
CORPS Y ES-TU ?
Pommes de pins roussies
éclatées gisant sur les aiguilles
le vent le vent vorace dans les arbres berce ma fureur
de l’horizon diffus monte une odeur ambrée de mousse de résine
le torrent vert-de-gris frissonne soudain proche sous le bois
égrenant pour un peu son cristal sous la roche
le vent le vent carnivore me flagelle
me lave de mes forces noires me délivre
j’aspire respire aspire la hantise du pire me forge une violence
son rire faussement rire mordre déchirer mordre cette ardeur-là
aussi la taire pourquoi
amour emphase vécu dans la destruction inédite de soi de l’autre de soi
ne rien demander à ne pas cesser de imaginer sans en finir avec
les chênes-liège se desquament peau arrachée jusqu’à l’à-vif
je rampe rampe m’égratigne et rampe m’insurge heures vides
quel est ce rien que je lui envie en veux
protégé du vent le petit bois de pins frais bruyère fine
et eaux jacassantes mille voix entre les pertuis-feuillages
abri de folie pourquoi vouloir renoncer à
eros est mort de ses blessures corps y es-tu corps y es-tu
le vent secoue les grands arbres vaisseaux voilures tressaillent tanguent
ciel d’eau sous les nuages une vache surgit
ascétique Io venue on ne sait d’où offerte au délaissée par
le vieux gypaète défroqué des fourrés
la marine écrin gris ― pluie
frissonne sous vents
de terre
Angèle Paoli, Corps y es-tu ?, éditions les Aresquiers, mai 2009. Livre d'artiste réalisé par Véronique Agostini. Encres flottantes et gaufrage de Véronique Agostini. Tirage sur velin d'Arches 250gr. 12 exemplaires signés et numérotés par l'auteure et l'artiste dont 1 exemplaire unique avec 5 Encres flottantes originales. Chaque exemplaire contient un gaufrage original.

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Oui.
J.-M.
Rédigé par : Jean-Marie | 23 novembre 2007 à 08:43
Un texte fort, Angèle ! Un texte où les éléments naturels se mêlent à une furieuse envie de dire sans trop en dire, une envie de mordre de crier de clamer cet intense qui brûle en chacun, même si certains l'étouffent.
Un texte fort qui crie la vie, l'amour parfois fou pour... Un texte qui me plaît tellement !
Je t'embrasse.
Rédigé par : agnès | 23 novembre 2007 à 09:12
C'est un jeu difficile de combler les vides du dernier poème d'Ange-elle, chacun le fait avec ses propres absences, sans doute se trompe t'il, puisqu'elle est seule à protéger la vérité latente d'un non-dit... C'est heureux, mieux vaut vivre la douceur...(bien que Dame r.florit dise qu'elle soit "la plus grande violence" : inoui ?)
Amical respect à l'équipe...
Gil M
Rédigé par : Gil M | 23 novembre 2007 à 17:34
Comme je te vois là... Très exactement. Aussi tenace qu'un buisson ardent accroché au maquis, à sa semaille rocheuse, surplombant en rase-motte le couchant embrasé, la houle de mer, le large... Tu pourrais t'envoler je crois... atterrir on ne sait où dans l'île et au-delà... Le chant d'automne te va comme un lamentu réussi...
Rédigé par : Mth P | 25 novembre 2007 à 19:59
Oui, Mth, comme tu me sens bien! Pour un lamentu, c'en est un. J'aime ces tempêtes, Weithering Hights, elles me mettent en transe. Je vais peut-être finir par me métamorphoser, qui sait, en chêne millénaire ou en épervier des cimes ? Ici le cosmos est souverain ! Et c'est exaltant.
Rédigé par : Angèle Paoli | 26 novembre 2007 à 00:22
Corps y es-tu vient de faire l'objet d'une publication aux éditions Les Aresquiers. Livre d'artiste réalisé par Véronique Agostini.
Encres flottantes et gaufrage de Véronique Agostini. Tirage sur velin d'Arches 250gr. 12 exemplaires signés et numérotés par l'auteure et l'artiste dont 1 exemplaire unique avec 5 Encres flottantes originales. Chaque exemplaire contient un gaufrage original.
Rédigé par : Webmestre de TdF | 24 juin 2009 à 18:35