Patrizia Gattaceca est née en 1957 à Penta-Acquatella (Haute-Corse). Elle a fait ses études secondaires à Bastia, puis ses études supérieures à Aix-en-Provence. Diplômée (maîtrise) de langue et de littérature italienne, elle est professeure certifiée de corse (langue et culture).
Artiste dans l’âme, passionnée de théâtre et de chant, pionnière du « riacquistu », Patrizia Gattaceca a contribué, dès le mitan des années 1970, à dynamiser la poésie et le chant traditionnel féminin corse. En créant notamment, avec son amie Patrizia Poli, le groupe « E Duie Patrizia ». Fondatrice (avec Lydia et Patrizia Poli) des « Nouvelles Polyphonies Corses » (1990), puis du groupe « Soledonna » ["femmes seules" ou "femmes du soleil"] (1998), elle a remporté - avec son groupe des Nouvelles Polyphonies corses - le prix du meilleur album « Musique Traditionnelle », lors des 7es Victoires de la Musique en 1992, et a interprété Giramondu [1991, Phonogram CD 848515‑2 PG900] pour la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques d'hiver d'Albertville.
Patrizia Gattaceca a aussi publié des recueils de poésie, dont L'Arcubalenu (Collection E Cunchiglie, Albiana, Ajaccio, 1996), A Paglia è u focu (La Paille et le feu, Collection « Architecture du verbe », Les Belles Lettres, 2000, rééd. 2005. Transcription de Francis Lalanne) et le recueil de haiku Mosaicu, publié en édition bilingue (éd. SCP, Folelli, 2005). Elle est également présente dans l'anthologie poétique bilingue corse-français A Filetta. La Fougère. Onze poètes corses contemporains (éditions Phi Francis Van Maele Editeur, Esch-sur-Alzette, Luxembourg, 2005) [édition italienne : Antologia della poesia corsa d'oggi / Antulugia di a puesia corsa d'oghje, Edizioni dell'Orso, Alessandria, mars 2005].
Patrizia Gattaceca a obtenu en 1998 le Grand Prix du livre corse pour L'Arcubalenu, et a participé, en 2002, au Festival international de poésie de Rotterdam.
PATRIZIA GATTACECA Voir aussi : - (sur Terres de femmes) Patrizia Gattaceca/Sextine III ; - (sur Poetry International Web) une courte vidéo de Patrizia Gattaceca ; - le site de Patrizia Gattaceca. |
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Ce qui compte chez un poète, c'est le coeur ! Patrizia a un coeur immense, elle est douée pour l'improvisation et c'est une des plus belles voix de la poésie corse d'aujourd'hui, l'une des plus pures et l'une des plus subtiles. Honneur à cette grande dame corse !
Rédigé par : Serge Venturini | 10 novembre 2007 à 17:16
POUR INFORMATION, LA DERNIÈRE DÉPÊCHE DE L’AFP
La chanteuse Patrizia Gattaceca mise en examen pour « avoir hébergé Colonna » !
AFP LE 10.11.07 | 17h56
La chanteuse Patrizia Gattaceca a été mise en examen samedi 10 novembre 2007 à Paris et placée sous contrôle judiciaire pour avoir hébergé pendant sa cavale l'assassin présumé du préfet Claude Erignac, Yvan Colonna, a-t-on appris de source proche du dossier.
Deux jours avant le début du procès d'Yvan Colonna devant la cour d'assises spéciale de Paris, Mme Gattaceca a été mise en examen pour "recel de malfaiteur en relation avec une entreprise terroriste" par le juge antiterroriste Gilbert Thiel.
Elle a été laissée libre et son contrôle judiciaire lui impose de rester en Corse et de ne pas rencontrer les principaux protagonistes de l'affaire.
Mme Gattaceca aurait hébergé M. Colonna à deux reprises, pendant un mois et demi durant l'été 2002 et durant trois semaines fin 2002 début 2003, a-t-on précisé de source proche du dossier.
C'est l'interpellation récente du fils de la chanteuse, Dumenicu Santini, 19 ans, mis en examen dans une autre affaire, qui a permis de remonter jusqu'à elle.
Les enquêteurs ont noté une similitude entre les empreintes de M. Santini et d'autres trouvées sur un sac de sport dans la bergerie où vivait M. Colonna.
En raison de son jeune âge (15 ans) au moment de l'arrestation de M. Colonna en juillet 2003, ils ont alors pensé que sa mère pouvait avoir été en contact avec le fuyard.
Avant elle, le juge Thiel avait mis en examen quatre personnes pour avoir aidé M. Colonna pendant les quatre années où il a été recherché: André Colonna d'Istria, directeur d'un camping de Portigliolo (Corse-du-Sud), Frédéric Paoli, propriétaire de la bergerie où il avait été interpellé, Claude Serreri, proche de son ex-compagne, et Marc Simeoni, fils d'Edmond Simeoni, figure historique de l'autonomisme corse.
Plusieurs centaines de personnes avaient participé à une manifestation devant le commissariat de police de Bastia pour protester contre l'interpellation de Mme Gattaceca, transférée dans l'après-midi à Paris.
Rédigé par : Webmestre de TdF | 10 novembre 2007 à 19:10
Bien loin donc de la virulence des média assujettis.
Rédigé par : Pascale | 11 novembre 2007 à 18:42
PERSONNE, Donc !
pour Patrizia Gattaceca
Personne. Non, il n’y a personne. Outis aurait répondu Ulysse. Un vrai désert minéral, végétal, marin, glaciaire. Comme une banquise craquelante avec un vieil ours dessus, affamé, amaigri. Là où je suis, il n’y a personne. Je ne suis nulle part. Nulle part où je suis de trop, rien ne me pèse, je suis plus léger que la brise. Je ne me compte nulle part, ― je suis de tous les siècles.
Ma voix, mais qu’importe ma voix ! Ne l’entendez-vous pas dans le vent noir qui crie ? Je suis de par les mondes, le monde visible et le monde invisible. ― Je suis transvisible. Je vole sur la face des vivants et des morts, je suis sur toutes les lèvres frémissantes, la parole bruissante, la parole tremblée, où même les oiseaux viennent y boire pour mieux chanter, comme mon frère le rossignol enamouré.
Je suis là à vos côtés, mais vous ne voyez pas. Peut-être avez-vous fermé les yeux. Vous m’avez croisé pourtant. N’ayez le cœur endurci. Vous ne m’entendez plus. Peut-être vos oreilles sont-elles encombrées par d’autres paroles ? Il y a trop de bruit dites-vous ! ― Revenez donc au silence.
― Ah ! Le silence…
Venez écouter personne. Outis, Outis… Ne cherchez pas sur vos petits écrans, je n’ai plus droit de cité ! Même dans les colonnes de vos journaux, je suis porté pâle, ― porté disparu. Peut-être lancera-t-on une armée pour me sauver. Il faut sauver le… La suite de ce propos a été caviardée. Trop dangereux, semble-t-il. Voyez en prison, vous m’y trouverez à coup sûr !
― Peut-être aurez-vous plus de chance chez un fleuriste ! murmure une femme. Pourquoi ? ― Pour la Rose, la Rose de Personne. Les fleurs maintenant sont sans parfum, vous ne risquez rien, surtout les roses. Pour l’instant, elles ont encore des épines, mais certains ont déjà pensé à les supprimer.
― Qu’importent les épines ! ajoutent-ils.
Paris, le 11 novembre 2007
Rédigé par : Serge Venturini | 14 novembre 2007 à 15:46
"Femmes poètes, vos papiers".
Nimu en effet, Serge. "Personne". Aucune voix féminine qui se soit levée (hors Angèle) dans le monde de la poésie. Alors même que (mises à part quelques journalistes patentées) se congratulaient, dans le creuset forclos et ségrégationniste de l'université "bon teint" de Clermont-Ferrand, les brillantes théoriciennes de la poésie "au féminin" d'aujourd'hui, au cours du colloque "Voi(es)x de l'Autre dans l'écriture poétique : femmes poètes XIXe-XIXe siècles". Mais qui connaît aujourd'hui la véritable étymologie du mot "poésie" ?
Rédigé par : Yves | 14 novembre 2007 à 16:30
Cher Yves, NIMU, en effet !
Je suis très en colère contre ceux qui parlent de poésie sur leur site, et dont le silence est impénétrable dès qu'on jette un poète aux règles d'or en prison.
Imaginons-nous un instant dans un pays occupé... Je pense un instant à mon amie Lucie Aubrac quand on parle de coeur, - et donc de courage. Pauvres universitaires assujettis !
Que sont devenus les intellectuels dans ce pays ? Et les philosophes alors, que dire ?
La Résistance doit s'effectuer à tous les niveaux et pas seulement... dans la Parole.
Curagiu
Rédigé par : Serge Venturini | 14 novembre 2007 à 19:50
Vous n'entendez pas que ce silence tourmenté se refuse à prêter le flanc à toute agitation ? La scène médiatique ou policière voudrait un accouchement au forceps des errances identitaires : l'exhibition ou la répression.
Il est pourtant vital de s'écarter, de refuser cette double impasse pour affirmer "autre chose" : une logique Autre qui en se distinguant des mutilantes logiques de l'Ordre écarterait pourtant les confusions d'un désordre pervers.
Le mystère de Patrizia Gattaceca et de sa vie en poésie est troublant (En grec "poïesis" signifie "création" ou "production", du verbe "poïein", "faire". Le terme "poïesis" a aussi été défini par Platon comme : "la cause, qui, quelle que soit la chose considérée, fait passer celle-ci du non être à l'être" (le Banquet).)
Pourquoi cet apparent silence ne serait-il pas partage : partage d'une blessure originaire, mais aussi dépossession de toute maîtrise symbolique instituée, car elle est, cette blessure, le coeur de l'altérité ? En attendant, dans le respect des solitudes singulières, que cette "cause" parvienne à se dire, à se faire entendre pour ouvrir à l'existence la possibilité, avec la parole et le chant retrouvés, d'une "vita vera"...
Rédigé par : cyrnea | 15 novembre 2007 à 07:26
Cyrnea, il n'est aucunement question du silence de Patrizia Gattaceca. Un silence dont le mystère et la dignité sont immédiatement perceptibles par chacun d'entre nous, sans qu'il soit nécessaire de le souligner. Ce dont il est question ici, c'est du silence de la nomenklatura du monde de la poésie. Il a au contraire beaucoup été question de Patrizia Gattaceca dans les médias -et même beaucoup trop -, mais nulle part il n'a été dit qu'elle était une des grandes voix de la poésie. Et encore moins dans le microcosme des revues de poésie "en ligne" et des comptes rendus des colloques de poésie (le colloque auquel il était fait référence était un colloque qui se voulait "féministe militant"). C'est de ce non-dit là qu'il est question. Parce que ce non-dit a du sens. Parce qu'il s'y cache de l'indifférence et/ou du mépris.
Rédigé par : Yves | 15 novembre 2007 à 08:28
Je ne parlais pas du silence de Patrizia Gattaceca... même s'il est probablement aussi le sien aujourd'hui, mais de ce silence qui oeuvre au coeur de l'acte et du souffle poétique pour justement "changer la vie" et briser le joug des logiques de l'Ordre. Je parlais d'une logique "Autre" que connaissent pourtant bien les poètes, les femmes, les peuples minorés et ceux que l'on traite parfois de fous, d'anarchistes ou de résistants... Je parlais d'un silence qui est rarement entendu. Je parlais d'une "cause" perdue...
Je ne parlais pas non plus de palmes académiques ou de distinctions de pairs à accorder à ceux qui défendent des valeurs méconnues et peuvent devenir victimes d'un jugement.
Je voulais poser la question de l'écart qui existe entre la loi symbolique et celle des légistes : cf. Daniel Sibony "Logique de l'ordre, logique autre" (in Le Nom et le Corps, Editions du Seuil) auquel fait aussi référence cet autre article trouvé sur le web : "Malaise autour de la loi".
Rédigé par : cyrnea | 15 novembre 2007 à 09:46
Cio chè possu di
A quiddu senza mani
Li darè u to bracciu
A quidda senza lingua
Imprestarè a to bocca
A u senza locu aprarè a to porta
T'hà milli mani quiddu chi fughji
E milli lingui quiddu chi stà zittu
Tutta sta ghjenti sfurtunata
In casa toia ùn po tena ma
Cio chè tu faci par unu à faci par tutti
E ancu par l'acceddu incatinatu
Quand'eddu vulia cantà chjaru è campà fora
Rédigé par : nurbertu paganelli | 15 novembre 2007 à 18:32
Cher Yves,
Ce qui est particulièrement éclairant dans cette affaire, c'est la mise à nu de certaines pratiques dans les réseaux où l'on parle de "littérature" au sein même des sociétés de surveillance ou de contrôle. Les soi-disant "autorités" n'ont plus de parole. Elles sont comme anesthésiées, paralysées par la peur, font la sourde oreille et semblent regarder ailleurs.
Je pense à ce fragment de René Char :
"Des êtres raisonnables perdent jusqu'à la notion de la durée probable de leur vie et leur équilibre quotidien lorsque l'instinct de conservation s'effondre en eux sous les exigences de l'instinct de propriété. Ils deviennent hostiles aux frissons de l'atmosphère et se soumettent sans retenue aux instances du mensonge et du mal. C'est sous une chute de grêle maléfique que s'effrite leur misérable condition."
C'est dans ces moments-là où l'on s'interroge sur ses propres amis.
Rédigé par : Serge Venturini | 16 novembre 2007 à 10:41
Le 6 août 2008 (21h00), concert a cappella du Trio Soledonna à l'église Saint-François de Canari (Haute-Corse). Prix d'entrée : 15 €.
Rédigé par : Agenda culturel de TdF | 01 août 2008 à 15:06