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DIE HAND VOLLER STUNDEN
DIE HAND VOLLER STUNDEN, so kamst du zu mir — ich sprach :
Dein Haar ist nicht braun.
So hobst du es leicht auf die Waage des Leids, da war es schwerer als ich…
Sie kommen auf Schiffen zu dir und laden es auf, sie bieten es feil auf den Märkten der Lust —
Du lächelst zu mir aus der Tiefe, ich weine zu dir aus der Schale, die leicht bleibt.
Ich weine : Dein Haar ist nicht braun, sie bieten das Wasser der See, und du gibst ihnen Locken…
Du flüsterst : Sie füllen die Welt schon mit mir, und ich bleib dir ein Hohlweg im Herzen!
Du sagst: Leg das Blattwerk der Jahre zu dir – es ist Zeit, daß du kommst und mich küssest!
Das Blattwerk der Jahre ist braun, dein Haar ist es nicht.
Paul Celan, Mohn und Gedächtnis, Deutsche Verlags-Anstalt, Stuttgart, 1952.
LA MAIN PLEINE D’HEURES
LA MAIN PLEINE D’HEURES, ainsi tu vins à moi — j’ai dit :
tu n’as pas les cheveux bruns.
Alors tu les as soulevés et mis légers sur la balance de la douleur : ils étaient plus lourds que moi…
Ils viennent à toi sur des navires et les y chargent, ils les écoulent sur les marchés du plaisir —
Tu souris vers moi depuis la profondeur, je pleure vers toi depuis le plateau qui demeure léger.
Je pleure : tu n’as pas les cheveux bruns, ils offrent l’eau de la mer, et tu leur donnes des boucles…
Tu chuchotes : ils remplissent le monde rien qu’avec moi et je demeure un chemin creux dans ton cœur !
Tu dis : mets avec toi le feuillage des années — il est temps que tu viennes et m’embrasses !
Le feuillage des années est brun, tes cheveux ne le sont pas.
Paul Celan, Pavot et mémoire, in Choix de poèmes réunis par l’auteur, Gallimard, Collection Poésie (édition bilingue), 1998, pp. 28-29. Traduction de Jean-Pierre Lefebvre.
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