Image, G.AdC
Le 18 août 1900, 3 h 1/2 du soir.
Hier soir, été, seul à cheval, du côté de la route de Touggourt dans les petites villes semées le long des chemins, Gara, Teksebet, etc. Traversé Teksebet. Petite ville d’aspect mélancolique, délabrée, presque déserte, ruines croulantes à chaque pas.
Repris le chemin d’El Oued au coucher du soleil. Regardé, dans la dune grisâtre, couler le sable, indéfiniment, comme les vagues blanches d’un océan silencieux. Le sommet d’une grande dune pointue, vers l’ouest, semblait fumer, comme un volcan. Puis, le soleil, d’abord jaune, entouré de vapeurs sulfureuses, s’est peu à peu coloré de ses riches teintes d’apothéose de tous les soirs…
Hier, au moment où je montais à cheval, entendu, tout près, les lamentations qui, chez les Arabes, annoncent la mort… C’est la petite fille de Salah le spahi, sœur du petit Abd-el- Kader, qui est morte. Et aujourd’hui, dans une boutique du marché, vu Salah jouant et souriant avec son fils.
Hier, au magh’reb, l’on a enterré la petite dans le sable chaud… et elle a sombré pour jamais dans la grande nuit de l’au-delà, semblable à ces météores rapides qui traversent souvent le ciel profond d’ici.
Isabelle Eberhardt, Écrits sur le sable, Deuxième journalier, Œuvres complètes, tome 1, éditions Grasset, 1988, page 344. |
Retour au répertoire du numéro d'août 2007
Retour à l' index de l'éphéméride culturelle
Retour à l' index des auteurs
Retour à l' index de mes Topiques
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.