Il y a neuf ans, le 30 juillet 2007, le cinéaste italien Michelangelo Antonioni mourait dans sa demeure romaine, quelques heures à peine après la disparition du réalisateur suédois Ingmar Bergman.
Né le 29 septembre 1912 à Ferrare, Antonioni fait ses débuts dans la carrière du cinéma en 1942. Assistant de Marcel Carné, il participe au tournage des Visiteurs du soir. Et réalise la même année Gente del Po, documentaire qui raconte la vie rude des pêcheurs et des bateliers du fleuve. Et inscrit pour un temps le réalisateur dans la lignée du néoréalisme. Dès 1950, Antonioni explore la fragilité du couple et l'impossibilité de l'amour avec son premier long métrage Chronique d'un amour (Cronaca di un amore). Désordres et conflits psychologiques fournissent à Antonioni son champ d'exploration privilégié. « Je fais un film sur l'instabilité des sentiments, sur leurs mystères », déclare Michelangelo Antonioni, à propos de L'Avventura (1960). Une instabilité déjà présente dans Les Vaincus (I Vinti, 1952), La Dame sans camélia (1953), Femmes entre elles (1955). Au cours des années soixante, l'art d'Antonioni s'affine et s'épure. Avec Le Cri (1957), L'Avventura, La Notte (1961), L'Éclipse (1962), Le Désert rouge (1964), Antonioni, témoin de son temps lucide et ascétique, entre dans la modernité. Rompant avec la logique narrative, Antonioni inaugure un nouveau langage cinématographique sans concession à la facilité. Son parti pris de lenteur et ses plans décadrés dérangent, qui accentuent le sentiment du vide jusqu'au malaise. Maître incontesté d'un cinéma exigeant, Antonioni, disciple de Cesare Pavese, s'attache à rendre compte, avec une rigueur privée d'artifice, de « l'effritement des corps et des âmes ». Jusqu'aux extrémités de l'exil intérieur. Suivent Blow up (1966, Palme d'or au Festival de Cannes 1967), Zabriskie Point (1969), Profession Reporter (1975), Identification d'une femme (1982). En 1995, Antonioni signe avec Wim Wenders Par-delà les nuages, son dernier film, ultime tentative en quatre sketches sur le thème de la rencontre entre un homme et une femme. Subtil analyste des émotions, Antonioni, longtemps surnommé le « cinéaste de l'incommunicabilité », est aussi le poète incontesté d'un monde en pleine mutation, un poète qui hypnotise par le raffinement extrême de ses images. Sans cesse en quête de sens. En suspens. Angèle Paoli |
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Ciao Angela,
Bien triste nouvelle. Les derniers grands Italiens s'en vont les uns après les autres.
Rédigé par : Don Diego | 04 août 2007 à 18:49