Il y a cinquante-quatre ans, le 16 juin 1966, l’œuvre poétique de Pierre Jean Jouve était consacrée par le Grand Prix de poésie de l’Académie Française.
Jusqu’à ces dernières années, Pierre Jean Jouve (1887-1976) faisait encore figure de poète maudit. Tout comme ses maîtres symbolistes du siècle passé (à l’exception de Mallarmé qui, lui, n’a jamais connu les « Enfers »), Pierre Jean Jouve ne faisait pas partie du cercle des poètes honorés par la gent critique. On aurait presque pu dire qu’il n’était pas en odeur de sainteté. La spiritualité ayant très mauvaise presse dans les temps de matérialisme désenchanté qui ont été les nôtres au cours des dernières décennies. Pierre Jean Jouve est enfin redécouvert, mais il est vrai que sa poésie n’est pas d’un accès facile et que le poète s'est toujours tenu à distance des foules et des modes, dans un silence choisi : « La poésie est soumise à une secrète interdiction », proclama un jour le poète. C’est que, pour Jouve, la Poésie a quelque chose à voir avec le mystère qui dépasse l’homme. Elle se réclame d’une haute exigence qui va l’amble avec une recherche incessante de la vérité. Loin de se satisfaire des jeux ordinaires du langage et du divertissement, elle est au contraire « l’expression des hauteurs du langage » (En miroir, 1954). La crise morale qui secoue gravement Pierre Jean Jouve en 1926, le conduit à renier son œuvre passée. Séparation d’avec les poèmes de jeunesse, d’inspiration symboliste, parus dès 1906 dans Les Bandeaux d’or. Revue dont il a été le fondateur. Prise de distance également avec les groupes de poètes dont il a subi un temps l’influence. Pourtant demeurent en lui des figures tutélaires puissantes : Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé. Mais aussi Le Tasse, William Blake, Hölderlin, Novalis et Mozart. Et, parmi les poètes contemporains, Eugenio Montale et Giuseppe Ungaretti, dont il a été le traducteur. Forces bienveillantes, salvatrices. Qui tirent le poète vers l’azur. La découverte de la psychanalyse, grâce à sa rencontre avec Blanche Reverchon, conduit aussi Pierre Jean Jouve à approfondir la connaissance qu’il a de lui-même et à s’interroger sur la double perspective du freudisme et du mysticisme. Deux dimensions constitutives de sa personnalité. Qui se construit sur la figure trinitaire « Inconscient, Spiritualité, Catastrophe », énoncée dans l’avant-propos de Sueur de sang (1933). À quoi il convient d’ajouter « La Voix, le Sexe et la Mort », qui donnent les clés de Proses (1960). Mais aussi de l’œuvre tout entière, dont Hécate et Paulina 1880. Chez P. J. Jouve s’entrecroisent des réseaux de forces antagonistes. Une quête insatiable où l’érotisme violent n’a d’égal qu'une angoisse mystique que rien ne parvient à apaiser. Dans la poésie de Jouve, savante architecture, s’érige l’image de l’homme solitaire qui cherche, « par-delà les regards usés et les faces d’ennemis », le but ultime. « La sainte Indifférence ». Angèle Paoli D.R. Texte angèlepaoli |
PIERRE JEAN JOUVE ■ Pierre Jean Jouve sur Terres de femmes ▼ → [Les soleils disparus](poème extrait d’Inventions) → La Femme et la Terre (autre poème issu de « Hélène », Matière céleste) → Friedrich Hölderlin, Tinian, in Pierre Jean Jouve, Poèmes de la Folie de Hölderlin → 11 octobre 1887 | Naissance de Pierre Jean Jouve (article sur Paulina 1880 + extrait) → La rencontre Hölderlin-Jouve-Klossowski par Béatrice Bonhomme et Jean-Paul Louis-Lambert ■ Voir aussi ▼ → le site Pierre Jean Jouve de Béatrice Bonhomme et Jean-Paul Louis-Lambert |
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Le hasard a voulu que je termine de visionner Laurent Hilaire et Isabelle Guérin, tout à l’heure, dans l’enregistrement du Parc à Bastille (avril 1999) -- chorégraphie de Angelin Preljocaj, création sonore de Goran Vejvoda et musique de Mozart.
L’inspiration est baroque, la lecture française et le parti pris cinématographique tout à fait novateur sur le plan filmique : à écouter les yeux grand ouverts, avant ou après avoir lu P J. Jouve, Lafayette, Scudéry ...
amicalement.
Rédigé par : Déborah Heissler | 17 juin 2007 à 13:30
All’altro mondo
Bello sugli altopiani di deserti e pergolati
Nella desolazione ferita di antri verdi !
Dolce sentire la mano delicata del cielo
Frugare il posto vuoto del cuore.
Laggiù splendore di muri
Uccelli freschi che volano
Troppi velluti da sopportare
Risuonano delle pieghe di un cielo
pesante blu rigurgitante raggi morti.
Adorabile nastro di carne si distende
È morta ! e nastri d’infiniti ornamenti
Arbusti di sessi biondi su vergini
Membri maschili su fianchi di donne
Ovunque erettili seni potenti
Fanno scorta nella piena luce delle allusioni.
Io che corsi infelice e nudo vedo
Il tuo occhio che apre la palpebra del tuo cuore.
Rédigé par : alfred | 20 juin 2007 à 21:29
Mi piace ciò che dici Angèle su Jouve e come lo dici, sempre con grande attenzione al contesto storico... Jouve in Italia è pressocché sconosciuto e a quanto sento in Francia oscurato, dimenticato... Dovremmo invece riaccostarci alla sua sapiente parola, a questa onesta e tormentata ricerca di verità proprio in tempi di grande materialismo come quelli che stiamo vivendo. L'intensa bellezza della sua poesia che come poche tra i contemporanei sa fondere la visione spirituale, mistica con la carnalità e l'erotismo più acceso ci riconduce al Mito,alle visioni primigenie, arcaiche che poi sono le più potenti, anche come dici giustamente, attraverso altri numi tutelari della poesia di ogni tempo.
Grazie per questa riflessione che "ci conduce verso l'azzurro"
r.
Rédigé par : rita | 21 juin 2007 à 13:44