Photocollage, G.AdC
PLAGE DU PROPHÈTE
« Plage du Prophète à Marseille
Ils se sont arrêtés.
D’abord la fille aux yeux gris verts
Des mers du Nord
Et au sourire mûri sur les berges du Nil
L’ami ensuite
Le poète des Hauts Pays
Attentif aux murmures des passeurs
Sur les sentiers arides des exils
Le plus âgé enfin
Homme aux semelles de vent
Tantôt Afghan, tantôt Mongol
Porté par des mondes d’hier entrevus
Plage du Prophète
Ils ont porté leurs pas
Vers le soleil couchant
Une vague est venue lécher leurs pieds
Bénédiction du Prophète
Prophète anonyme
De ceux qui croient
Aux vérités de la beauté
Plage du Prophète
Du Prophète »
7 janvier 2000
Jean-Claude Izzo, Plage du Prophète, Disque Le Chant du monde, 874 1095.
L’écrivain et « bourlingueur » Jean-Claude Izzo (fils de barman italien et d’une couturière espagnole) a écrit ce poème le 7 janvier 2000, peu avant sa mort, survenue le 26 janvier 2000 à Marseille. Ce poème est notamment dit par le destinataire de ce poème, le « cantautore » italien Gianmaria Testa, dans le disque La Valse d’un jour (Le Chant du monde, 874 1095).
En dehors de ses célèbres « polars », Izzo est notamment l’auteur de nombreux recueils de poèmes (dont Loin de tous rivages, Editions du Ricochet, 1997 et L'Aride des jours, Éditions du Ricochet, 1999) et d’un recueil de nouvelles (Vivre fatigue, Librio, 1998), un hymne à la Méditerranée.
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D'actualité bien sûr, toujours. Et magnifique. Bien sûr.
Amitiés
Rédigé par : Pascale | 03 juin 2007 à 13:02
Oui, Pascale, "les enfants ce sont les mêmes, à Paris ou à Göttingen."
Rédigé par : Yves | 03 juin 2007 à 17:41
Les enfants de Marseille vont se baigner "au Prophète". Enclave populaire dans le quartier désormais huppé du Roucas Blanc. Le bus qui file sur la Corniche s'arrête juste au-dessus de la plage. On dévale quelques marches et c'est l'arrivée sur le sable. Il y a là un microcosme au sein duquel chacun a son coin : les nanas d'un côté, les pêcheurs sur la digue, et les enfants... partout. Lorsque tout s'est calmé, le soleil couchant y est magnifique et bien souvent ponctué par les rythmes doux des jumbees des jeunes qui commencent ici leurs longues soirées d'été. Izzo devait avoir de l'affection pour ce lieu ouvert à tous. Je ne connaissais pas sa poésie. Merci de l'avoir publiée.
Rédigé par : christiane | 05 juin 2007 à 11:53
"Je suis né à Marseille. De père italien et de mère espagnole. D'un de ces croisements dont la ville a le secret. Naître à Marseille n'est jamais un hasard. Marseille est, a toujours été, le port des exils, des exils méditerranéens, des exils de nos anciennes routes coloniales aussi. Ici, celui qui débarque un jour sur le port, il est forcément chez lui. D'où que l'on vienne, on est chez soi à Marseille. Dans les rues, on croise des visages familiers, des odeurs familières. Dès le premier regard.
C'est pour ça que j'aime cette ville, ma ville. Elle est belle pour cette familiarité qui est comme du pain à partager entre nous. Elle n'est belle que par humanité. Le reste n'est que chauvinisme. De belles villes, avec de beaux monuments, il y en a plein l'Europe. De belles rades, de belles baies, des ports magnifiques, il y en a plein le monde. Je ne suis pas chauvin. Je suis marseillais. C'est-à-dire d'ici, passionnément, et de tous les ailleurs en même temps. Marseille, c'est ma culture du monde. Ma première éducation du monde.
C'est par ces routes de navigation anciennes, vers l'Orient, l'Afrique, puis vers les Amériques, ces routes réelles pour quelques-uns d'entre nous, rêvées pour la plupart des autres, que Marseille vit, où que l'on aille. Paris est une attraction. Marseille est un passeport. Quand je suis loin, et cela m'arrive souvent, je pense à Marseille sans nostalgie. Mais avec la même émotion que pour la femme aimée, délaissée le temps d'un voyage, et que l'on désire de plus en plus retrouver au fur et à mesure que passent les jours.
Je crois à cela, à ce que j'ai appris dans les rues de Marseille, et qui me colle à la peau : l'accueil, la tolérance, le respect de l'autre, l'amitié sans concession et la fidélité, cette qualité essentielle de l'amour. (...)
J'aime croire - car j'ai été élevé ainsi - que Marseille, ma ville, n'est pas une fin en soi. Mais seulement une porte ouverte. Sur le monde, sur les autres. Une porte qui resterait ouverte, toujours."
Jean-Claude Izzo, Marseille, Editions Hoëbeke, 2000.
Rédigé par : traces | 30 septembre 2007 à 12:16
Magnifique poème!!!
Je suis nouvelle arrivante à Marseille et m'interroge beaucoup sur l'origine du nom de cette plage "du Prophète"... est-ce que quelqu'un pourrait me renseigner svp ? De quel Prophète s'agirait-il ? Merci.
Rédigé par : Naila | 26 août 2010 à 12:04