Ph., G.AdC
CRONACHE DI PRIMAVERA
Il primo uomo
nudo, al mattino sul greto del fiume
rabbrividiva ancora. Amore, a sera,
tormentava la donna che il fanciullo,
meraviglioso, abbandonava : il vivido
gesto di lui io vidi entro una buia
strada protesa alla campagna : amici
gli erano i nuovi campi e il sole — i lunghi
gridi dei treni nella notte accesi.
L’amore di se stessi non è forse un sogno
vissuto ad occhi aperti per le strade?
Sandro Penna, Stranezze [1957-1976], in Poesie, Garzanti Editore, Collana Gli Elefanti, febbraio 2000 (settima edizione), pp. 419-420. Prefazione di Cesare Garboli.
CHRONIQUES DE PRINTEMPS
Le premier homme
nu frissonnait encore,
le matin dans le lit du fleuve.
Amour, le soir,
tenaillait la femme abandonnée
par sa merveille d’enfant : j’ai vu
son geste vif dans la pénombre
d’une route tendue vers la campagne : ses amis
c’étaient les champs neufs et le soleil — les longs
cris des trains qui flamboient dans la nuit.
L’amour de soi ne serait-il rien d’autre qu’un songe
éveillé sur les chemins ?
Traduction inédite Angèle Paoli
NOTICE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE
Né à Perugia (Pérouse) le
12 janvier 1906,
Sandro Penna a vécu essentiellement à Rome où il est mort le
21 janvier 1977. À Milan, où il passé une brève période de sa vie, il a travaillé comme commis dans une librairie puis exercé divers métiers (traducteur, antiquaire,...) avant d’être introduit (1929) dans le milieu littéraire par Umberto Saba, avec qui il s'était lié d'une amitié chaleureuse.
Son premier recueil,
Poesie [
1927-1938], publié en 1939, est suivi d'autres recueils —
Appunti (1950) et
Una strana gioia di vivere (1956), traduit de l'italien par Jean-Noël Schifano et Dominique Fernandez (
Une étrange joie de vivre, Fata Morgana, 1979). Après une période de long silence suivront l'édition par Garzanti de
Tutte le Poesie (1970) — qui contribueront à la redécouverte de Penna par les intellectuels italiens —, puis
Stranezze (publié en 1976, quelques mois avant la mort de Sandro Penna).
Il viaggiatore insonne (1977) et
Confuso sogno (1980) ont été publiés après la mort du poète.
Les œuvres complètes de Sandro Penna — une figure quelque peu isolée dans la poésie italienne contemporaine — ont été éditées en septembre 1989 par les Éditions Garzanti dans la collection Gli Elefanti. Une nouvelle édition des œuvres complètes de Sandro Penna, intitulée
Poesie, Prose, Diari, a paru chez Mondadori, dans la collection « I Meridiani », en juin 2017.
Comme le souligne Philippe Di Meo, « grâce et légèreté se conjuguent dans cette œuvre tout à la fois limpide et délicate. Ses poèmes sont la plupart du temps brefs, de menues notations traduisant la stupeur, la surprise ou l’enchantement. L’ensemble constitue un
canzionere de l’amour homosexuel.
Fait remarquable, il est impossible de retracer l’évolution interne de cette poésie tant elle demeure égale à elle-même au fil du temps, comme si aucune temporalité ne pouvait l’entamer. Sensuelle, attentive aux suggestions d’atmosphère, l’élégie de Penna est parfois voilée d’un soupçon de mélancolie. Ouvriers, soldats, jeunes gens, paysages urbains et de banlieues constituent, avec celui de la solitude, ses thèmes habituels. » (Trente ans de poésie italienne, 1, Belin, 2004, page 70)
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