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POUR LA POÉSIE AUJOURD’HUI
Pour la poésie aujourd’hui, trois propositions
1. La poésie prend l’AIR. L’air, c’est trois choses :
a. la vie ; b. l’aspect ; c. la mélodie.
Ne pas manquer d’air (à respirer) ; ne pas manquer d’air (allure) ; ne pas manquer la mélodie. C’est ce que recherche un poème.
2. Il y a un AIR du temps. On l’appelle aussi esprit (Weltgeist). Cet esprit n’a rien d’un esprit ; il n’est ni fantôme, ni petite divinité, ni djinn nocturne, ni ni. Cet esprit est le nôtre ― humain. Je veux bien l’appeler saint, pourquoi pas, à condition de traduire la sainteté en sagesse et en âge, en savoir et jugement, en psychologie et en amour du bien.
La religion a enfanté la théologie. La théologie a appris à l’homme de quoi il est capable. Maintenant il doit reprendre à soi cette capacité (Feuerbach) : anthropomorphose continuée. Je ne dis pas qu’il n’y a rien d’autre, parce que justement, tout est source : la ci-devant nature, le fond de l’univers, l’Être, les « sources chrétiennes » (Simone Weil), et autres.
3. La littérature, et son mode poétique ― en bref : la poésie, dont la singularité consiste en ceci : elle est audacieuse, elle s’élance, elle ose, elle trace ; elle décide, elle nomme… ― montre, fait voir, cet esprit, en le faisant entendre. C’est sa voyance, ou vision ; jadis devin, maintenant devineuse. Elle le montre à ses compagnes, musique, peinture, formes volumineuses, films, contenances nouvelles plastiques… Elle est entraînante, elle s’allie avec.
Michel Deguy, « La poésie en France », Confluences poétiques n° 1, Mercure de France, 2006, pp. 44-45.
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L’Esprit saint
L’Esprit Saint feint
De s’asseoir un instant
Au bord de nos déboires
Et de les interroger :
Comment, Malheur,
As-tu trouvé chemin
Entre les audaces ?
Comment, Infortune
As-tu perdu la trace
De ton lieu d’origine :
La certitude ?
Et l’Esprit Saint
De nous douter un temps,
Douce demande
De l’être à soi
Et d’être, en somme,
Un peu plus Moi
Mais comme un choix
L’Esprit Saint a choisi
De nous faire hésiter
Et lorsque naît
Des cendres d’antan divines
La Décision
Dieu, qu’elle explose,
Qu’elle éclate à la grande nuit
Comme au grand jour
Plus effrayante que les heures
Dieu, la Poésie !
Rédigé par : Emilie Delivré | 21 février 2008 à 11:56
Bien que je n'aime pas les dogmes et la théorie, ces mots résonnent en moi et j'adhère au programme, à condition qu'il dérape, comme de juste, "connard" aurait dit Robbe-Grillet, la P n'a pas besoin d'être juste ni respectueuse, ce en quoi il ne se trompe point (,)
virgule
l'étincelle irrévérente de ce que la vie allume, le kérosène pétaradant de mon intelligence aux aguets ,
voila que je dérape, heureusement ...
Rédigé par : lam | 23 février 2008 à 09:24