Ph., G.AdC
ASSEZ DE MOTS
« Assez de mots. Je préfère m’assoupir. Au-dessus de moi le vol
des oies sauvages, en moi la toux sèche et la braise. –
Un coup de vent tourne le coq du toit. À la fin
c’est moi qui reste. Il est vraiment temps que je devienne
l’acoustique du silence, le dialogue sans cesse dissimulé. Je ne serai
plus le cri de personne, cristallisé au cœur
de l’ambre. Les étoiles sont froides, les gens dans leur appartement allument
des lumières. L’ultrason de la nuit envahit le monde. Que puis-je encore
attendre, que puis-je encore donner ? J’ai retenu le rythme
de la douleur corporelle avec laquelle chaque jour commence l’univers.
Je connais les mensonges des images et des vieux écrits, j’aimerais être
seul à nouveau. Comme les pleurs du nourrisson quand sa mère le quitte. »
Aleš Debeljak, Dictionnaire du silence, 4, in Poésie slovène contemporaine, Éditions Autres temps/Écrits des Forges, Collection « Temps poétique », 1994, page 94. Traduction de Polona Tavčar.
DOVOLJ BESED
Dovolj je besed. Rajši zadremam. Nad mano let
divjih gosi, v meni suh kašelj in žerjavica. –
Piš vetra obrača strešnega petelina. Na koncu
sem ostal jaz. Zares je že čas, da postanem
akustika tišine, zamolčani sprotni dialog. Ne bom
več nikogaršnji krik, ukristaljen v jantarno sre-
dico. Zvezde so mrzle, ljudje v stanovanjih prižigajo
luči. Po svetu ultrazvok noči. Kaj lahko še pri-
čakujem, kaj lahko še dam? Zapomnil sem si ritem
telesne bolečine, s katero se vsak dan začenja svet.
Poznam slepila podob in starih spisov, rad bi bil
spet sam. Kakor dojenčkov jok, ko ga mati zapusti.
Aleš Debeljak, Slovar tišine, Aleph, Ljubljana, 1987.
Un texte magnifique, qui me bouleverse particulièrement ce matin...
Amitié, Angèle !
Rédigé par : agnès | 27 septembre 2007 à 11:00