Je mets ci-dessous en ligne un hommage à Maurice Béjart que vient de me faire parvenir Christiane Laggi, une lectrice de TdF et, surtout, une amie d'enfance marseillaise qui, aujourd’hui, a le « cœur gros ». Comme me le rappelle Christiane, Maurice Béjart a grandi dans le quartier du Camas (rue Ferrari exactement), le quartier de mes années de collégienne. C'était un minot de La Plaine et il a fait ses études au collège du Sacré-Cœur.
Angèle Paoli
HOMMAGE À MAURICE BÉJART
Maurice n'est plus.
Mon magicien a disparu. Il a rejoint les étoiles.
Dès l'enfance, j'ai eu le bonheur et la chance d'être sensibilisée à la création de cet être d'exception.
La première œuvre que j'ai vue de lui était Variations pour une porte et un soupir sur une musique de Pierre Henry : des improvisations de danseurs sur cette musique nouvelle. Audace, perfection technique, liberté d'expression, beauté des danseurs, humour… tout y était pour me prendre et ne plus jamais me quitter.
Maurice Béjart a utilisé son langage, la danse, pour mettre au service de tous l'érudition exceptionnelle qui était la sienne. Non pas uniquement parce qu'il était le fils de Gaston Berger, philosophe et aussi remarquable pédagogue, mais encore et surtout parce qu'il aimait profondément l'être humain à qui il voulait transmettre, jusqu'à la communion.
Je le revois faire travailler les jeunes danseurs et leur parler : c'était un prof génial, rempli d'exigence et d'amour. Je l'ai vu pousser des coups de gueule mais aussi embrasser et parler tendrement.
Son œuvre est superbe. La musique remplissait sa vie. Il a souvent déclaré qu'il ne pouvait vivre sans elle. Il l'a utilisée, avec comme support le corps des danseurs, pour nous parler de Baudelaire, Nietzsche, Molière, Brel, Barbara, Nijinsky et de tous les sujets, graves ou légers, historiques ou actuels, qui le préoccupaient et dont il s'entretenait ainsi avec le public. Langage universel, avec lequel il a su s'exprimer et partager sa joie ou sa réflexion dans le monde entier, devant tous les publics, faisant fi de tout ce qui s'appelait nationalité, race ou différence. Dire, toujours dire, avec la voix et avec le corps, sans jamais faire d'élitisme, avec un grand respect pour ceux qui venaient le voir, l'écouter.
Le petit homme, en 1969, tenait à ce que nous, les jeunes qu'il connaissait, ne rations pas les premiers pas sur la lune des astronautes américains en ce mois de juillet, juste après le spectacle qu'il donnait au Palais des Papes à Avignon, et il s'en était inquiété. Aujourd'hui, il s'en est allé sur la pointe des pieds, lui aussi, peut-être en bondissant comme un astronaute, à la rencontre de ceux qui l'ont précédé… L'éternité est maintenant sienne et il me manque.
Christiane Laggi
Voir/écouter aussi : - (sur le site de l’INA) une fiche média : Béjart commente son travail (CARNETS DE LA DANSE A2 - 08/10/1984 - 00h13m17s) ; - (sur YouTube) un extrait du Sacre du Printemps. |
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Parmi les nombreux hommages rendus à Maurice Béjart depuis hier, celui-ci, dont je ne me rappelle plus l'auteur et qui m'a frappée : "d'où il est maintenant, il doit faire danser les étoiles."
Rédigé par : Pascale | 23 novembre 2007 à 13:00
Merci, Christiane pour ce très émouvant hommage que tu rends ici pour nous tous à Maurice Béjart. Je suis vraiment très touchée des souvenirs que tu évoques pour nous, de cet enfant de La Plaine d'abord, puis de l'homme de talent généreux qui a envoûté notre génération.
Je t'embrasse, de l'autre côté de la mer, de ces rives qui sont aussi les tiennes.
Rédigé par : Angèle Paoli | 23 novembre 2007 à 16:03
@ Pascale: c'est de Patrick Dupont, grand danseur étoile, élève de Béjart.
Rédigé par : Pascale A | 25 novembre 2007 à 00:00
Ma soeur Christiane a su exprimer avec beaucoup de sensibilité son admiration pour Maurice Béjart. Il est vrai que c'était un maître de ballet exceptionnel qui a offert a ses danseurs des créations magnifiques et apporter à la danse une grande modernité. Pendant des années, nous avons "suivi" la troupe dès qu'elle se produisait: Paris, Marseille, Avignon. J'ai tellement applaudi un soir que j'en ai perdu une bague et qu'il a fallu que je la récupère sous les fauteuils avec Christiane après le spectacle. C'était pour le Nijinsky Clown de Dieu au Palais des Congrès à Paris. Ah ! le Roméo et Juliette avec Laura Proença et Paolo Bortolozzi au Palais des Papes en Avignon... Inoubliable! Que de souvenirs. Et puis, à la fin, nous attendions tous que le Maitre vienne saluer son public. C'était une émotion très forte. Maurice Béjart, heureux, entouré de ses danseurs, avec son écharpe rouge...
Rédigé par : Marie-José Huchon | 25 novembre 2007 à 18:43