Le
29 juillet 1890 meurt à Auvers-sur-Oise
Vincent Van Gogh.

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« Le matin du 28 juillet, Theo trouve un Van Gogh calmement couché dans son lit, en train de fumer la pipe, qui attend la mort, troublé par le sentiment du bonheur d'avoir pris une décision. « Je voudrais que ce soit fini », auraient été ses dernières paroles : depuis toujours, les paroles d'adieu ont tendance à styliser les héros. « Il a trouvé la paix qu'il n'avait pu trouver sur terre », reconnut un Theo très triste dans les lignes qu'il écrivit à sa mère, et « Il était entièrement mon frère. » Ce lamento lapidaire dit peut-être déjà tout à propos des relations des deux frères.
Dans la veste de Vincent se trouvait une lettre qu'il avait voulu cacher à son frère. Elle lui semblait sans doute trop rude, trop profondément expressive, pour vouloir importuner Theo, qui était fourré dans les difficultés jusqu'au cou. Il écrivit à la place une deuxième lettre, plus neutre et plus superficielle. C'est ainsi que la première lettre, la 652 qui ne partit pas, devint le testament de Vincent. Elle se terminait par les phrases suivantes, des pensées qui, malgré leur pessimisme, évoquent leurs points communs familiers : « Et pourtant, mon cher frère, restons-en sur ce que je t'ai toujours dit, et je le dis encore une fois avec tout le poids qu'une réflexion intense, recueillie quant à la façon dont on pourrait l'exprimer le mieux, confère à une déclaration - je te le dis encore une fois : pour moi, tu n'es pas seulement un simple marchand d'art, qui vend des Corots, mais par mon intermédiaire tu participes aussi à la création de certains tableaux qui conservent leur calme même dans la débâcle. Car nous en sommes là, et c'est tout ou, du moins, c'est le plus important que je puisse te dire dans un moment très critique. Dans un moment où la situation entre marchands de tableaux d'artistes décédés et marchands de tableaux d'artistes vivants est très tendue. Et mon propre travail, eh bien, je mets ma vie en jeu, et mon esprit y est resté pour moitié - bon -, mais, pour autant que je sache, tu ne fais pas partie des marchands d'esclaves et tu peux, je trouve, prendre position et agir vraiment humainement - mais que faire ? » Ces lignes renferment plus que le fatalisme secret, dont le ton faussement profond se laisse distiller de toute lettre d'adieu. Ces lignes évoquent une sorte de fusion intellectuelle avec le véritable alter ego de sa vie, avec Theo : « L'étranger sur terre » a un frère jumeau. En fin de compte, ces lignes exposent le motif concret de Vincent, si évident, que personne ne l'a encore saisi jusqu'ici [...]
Dans son suicide, la folie de Van Gogh frappe une dernière fois autour d'elle, assurent les uns ; dans son suicide, culmine sa passion personnelle, son propre chemin de croix, son « Imitation Christi », disent les autres. Ces deux hypothèses touchent certainement un point crucial dans la mesure où elles se servent du topique que Van Gogh avait souvent, et d'une manière trop violente, reporté sur lui-même. L'unité de l'art et de la vie fête son plus grand triomphe dans l'esthétique de la mort, dans la fin tragique que transmettent le drame, le requiem et le tableau historique. »
Ingo F. Walther, Rainer Metzger, Van Gogh. L'Œuvre complet - Peinture, Taschen, 2001, pp. 671-672.
J'aime ses estampes japonaises. On peut en voir au musée d'Amsterdam; très beau musée aussi où sont exposées ses peintures pointillistes.
Rédigé par : Pascale Arguedas | 01 août 2007 à 12:11
OT (Off-Topic)
Bonjour,
Je m'appelle Stéphane Fauchille, j'ai été élève à la Providence durant 9 ans et avec vous en 6e et en 5e, c'était fin des années 1970. J'étais un élève sympathique, créatif, turbulent et bordélique. Difficile malgré tout d'imaginer que vous vous souveniez de moi, compte tenu de la masse de gamins que vous avez dû voir défiler. (Le roman de Renart et l'atelier du théâtre, peut-être). En tout cas moi je me souviens très bien de deux ou trois professeurs marquants et je ne peux pas résister à l'envie de vous envoyer un message. J'ai eu l'adresse de votre blog par Marianne Cantacuzène et Bruno Hic qui sont maintenant des amis.
Je reviens ces jours-ci de Corse où je n'avais jamais mis les pieds, j'ai été enthousiasmé par la singularité de ce pays qui n'est comparable à rien d'autre qu'à lui-même (si ce n'est peut-être la Sicile) et qui ignore l'uniformisation rampante sans sombrer du tout dans une mélancolie orgueilleuse. J'ai vraiment eu l'impression d'être ailleurs. C'était une révélation.
Pardonnez-moi ces considérations touristiques. Je suis devenu artiste plasticien (j'ai réalisé des décors pour les zic zazou) et je vis à Paris.
Bruno m'a dit que vous veniez de vous réinstaller en Corse. Encore un souvenir : La plaque de votre R5 blanche (je crois) immatriculée 2A, je me demandais alors ce que cela pouvait bien signifier. J'ai compris seulement cet été!
Avec mon meilleur sentiment,
S.F.
Rédigé par : Stéphane Fauchille | 16 août 2007 à 23:59