La vitesse foudroyante du passé
hommes qui croient
au Jugement dernier et de ceux qui n’y
croient pas.
― André Malraux
Il enterra sa femme qui était morte dans
la misère. Dans la misère, il
gagna le porche, où il regarda
le soleil se coucher et la lune se lever.
Les jours semblaient ne passer que pour revenir
encore. Comme un rêve dans lequel on pense,
J’ai déjà rêvé cela.
Rien de ce qui arrive ne demeurera.
Avec son couteau il pela
une pomme. La pulpe blanche, corps
de la pomme, s’assombrit
et vira au brun, puis au noir,
sous ses yeux. Le visage usé de la mort !
La vitesse foudroyante du passé.
Raymond Carver, La Vitesse foudroyante du passé, Éditions de l’Olivier, Collection Poésie/Points, 2006, p. 95. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Emmanuel Moses.
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"Dans le pré cet après-midi, je retrouve
des tas de souvenirs invraisemblables. Le
croque-mort demandant à ma mère si elle
veut acheter un costume pour enterrer mon père avec
ou seulement un manteau, je n'ai pas
à répondre à cette question,
ni à aucune autre. Eh bien, il est entré
dans la fournaise en caleçon.
Ce matin, j'ai regardé sa photo.
Un type massif et râblé dans la dernière année
de sa vie. Qui tient un saumon géant
devant la cabane où il habitait
à Fortuna, Californie. Mon père.
Il n’est plus rien maintenant. Réduit à une coupe de cendres
et quelques petits os. Ce n'est vraiment pas
une façon
de finir sa vie d'homme."
Raymond Carver, Le pré, La Vitesse foudroyante du passé, Collection Poésie/Points, 2006, p. 130.
Rédigé par : PhA | 27 mars 2008 à 22:11
C'est précisément à cet autre poème de Raymond Carver que je pensais.
Rédigé par : Pascale | 27 mars 2008 à 22:15