Ph., G.AdC 20 juillet 1945. Chéri, bien-aimé, Rêvasserie du soir. Je voudrais effeuiller les jours ― les jours révolus et les jours à venir ― et m’en aller vers ton cœur au son d’une mélodie. Douce, elle te serait si douce que tu deviendrais grand et riche, que tu devrais tendre les bras rien que pour tout embrasser. Divin est l’excès. La musique est hors de portée. Tout autour s’élèvent des voix pour aider à oublier les bruits de fond du jour et à tenir sa tête entre ses mains… que tu puisses écouter, bienveillant, le regard absent ou plongé tout à la fois en toi et dans le ciel. Le sang se met à couler en toi, en sorte que les soupirs reposent sur tes lèvres et qu’un souffle d’air les emporte, le supplice se déliera pour devenir plus suppliciant encore, le plaisir écumera et fleurira en un débordement de plaisir. Mais au fond de toi le bonheur t’opprimera, le bonheur de tout cela, de toi, de Dieu et moi, de la terre et des vastes cieux, ton cœur s’envole en flammes que tu ne peux étouffer. Merci, merci ! « Le monde ne connaît d’autres joies pareilles ! » Ingeborg Bachmann, Lettres à Felician [Briefe an Felician, 1991], Actes Sud, 2006, pp. 73-74. Traduit de l’allemand et préfacé par Pierre-Emmanuel Dauzat. |
■ Ingeborg Bachmann sur Terres de femmes ▼ → Lettres à Felician (lecture d’AP) → Schatten Rosen Schatten (poème extrait d’Invocation de la Grande Ourse) → 17 octobre 1973 | Mort d’Ingeborg Bachmann (+ extrait de Malina) → (dans la galerie Visages de femmes) le portrait d'Ingeborg Bachmann |
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Chère Angèle,
On dirait que ce retour de vacances soit placé sous le signe de l'amour... Mais que s'est-il donc passé durant cette absence ?
Amicalement
Jacques
Rédigé par : jacques barozzi | 20 juillet 2007 à 15:59
à paraître à la rentrée un Thesaurus, traduit de l'allemand, 14 x 20,5 / 700 pages
ISBN 978-2-7427-8543-8 / AS8227, 28,00 €, chez Actes Sud. On l'espère très complet.
Rédigé par : Claude | 20 juillet 2009 à 09:32
Un grand merci pour publier cette lettre d'une écrivaine qui compte beaucoup pour moi.
Le souvenir de sa pièce Le Bon Dieu de Manhattan m'est revenu plusieurs fois ces derniers temps, soit en faisant le jeu des couples d'amoureux les plus célèbres de la littérature mondiale avec mes enfants, soit en pensant à la lâcheté fréquente des hommes (mâles) face à l'amour.
amicalement
Martin
Rédigé par : martin | 20 juillet 2009 à 09:38