Le 24 janvier 1862 naît à New York Edith Newbold Jones. Fille d’une très ancienne et très riche famille américaine, Edith Newbold Jones devient Edith Wharton en épousant Edward Wharton, un aristocrate de Boston.
Edith Wharton est l’auteur de nombreux romans qui ont fait l’admiration d’Henry James et de Paul Bourget. Mais aussi de Joseph Conrad qui considère L’Eté (1918) ― un classique de la littérature américaine et de la littérature féminine ― comme le meilleur et le plus abouti de ses écrits. « Peut-être parce qu’y sont dévoilés les mécanismes intimes et habituellement cachés de la personnalité, l’aspect extra-social de notre nature si souvent présent dans les écrits de Conrad lui-même. »
Ph., G.AdC
EXTRAIT
Then he clambered on till the trees closed in on him. Presently, from high overhead, Charity heard the ring of his axe.
She lay on the warm ridge, thinking of many things that the woodsman's appearance had stirred up in her. She knew nothing of her early life, and had never felt any curiosity about it: only a sullen reluctance to explore the corner of her memory where certain blurred images lingered. But all that had happened to her within the last few weeks had stirred her to the sleeping depths. She had become absorbingly interesting to herself, and everything that had to do with her past was illuminated by this sudden curiosity.
She hated more than ever the fact of coming from the Mountain ; but it was no longer indifferent to her. Everything that in any way affected her was alive and vivid: even the hateful things had grown interesting because they were a part of herself.
« I wonder if Liff Hyatt knows who my mother was ? » she mused; and it filled her with a tremor of surprise to think that some woman who was once young and slight, with quick motions of the blood like hers, had carried her in her breast, and watched her sleeping. She had always thought of her mother as so long dead as to be no more than a nameless pinch of earth; but now it occurred to her that the once-young woman might be alive, and wrinkled and elf-locked like the woman she had sometimes seen in the door of the #660033 house that Lucius Harney wanted to draw.
Puis il reprit sa marche lente, et s’enfonça dans la forêt. Très haut au-dessus d’elle, Charity entendit bientôt le bruit de sa hache.
Elle restait étendue sur la terre chaude, pensant aux choses lointaines que la venue du bûcheron avait réveillées en elle. De ses premières années, elle ne savait rien et jusqu’à ce jour aucune curiosité à ce sujet n’avait poussé en elle : elle éprouvait plutôt une répugnance secrète à explorer les coins de sa mémoire où traînaient, de-ci, de-là, certaines images à demi effacées. Cependant, tout ce qui lui était arrivé depuis ces dernières semaines l’avait profondément remuée et troublée. Elle se sentait prise pour elle-même d’un intérêt nouveau, absorbant, et cette curiosité soudaine projetait sa lumière sur tout ce qui se rapportait à son passé.
Même le fait de venir de la Montagne ne lui était plus indifférent. Tout ce qui d’une façon quelconque la touchait était devenu pour elle vivant et animé; même les choses dont elle était le moins fière prenaient de l’intérêt puisqu’elles étaient une partie de sa propre vie.
― Je me demande si Liff Hyatt a connu ma mère ? se dit-elle tout haut.
Un frisson d’étonnement la secoua en pensant qu’une femme, qui avait été jadis jeune et souple, avec un sang vif comme celui qui courait dans ses veines, l’avait portée dans son sein, et avait veillé sur ses premiers sommeils. Elle avait toujours pensé à sa mère comme à une morte devenue depuis longtemps une anonyme poignée de poussière; et elle se demandait maintenant si cette mère, jadis jeune, n’était pas vivante encore et peut-être toute ridée et sordide, comme la pauvresse qu’elle avait quelquefois vue à la porte de la maison brune que Lucius Harney voulait dessiner.
Edith Wharton, Été [Summer, 1918], chapitre V, Éditions 10/18, 1985, pp. 54-55.
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très joli texte de cet auteur qui m'évoque bien des souvenirs.
Clémentine
Rédigé par : clementine | 27 janvier 2008 à 01:26
Eh oui, clém ! "Souvenirs, souvenirs, Il nous reste nos chansons..." ?
Ce texte d'Edith Wharton évoque en moi les souvenirs...d'autres lectures. Souvenirs de moi lisant des livres interdits ! C'était à l'époque lointaine de nos silencieuses transgressions. "Ce vice impuni, la lecture ?"
Rédigé par : Angèle Paoli | 27 janvier 2008 à 22:51