Le 28 juin 1867 naît à Girgenti - de nos jours Agrigente - Luigi Pirandello.
Image, G.AdC
LES ORIGINES SICILIENNES
Luigi Pirandello est issu d’une famille aisée de Sicile, exerçant le commerce du soufre. Caterina Ricci-Gramitto, sa mère, appartient à une famille favorable à l’Unité italienne. Son père, Stefano Pirandello, avait soutenu Garibaldi. Luigi Pirandello passe sa toute première enfance à Girgenti et à Porto Empedocle, puis quitte sa ville natale pour Palerme. Où il entreprend des études de droit et de lettres. C’est à Palerme aussi qu’il fait la connaissance de futurs dirigeants fascistes italiens. L’Italie, secouée par des problèmes politico-religieux, connaît une grave crise, encore aggravée par la mort de Victor Emmanuel II (1878), puis par celle de Garibaldi (1882).
Inscrit à l’université de Rome, puis de Bonn, Pirandello commence à écrire. Ses maîtres sont Giovanni Verga (1840-1922) et Luigi Capuana (1839-1915), tous deux issus de la même antique Trinacria, la même terre sicilienne. Pirandello compose alors des œuvres théâtrales qui ne nous sont pas parvenues. Mais aussi des poèmes lyriques. De retour à Rome, il participe à diverses revues littéraires. Il se marie à Girgenti le 27 janvier 1894. De son mariage avec Maria Antonietta Portulano, fille de l’associé de son père, naissent trois enfants. De cette époque datent ses premières publications, un recueil de nouvelles intitulé Amori senza amore/Amours sans amour (1894).
LE TRAVAIL DE L’ÉCRIVAIN
En 1903, la Sicile, déjà très éprouvée par les secousses politiques, est touchée par un effondrement de la soufrière dans laquelle la famille de Pirandello avait investi une grande part de ses biens. Ruiné, Luigi Pirandello est au bord du suicide. Cette crise personnelle lui inspire son roman Il fu Mattia Pascal/Feu Mathias Pascal (1904). Pour surmonter ses difficultés, Pirandello se jette à corps perdu dans le travail, donne des cours particuliers d’allemand et d’italien, se lance dans la rédaction de deux essais littéraires : L’umorismo/ L’humorisme (1908) et Arte e scienza/Art et science. Le succès éditorial de Il fu Mattia Pascal lui vaut de faire son entrée dans la maison d’édition Treves. Dans le même temps, il publie dans différentes revues articles et nouvelles. Une cinquantaine entre 1912 et 1915. En juillet 1916, le succès de Pensaci, Giacomino ! (Méfie-toi, Giacomino !), porté à la scène par Angelo Musco, le pousse à exploiter sa verve théâtrale et son talent de moraliste. Écrites en 1917, les trois comédies suivantes, Cosi è/Si tu veux, Il berretto a sonagli/Le Béret à grelots, La Giara/La Jarre remportent un vif succès et marquent une transition dans l’œuvre de Pirandello : le passage du vérisme à la veine proprement pirandellienne.
PETITE DRAMATURGIE SÉLECTIVE
Le 9 mai 1921 la représentation à Rome de Six personnages en quête d’auteur, première comédie consacrée au théâtre dans le théâtre, suscite avis contrastés et remous. Tandis que cette pièce d’une veine tout à fait innovante voyage de Londres à New York, Henri IV est représenté à Milan le 24 février 1922, par la compagnie Ruggero Ruggeri ; Vestire gli ignudi/Vêtir ceux qui sont nus est représenté à Rome en novembre 1922. Monté par la compagnie Maria Melato. La même année, Adriano Tilgher, ami de Pirandello, publie les Studi per il teatro contemporaneo/ Études pour le théâtre contemporain. Comédies et représentations se succèdent. Come tu mi vuoi/Comme tu me veux, Questa sera si recita a soggetto/Ce soir on improvise datent de 1930. Aux comédies s’ajoutent les nouvelles, rassemblées sous le titre définitif de Novelle per un anno/Nouvelles pour une année.
Récompensé le 9 novembre 1934 par le Prix Nobel, Luigi Pirandello meurt à Rome le 10 décembre 1936.
CAOS
Luigi Pirandello repose à Caos, dans le jardin de sa maison natale (aujourd'hui transformée en musée). En surplomb de l’immense ravin qui découpe la montagne et descend jusqu’à Porto Empedocle. L’urne funéraire qui contient les cendres du grand écrivain est incrustée dans une stèle de pierre, au pied d’un pin parasol, récemment déchiqueté par la foudre. Les rumeurs lointaines de la ville baignent la campagne alentour. Les lumières de Girgenti se mêlent au halo de la lune et illuminent les formes fantomatiques du paysage sublime et grandiose de Caos. Qui a inspiré le film éponyme des frères Taviani : Kaos.
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
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