« John Cage ou la vie poétique », tel est l'intitulé de la Table Ronde qui fut proposée le vendredi 8 février 2008 par Alphabetville et le cipM. J'étais présente. Avec l’équipe de Terres de femmes.
Derrière la table : Vincent Barras, poète, traducteur ; Daniel Charles, musicologue et ami de John Cage ; Christophe Marchand-Kiss, poète, traducteur ; Antonia Rigaud, enseignante de littérature américaine à Paris III (Sorbonne Nouvelle), auteur d’une thèse sur la poésie de John Cage ; Christian Tarting, écrivain, traducteur, maître de conférences en esthétique à l’Université de la Méditerranée. Modération : Colette Tron.
Ph., G.AdC
De gauche à droite : Colette Tron, Christophe Marchand-Kiss,
Christian Tarting, Daniel Charles, Vincent Barras, Antonia Rigaud.
LA POÉSIE DE CAGE, ENTRE HÉRITAGE ET AVANT-GARDE
« Si Cage fait largement référence à Henry David Thoreau dans son œuvre et notamment dans sa poésie [comme dans la série des journaux Diary : How to Improve the World [You Will Only Make Matters Worse] ou le recueil M], c’est toute la philosophie transcendantaliste, derrière Emerson, qui est largement présente dans le texte cagien : on pense à l’importance qu’ont pour Cage le paysage naturel et le quotidien qui redéfinissent le langage poétique autant que la notion d’héritage culturel.
La question du rapport au monde naturel et à l’environnement est au cœur de cette poésie et permet d’inscrire Cage dans la tradition américaine du Nature Writing où le texte se fonde autour d’une réflexion sur l’espace et l’écologie. Replacer Cage dans le contexte intellectuel spécifiquement américain du transcendantalisme et du Nature Writing permet aussi de voir les influences de la poésie moderniste américaine sur le poète d’avant-garde [citons Gertrude Stein à qui John Cage fait explicitement référence, mais aussi T.S. Eliot, Ezra Pound ou William Carlos Williams] et par là d’explorer la manière dont l’œuvre négocie les notions d’avant-garde et d’héritage.
Cage situe sa poésie dans un contexte intellectuel et poétique très spécifique tout en cherchant à s’affranchir d’une vision canonique du poème pour investir deux voies parallèles : la poursuite des expérimentations modernistes et l’intégration d’une tradition américaine de l’écriture « environnementale ». L’héritage est au cœur du poème mais est aussi dépassé par celui-ci. La poésie de John Cage cherche à sortir du cadre poétique pour devenir le lieu d’une expérience collective. Le poème ouvre à la réflexion sur l’américanité : il se fait lieu autant que poétique. »
Antonia Rigaud
D.R. Texte Antonia Rigaud/cipM
Antonia Rigaud, maître de conférences à Paris-III (Université de la Sorbonne Nouvelle), a publié plusieurs articles sur la poésie de John Cage ainsi qu’un ouvrage intitulé John Cage Théoricien de l’Utopie, Paris, l’Harmattan, 2006.
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