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EN ROUTE VERS LHASSA
Le 3 août, une pluie fine tombait dès l'aube; des collines en amphithéâtre une brume grisâtre descendait insensiblement dans la plaine; mais au moment du départ, la pluie cessa, et le bord inférieur des nuages s'était allongé en une ligne nette et blanche quand la matinée fut passée. Notre direction était presque en plein est. Nous traversons le pont et faisons route par le sentier embarrassé d'herbe, mais en somme bien tracé, qui, entre les champs de pois et d'orge, nous conduisit à l'éperon nord derrière lequel se cache le monastère de De-bung.
Nous avions à fournir une petite étape de 12 kilomètres avant d'arriver à Lhassa; nous la coupâmes par une courte halte, après que les 5 premiers kilomètres eurent été parcourus sans incident. Nous étions arrêtés au pied du fort en ruine de Shing-Doungar, pittoresque petite citadelle blottie au contrefort d'une hauteur dont le plateau s'appuie sur des piliers de granit. La route passe entre Shing-Doungar et le premier des nombreux lings ou enclos garnis d'une abondante végétation, qui sont une caractéristique curieuse de la plaine dans laquelle se trouve Lhassa. Immédiatement après le fort, la route grimpe sur l'éperon rocheux, dégringole rapidement sur l'autre flanc, et suit un dernier contour de la colline avant de découvrir à plein le monastère de De-bung [...]
Lentement, à mesure que nous nous avancions, les deux collines jumelles qui flanquent Lhassa à l'occident, grandissaient sur l'horizon; quand nous eûmes trouvé, à grand-peine, un espace de terrain sec pour camper à un kilomètre environ de la porte toujours invisible de Lhassa, nous nous arrêtâmes, dominés par les murailles du Palais, dont les contours se dessinent nettement sur la blancheur du ciel de midi.
Quoique le panorama de Lhassa nous fût encore dissimulé par ces deux insupportables collines et l'isthme rocheux qui les unit, le Potala nous montrait une bonne partie de son énorme masse; l'impossibilité de le voir dans son ensemble nous en diminuait l'impression, et cependant elle était déjà pleine de grandeur. Une tour blanche couronne un mur dentelé, de maçonnerie blanche, qui soutient le palais sur son roc escarpé. Derrière, une maçonnerie blanche encore et formidable s'élève, percée d'une multitude de petites fenêtres; plus haut toujours, la bordure d'un toit blanc; au-dessus, la masse rouge et cubique du pavillon central réservé au Dalaï Lama lui-même, et par dessus cet amoncellement les grands toits dorés brillent au soleil. »
Perceval Landon in Michel Jan, Le Voyage en Asie Centrale et au Tibet, éditions Robert Laffont, 1992, pp. 1292-1293.
« Perceval Landon, envoyé particulier du Times, accompagne l’expédition britannique qui, finalement, parviendra à Lhassa. La progression est lente et va durer de l’automne 1903 à août 1904, ponctuée par de vaines recherches pour tenter d’établir le contact avec des représentants du Dalaï-Lama. À travers incidents, combats, négociations, l’expédition conduite par F. Younghusband ira « jusqu’à Lhassa à la baïonnette ». C’est aussi le choc de deux mondes et la découverte d’une ville longtemps interdite. »
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