A PUNTA MURTALE Fillette peau de mélisse surgie des rehauts de la plage qui s'étire méroétique dans le soleil frétille cul rebondi sur ses jambes de statue noire - étrangère au suicide de celui que tu revois - paupières closes - enfant balancé au bout de sa corde jusqu'à l'abstraction du ciel grenier refermé sur la douleur dans le bras lourd des contingences la houle de ce jour d'hiver la montagne pourtant n'a rien perdu de son éclat ni le maquis de son mystère ressassement régulier de la vague liftée drue et longue dans le soleil bercement matinal sous la lumière dense déjà cailloux égrenés en silence le long de la colonne vertébrale du ciel au passage un sourire hypnotique gravé dans la rondeur de la pierre - visage - les derniers coquelicots bouquets d'ongles de sang dans le soleil a punta murtale je t'aime je ne cherche pas à te fuir j'écoute les grésillements d'élytres affolés au-dessus de la lampe j'exulte dans le soleil pépiement de lumière hors-saison polissé par la rondeur des jours le bonheur galet rond roule entre tes lèvres douces-baiser les effluves de midi mordent ta joue et c'est déjà l'été grandi dans le soleil Angèle Paoli, Noir écrin, A Fior di Carta Éditions, Barrettali (Haute-Corse), 2007, page 40. D.R. Texte angèlepaoli Photos, G.AdC |
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Recomposer le décor inventé de ses mots sur un écran. Installer à la façon d’un aquatintiste un premier plan d’herbes folles embrasées de l’orangé estival des fleurs de cistes dans la scintillance d’un soleil couchant…
Peu importe l’art. Piero della Francesca ou Leonardo ne parviendront pas à le réconcilier avec sa peine. Elle n'est pas avec lui, mais elle est là, dans le contre-jour rasant, dans le sombre que font maintenant les silhouettes des arbres dans le lointain, surgis de l’arrière-plan des toiles de maîtres de la Renaissance.
Lui en attitude instable est au sommet d‘une montagne, sur le plus haut sommet de l’île, dans cet équilibre précaire qui le fait hésiter entre le renoncement et la création. Il sait la profonde ambivalence de son insularité, de sa gémellité, de son double caractère paradoxal.
Son attachement à sa terre devrait signifier ouverture sur l’immensité de l’infini marin, mais elle est fermeture, celle des vallées encaissées des montagnes. Tantôt il penche vers l'un des versants, tantôt l’autre l’attire. Qui mieux que lui-même, elle peut-être, elle qui écrit, qui se décrit, qui décrit la déconvenue, l'insatisfaction, le doute, le risque, le pari incertain, la complexité embarrassante, sait ?
Elle.
Amicizia
Guidu___
Rédigé par : Guidu | 14 juin 2007 à 16:27