers et mansardes, chèvre et coq, lapins et tourterelles. Tous présentés de dos ou de profil. Jusqu'aux outils et aux menus objets laissés aux abords des sillons du potager et aux menus habitants de la Terre, dispersés entre les mottes de terre et les légumes en cours de germination.
Fortement individualisés, ces détails, isolés les uns des autres et figés au cœur même de l'énumération qui les rassemble, se posent d'ores et déjà comme « signes plastiques purs ». L'inventaire de La Ferme signe la fin de l'époque réaliste de Joan Miró. Et annonce par la schématisation et la stylisation des objets, le répertoire poétique et onirique des formes de demain.
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
72 toiles de Joan Miró classées par ordre chronologique de 1912 à 1968 dans la Olga's Gallery!
Amicizia
Guidu___
Rédigé par : Guidu | 13 juin 2008 à 10:36
Il y a dans ce tableau un petit air faussement naïf qui cache une prodigieuse technique
surtout
un " je me souviens " en image
qui fait bondir de joie en moi la petite fille qui aimait réunir autour d'elle tous ses trésors
Rédigé par : Viviane | 13 juin 2008 à 14:42
Je ne connaissais pas ce tableau de l'oeuvre de Juan Miro. Merci à vous deux pour le commentaire utile et le lien précieux.
Rédigé par : Pascale | 13 juin 2008 à 15:37
MIRÓ ET SES POÈTES
Miró ? Miroir disait Prévert
Et il lançait contre lui
son jaune d’oeuf précolombien
Pour Breton
le doux assassin de la peinture académique
épelait l’alphabet de l’amour
mais en ce domaine Sa Sainteté Surréaliste
était "un poco loco"
Miró ? Dansez montagne !
décréta Char l’énigmatique
qui termina son hommage par cette obscure clarté:
"Et dans les plis du deuil il a des beautés
pour ranimer Osiris."
Et pour Leiris, Miró ce fut
"la gifle du coup d’aile"
et cette floraison de tatouages et de taches
Quant à Yo le poète invisible
Miró c’est quand je fréquente
ce Bel oiseau des Constellations
la permission de l’accent
sur la dernière voyelle de mon nom…
Miró Dorió
Et que tous reposent en Paz
quand la cruche* sera cassée
Como un solo río interminable bajo arcos de siglos fluyen las estaciones y los hombres hacia alla al centro vivo del origen mas alla de fin y comienzo
Les saisons et les hommes coulent comme un seul fleuve interminable sous les arches des siècles vers le centre vivant de l’origine au-delà de la fin et du commencement
*Octavio Paz : el cántaro roto.
Rédigé par : jjdorio | 22 février 2009 à 22:59