Villes éphémères
(Photographies : Monique Pietri –
Textes : Marie-Ange Sebasti),
Jacques André éditeur, 2007.
QUELQUE CHOSE DE L’ENFANCE
Il y avait déjà, enfouies dans l’arrière-pays de ma mémoire oublieuse, Les Cités obscures de François Schuiten et de Benoît Peeters, Les Villes invisibles d’Italo Calvino et bien au-delà encore, perdues dans des lointains inaccessibles, les Cités du Delta et la Cité interdite. Viennent se joindre aujourd’hui au paysage de mes utopies ( La Città del sole ?), les Villes éphémères de Monique Pietri et de Marie-Ange Sebasti. De tout autre nature. Villes miroirs mille reflets dans l’eau.
De Bastia à Venise, d’Ajaccio à Centuri, de Corse en Chine ou au Cachemire, les reflets des Villes éphémères parlent toutes un même langage. Celui de l’entre-deux des liminaires. C’est là que se lisent, entre lumière tremblée et « ombre portée » des façades des porches, entre couleurs moirées et lignes déjouées, les miroirs qui se jouent de tous les faux-semblants. Derrière les jalousies mi-ouvertes mi-closes, les Villes éphémères parlent au voyageur de la rencontre croisée entre photographie et poésie. Rencontre aux confins du silence des mots et de l’image. Une invite partagée par l’une et l’autre artiste à s’insinuer par-delà les apparences, à suivre en demi-teinte le passant jusque dans l’entrebâillement d’une porte. Une invite aussi, peut-être, à se couler jusqu’au limen des contradictions intérieures. Derrière le masque, « la vraie vie » ?
Il se dégage des Villes éphémères une douceur qui berce de lenteur nos rêves « rougeoyants ». Quelque chose de l’enfance se lit entre les lignes courbes des marelles du ciel et des méandres de nos jours. Un décor fluide, évanescent, quasi incertain se dessine au-delà des barrières du temps. Patrimoine que grandit le mariage harmonieux des mots et de l’image. Les « yeux ouverts » « dans le chalut des jours ».
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
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