Éditions Flammarion, Collection Poésie/Flammarion, 2006.
Prix des Découvreurs 2007.
Lecture d’Angèle Paoli
COMMENT HABITER L’INHABITABLE Comment habiter l’inhabitable ? Comment s’y fondre et comment y vivre ? Comment rendre habitable ce que la mort réduit à un trou de terre qui s’ouvre sous le cercueil, comment habiter la vie et la mort, la vie avec la mort ? L’Inhabitable refermé, la mort s’efface doucement. Seule persiste la sensation précise de l’odeur de l'amour au bout des doigts. Et cet éros léger qui court d’une section à l'autre, comme un frisson entêté. Tout cela qu’Ariane Dreyfus nomme « La greffe incompréhensible des amours sur le moi persistant » demeure. Avec ce rien de souffrance inhérente à l'amour. Baisers bouche salive lèvres sperme sexe, Ariane Dreyfus les offre en partage, presque impudiquement, et ces caresses du visage ― le visage surtout ― ajustement de mains qui signent la présence fascinée à l’autre. D'une rencontre à l’autre se dit et se vit l'échange. Effleurements progressifs des corps, puis étreintes savoureuses. Partage et échanges de mots aussi, la poésie étant au centre. « Sans doute tu vas t’arrêter d'écrire pour m’ouvrir.
Tu vas cesser de mâcher dans l’obscurité ». De Stéphane Bouquet, poète ― à qui Ariane Dreyfus dédie L'Inhabitable ―, à Georges B, Ariane (s')expose et déclare : « Je nomme toujours l'ami »/« Nommer c’est entièrement ». Pratique qui surprend au premier abord et peut-être dérange ou agace, mais qui rend compte de l’authenticité du poète à dire son désir et à inscrire l’amant dans ce désir. À mi-parcours de la lecture, la section « La greffe incompréhensible des amours sur le moi persistant », images de l’enfant et de ses rêves, ouvre une dérive douce sur les empreintes de l’amour, la douleur douce « sans chagrin » de ce qui ne fut qu’un temps et qui n’est plus. Et que, peut-être, seul le poème sauve de l’entière disparition.
« Un homme gorgé de passé, je le caresse avec amour, une
fleur revient à l’extrémité. Un poème pour empêcher qu’elle se ferme. » Habiter L’Inhabitable d’Ariane Dreyfus n’est pas chose aisée. Ni se couler derrière le « je ». À l’immédiateté de l’écriture, rapidité et concision,
« Pas long le poème.
Viens vite ! »
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Ou la valeur de la critique.
Même si ici on serait tenté de ne parler que de lecture tant ce papier est en soi "un texte".
Comment résister à l'envie de mettre son nez, ses yeux plutôt, dans la poésie d'Ariane Dreyfus ?
Référence relevée, ma chère Angèle, merci.
Rédigé par : Edith | 13 juin 2007 à 21:35
Complimenti Angela. Un invito alla lettura da raccogliere... al più presto... vado alla ricerca, intanto, degli altri due poemi in rete.
a.
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... et ces caresses du visage - le visage surtout - ajustement de mains qui signent la présence fascinée à l'autre.
Effleurements progressifs des corps, puis étreintes savoureuses. Partage et échanges de mots aussi, la poésie étant au centre.
« Sans doute tu vas t'arrêter d'écrire pour m'ouvrir.
Tu vas cesser de mâcher dans l'obscurité ».
« Je nomme toujours l'ami »/« Nommer c'est entièrement ».
« Un homme gorgé de passé, je le caresse avec amour, une
fleur revient à l'extrémité.
Un poème pour empêcher qu'elle se ferme. »
Le désarroi et la tristesse se mesurent à l'aune de la baguette de pain. Et des miettes caressées « qui écorchent la nappe/Aujourd'hui ». Mais elle s'inscrit aussi dans l'instant polysémique de l'étreinte - « Me passe la main sur le visage » - et de la fusion. Des corps et de l'âme.
« En pleine vie l'attirante tendresse.
L'âme se fend, l'âme c'est mieux. »
Et « Si mourir était cette douceur de tomber pour aller embrasser » ?
Rédigé par : alfred | 13 juin 2007 à 21:52
« Si mourir était cette douceur de tomber pour aller embrasser » => "Si ch'io vorrei morire" (Monteverdi).
Rédigé par : Yves | 13 juin 2007 à 23:48
Splendida questa tua lettura Angèle, una voce poetica eroticissima, da assaporare e seguire, ti ringrazio per avermela fatta scoprire!
E che piacere poter ascoltare uno dei miei madrigali preferiti, grazie Yves!
un abbraccio a voi
rita
Rédigé par : farouche | 14 juin 2007 à 01:34