Ph., G.AdC
VII
Ce fut un corps. Un arbre foudroyé
dont pourrissait l’écorce. Une aube,
un matin caressé à l’intérieur des chairs,
une blessure lovée dans les mots psalmodiant le désert,
qui ne firent tant de bruit que pour se fondre enfin
en un plus grand silence. Ce fut l’oubli,
la marque à ton poignet que tu cachas dans l’herbe
où tu croyais aimer une terre sans remords.
Ce fut l’hiver. Il ne resta bientôt,
seule dans cette neige,
que l’aile d’un oiseau tué dès son essor.
Lionel Bourg, Stances pour un adieu in Une certaine latitude, Éditions Jacques Brémond, 1990, page 91.
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"un matin caressé à l’intérieur des chairs", très beau !
Encore un auteur que je ne connaissais pas ! Il va falloir des journées doubles ou triples pour pallier mes lacunes. :-/
Une curieuse similitude avec mon état d'esprit de ce jour... et avec le poème écrit hier : la mort d'une mésange que j'ai mal vécue... Midinette ? mais non !
Rédigé par : agnès | 13 janvier 2008 à 12:57
La mort d'une mésange ? Un cœur de midinette ? N'as-tu pas lu dans le Salon de 1765, la "jolie élégie" que Denis Diderot consacre au tableau de Greuze, La jeune fille qui pleure son oiseau mort ? Je t'invite à une http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2004/12/noia.html#comment-67921158>promenade sur mes terres, baignées aujourd'hui d'une douce lumière.
Rédigé par : Angèle Paoli | 13 janvier 2008 à 15:12
Cara Angjula, ho letto i bellissimi versi di Lionel Bourg, ma c'è una parola che non so tradurre: lovée (non esiste in francese o è una trasposizione dall'inglese?). Ti mando la mia traduzione: potresti darmi dei consigli ? Inoltre: esistono libri di L.B. tradotti in italiano ?
Questo fu un corpo.Un albero fulminato
di cui marciva la scorza. Un'alba ,
un mattino accarezzato dentro la carne,
una ferita lovée nelle parole salmodianti il deserto,
che non fecero tanto rumore se non per fondersi infine
in un più grande silenzio. Fu l'oblio,
l'impronta del tuo polso che nascondevi nell'erba
in cui credevi di amare una terra senza rimorsi.
Questo fu l'inverno. Non restò tuttavia,
sola in questa neve,che l'ala d'un uccello ucciso appena nato.
grazie di tutto e un abbraccio
Blumy
Rédigé par : Blumy | 14 janvier 2008 à 12:41
Bonjour Blumy,
Angèle n'est pas disponible pour l'instant. Je te donne le sens de lover, qui est un terme de marine.
lover verbe transitif
1. marine enrouler (un câble ou un cordage sur lui-même) en rond
Exemple : lover pour éviter d'emmêler les cordages.
Mais il existe également le verbe pronominal "se lover" = "s'enrouler sur soi" ou "se pelotonner".
Amicizia di Corsica
Rédigé par : Webmestre de TdF | 14 janvier 2008 à 12:59
« Ombres du jour blanc
Contre mes yeux. Je ne vois
Rien hormis le blanc.
L'heure blanche. L'âme
Affranchie du désir et de l'heure.
Blancheur des eaux mortes,
Œil ouvert, heure aveugle.
Frotte ton silex, mémoire, flambe
Contre l'heure et son ressac,
Mémoire, flamme nageant.
Détaché de mon corps, détaché
Du désir, je retourne au désir,
À la mémoire de ton corps. Je retourne.
Et ton corps flambe en ma mémoire,
Et flambe en ton corps ma mémoire.
Corps qui fut Dieu, qui fut corps embrasé,
Dieu qui fut corps et fut corps déifié,
Or il n'est plus que mémoire
D'un corps délié d'un autre corps :
Ton corps est mémoire de mes os.
Ombre solaire sombre faucille
Cerne la cécité de mes sources
Dénoue le nœud scie le désir
Eteins l'âme exténuée
Mais la mémoire démembrée nage
De ses naissances à son néant
Toute montée de son avènement
Elle nage outre remous et mandement
Elle nage contre le nul
Ardeur de l'eau
Langue de feu scintille l'eau
Pentecôte mot sans mots
Sens privé de sens Penser
Non pensé qui mémoire transfigure
Le reste est brassée d'étincelles. »
OCTAVIO PAZ
Rédigé par : Alphea | 14 janvier 2008 à 13:40
Je ne résiste jamais à l'invitation à une promenade poétique...
Cette vision de la mort d'une mésange bleue est récurrente : elle s'était assommée contre ma vitre et je la tenais dans ma paume. J'ai perçu l'arrêt de son coeur, donc toute la fragilité de la Vie, de toute vie... Toute l'insignifiance de nos vies, de nos désirs, de nos chagrins, de nos efforts.
Rédigé par : agnès | 14 janvier 2008 à 13:42
Grazie, cara Blumy, per la tua bella traduzione del poema di Lionel Bourg. Ti posso suggerire per la traduzione del verbo "lover" la parola "acciambellata". Che ne pensi, tu, amica ?
Rédigé par : Angèle Paoli | 15 janvier 2008 à 16:16
Buon giorno, Anghjula ! Ma si parla di ferita (blessure): ferita acciambellata? una ferita acciambellata nelle (o dentro le) parole? Francamente in italiano suona molto male. Si acciambella una persona, un gatto; una ferita no. :)
aurevoir, ma chère amie
Blumy
Rédigé par : Blumy | 15 janvier 2008 à 23:54
Ma, cara Blumy, non è prosa ! è poesia ! Cio che significa che anche in francese è molto sorprendente l'imagine scelta dal poeta ! Se la metafora ossimorica di Lionel Bourg non ti va o suona male secondo te, bisogna cercare una parola come "aggomitolarsi" o "rannicchiarsi"! Ma c'è sempre un'idea animale che esiste anche nel verbo "se lover" o "lover". Si tratta dunque qui di una ferita "arrotolata su se stessa", tra le parole. Non ne posso dirti di più.
Sotto il mio commento, la definizione del verbo « lover » estratta dal Trésor de la langue française, il più grande dizionario della lingua francese :
LOVER, verbe trans.
________________________________________
LOVER, verbe trans.
A. TECHNOL. Qqn love qqc.
1. MAR. Rouler en cercles, généralement superposés, pour ranger ou disposer quelque chose prêt à servir. Lover un câble, un cordage, un filin. Une grosse barque, dont le patron love une amarre (Arts et litt., 1935, p. 84-8).
Au part. passé. Un paquet de corde mince, toute neuve, en un rouleau bien lové (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 290).
2. PÊCHE. Lover une ligne. L'enrouler en spirale de manière à ce qu'elle ne s'emmêle pas. Cette nuit, ayant fourré son nez dans le panier où Rolland love ses lignes de pêche (...) il [le cochon] s'est enfoncé dans la gueule une demi-douzaine d'hameçons (CHARCOT, Expéd. antarct. fr., 1906, p. 128).
Au part. passé. Je lance, vous avez vu, avec ma ligne lovée à terre (GENEVOIX, Boîte à pêche, 1926, p. 85).
B. P. ext., emploi pronom.
1. [Le suj. désigne un serpent, une anguille, parfois un autre animal] S'enrouler sur soi-même. Des crotales, qui ondulent (...) ou se lovent, en sifflant, sous les mousses roussâtres (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 366).
2. [Le suj. désigne un animal, une pers.] Se coucher recroquevillé. Pistolet comprit aussitôt qu'il [le matelas promis] lui était destiné, et s'y lova incontinent (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 175).
Au part. passé. [La fillette] lovée en rond, pareille à une boule noire, (...) s'était trouvé une cachette, une pauvre et dérisoire cachette d'animal sans défense (MILLE, Barnavaux, 1908, p. 209). Marcel, lové sur un pouf (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 109).
C. Au fig., littér. Qqc. love qqc. [Le compl. désigne un inanimé abstr.] Installer:
Des haines de ronds de cuir que l'habitude de la station assise lovait à l'aise dans des foies hypertrophiés, se réveillent et frétillent maintenant que les jambes qui se rendent au bureau malaxent les bas-ventres...
GIONO, Chron., Noé, 1947, p. 292.
Au part. passé. Ils [les désirs] étaient installés, lovés, lentement ruminés, entretenus par une mémoire sans défaillance (AYMÉ, Jument, 1933, p. 271).
Le plus souvent en emploi pronom. S'installer en occupant le moins de place possible. C'est dans ce «presque» et dans ce «pas tout à fait» que notre espoir s'accroche, se love, et qu'il nous survivra (MAURIAC, Bloc-Notes, 1958, p. 255).
Rédigé par : Angèle Paoli | 16 janvier 2008 à 00:31
grazie di tutto, Angèle. Rivedrò la mia traduzione.
:)
Blumy
Rédigé par : Blumy | 20 janvier 2008 à 17:50