Le
27 juillet 1910 naît à Saint-Florent-le-Vieil, dans le Maine-et-Loire,
Julien Gracq. De son vrai nom Louis Poirier.
Ph., G.AdC
« De 1921 à 1928, études au lycée Clemenceau, à Nantes, où il est interne. Il me plaît de voir s'enraciner là le thème majeur des vacances et de la mer, un des chemins de fuite lancinants qui aère la prose de Julien Gracq, et autour duquel se cristallisera le vœu, toujours présent dans l'œuvre, d'une « désertion », d'un goût pour les lisières, les zones frontalières, dont les vacances ou la guerre, ces « grandes vacances », constituent comme une approche menacée et d'autant plus aiguë. Lecture de Jules Verne, Edgar Poe, et de Le Rouge et le Noir : Premier « tapis volant », « premier amour sauvage, ébloui, exclusif, et tel que (je) ne peux le comparer à aucun autre. — J'ai dû en garder quelques rides juvéniles et creuses, comme de la rencontre de Madame de Charrière Benjamin Constant. » En 1925, le lancement du bateau L'Île-de-France provoque chez le jeune adolescent une si forte émotion qu'on peut déjà y déceler cette fascination pour le départ, l’appareillage, qui marquera durablement l'œuvre de Julien Gracq : « J'ai assisté avant la guerre au lancement du paquebot Île-de-France. Quand on enlève les derniers vérins, la coque commence à glisser avec une extraordinaire lenteur, au point qu'on se demande un assez long moment où elle bouge ou ne bouge pas. Alors, avant même qu'on s'en soit rendu compte, on voit de grandes fumées qui s'élèvent : ce sont les tonnes de suif dont on a enduites glissières qui se volatilisent. C'est un spectacle très impressionnant. Cela me faisait un peu comprendre, de façon parlante, ce qui m'émeut surtout dans le sentiment de départ. On sentait, on voyait d'un coup qu'il y avait, derrière cet ébranlement presque millimétrique, une extraordinaire pression. » En 1928, il est étudiant à Paris, en Lettres supérieures, au lycée Henri IV. Alain est un de ses professeurs. Révélation de Wagner, à travers Parsifal, œuvre riche en retentissement pour Julien Gracq, et qui substitue au sacré convenu et défraîchi de la pratique religieuse celle d'une liturgie fertile, magnétisée par la puissance ténébreuse de « l'Ogre » de Bayreuth, et dont la quête du Graal ne sera pas le moindre apport. En 1930, études de géographie à Normale supérieure, et cours à l'École libre des sciences politiques, dont il sortira diplômé en 1933. En parcourant la Bretagne, encouragé par Henry Queffélec, découverte du nom d'Argol. Lecture de Nadja d'André Breton : Julien Gracq, loin « d'avoir rendu sa copie à vingt ans », considère la découverte du surréalisme comme une deuxième naissance. 1935 : il obtient son agrégation d'histoire et s'acquitte de ses obligations militaires. Nommé professeur à Nantes, au lycée Clemenceau (où il fut élève). En 1937, professeur à Quimper, où il écrit son premier roman : Au château d'Argol, que la NRF refuse. C'est en 1938 que le roman sera édité à compte d'auteur chez José Corti. Cent cinquante exemplaires seront vendus. Parmi ses lecteurs figurent Thierry Maulnier, Edmond Jaloux... et André Breton. En 1939, Julien Gracq rencontre ce dernier à Nantes, Hôtel de la Vendée. Mobilisation générale. Gracq, affecté dans l'infanterie, ira à Quimper, puis en Lorraine, enfin à Dunkerque dont il ne gardera qu'un souvenir de confusion sans intérêt pour l'imaginaire : « Il n'y avait rien à prendre pour moi là-dedans. » Prisonnier en juin 1940, il est expédié en Silésie dans un stalag où, tombé malade, il se voit rapatrier à Marseille. Nommé professeur à Amiens, puis à Angers. Nouvelle découverte littéraire importante : Sur les falaises de marbre, d'Ernst Jünger, qu'il rencontrera une fois la guerre terminée.
En 1945, publication de son deuxième roman : Un beau ténébreux. »
Jean Carrière, Julien Gracq ou Les Reflets du rivage, Éditions du Relié, 2002, pp. 15-16-17.
Je suis toujours surprise lorsque je lis des textes sur Julien Gracq que peu s'attardent sur son oeuvre fragmentée, la plus belle à mes yeux, bien plus que ses romans. Baladez-vous dans Les Eaux étroites, La Forme d'une ville, En lisant en écrivant, ses différentes Lettrines ou son merveilleux Carnets du grand chemin. Vous verrez, peut-être, que vous partagerez mon humble avis.
Bien à vous,
Pascale
Rédigé par : Pascale Arguedas | 28 juillet 2007 à 13:52
Les plus grands textes, Pascale, mais aussi les plus faibles, comme Autour des sept collines, où, dans sa volonté un peu trop appuyée de démythifier, Julien Gracq fait dans le même temps la démonstration des limites de son regard.
Pour ma part, je tiens l'oeuvre de Gracq pour un tout, mon texte préféré restant depuis toujours une nouvelle tirée de La Presqu'île : "Le Roi Cophetua".
Rédigé par : Yves | 28 juillet 2007 à 17:18
Je ne partage pas votre avis, Yves, mais je le respecte.
Rédigé par : Pascale | 01 août 2007 à 12:09