Ph., G.AdC
ÁRBOL ADENTRO
Creció en mi frente un árbol,
Creció hacia dentro.
Sus raíces son venas,
nervios sus ramas,
sus confusos follajes pensamientos.
Tus miradas lo encienden
y sus frutos de sombras
son naranjas de sangre,
son granadas de lumbre.
Amanece
en la noche del cuerpo.
Allá adentro, en mi frente,
el árbol habla.
Acércate, ¿lo oyes?
ARBRE AU-DEDANS
Dans mon front a poussé un arbre.
Il a poussé au-dedans.
Ses racines sont des veines,
des nerfs ses branches,
ses feuillages confus des pensées.
Tes regards l’enflamment
et ses fruits d’ombres
sont orange de sang,
grenades de lumière.
Le jour se lève
dans la nuit du corps.
Là au-dedans, dans mon front,
l’arbre parle.
Approche, tu l’entends ?
(Traduit par Frédéric Magne.)
Octavio Paz, L’arbre parle [Árbol adentro, Barcelona, Editorial Seix Barral, 1987], Gallimard, Collection Du monde entier, 1990, page 115. Traduit de l’espagnol par Frédéric Magne et Jean-Claude Masson.
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Un autre poème que j'aime beaucoup, du même recueil :
Dire : faire
Entre ce que je vois et dis,
entre ce que je dis et tais,
entre ce que te tais et rêve
entre ce que je rêve et oublie,
la poésie.
Elle glisse
entre le oui et le non :
elle dit
ce que je tais,
elle tait
ce que je dis,
elle rêve
ce que j'oublie.
Elle n'est pas un dire :
elle est un faire.
La poésie
se dit et s'entend :
elle est réelle.
Et à peine je dis
« elle est réelle »
elle se dissipe.
Est-elle ainsi plus réelle ?
Octavio Paz, L'arbre parle, traduit de l'espagnol par Frédéric Magne et Jean-Claude Masson, Gallimard, 1987, p. 13.
Amicizia
Nadine
Rédigé par : Nadine Manzagol | 05 mai 2008 à 06:01