Ph., G.AdC
CELLE QUI N’ÉTAIT PAS À SA FENÊTRE
J’étais là, insistante, à chercher la faille. Ces défenses faisaient entrer la maison dans une autre dimension. La mémoire qu’elles réveillaient renvoyait à l’élémentaire quand l’arbre peut-être guérissait la pierre.
Comment trouver le pas qui amenait au centre de la légende ? Fossiles, traces, fougères, bras morts, cloques, lézardes et silence. Silence. Autant de mots pour nommer ce qui restait. Après. Après quoi ? Quelle vie ? De ricochet en ricochet : peintures écaillées dedans, dehors crépi éclaté. Des jours à contempler cette vie déchue. De la richesse à l’appauvrissement, comme pour tous ; et moi dans l’alchimie pour faire rendre raison à ma douloureuse attirance.
La maison était là. Chair épuisée, pierre pérenne. Un cadavre debout, enraciné à la terre par la plainte : le chemin qui nous mène, on suit sa trace, la sève l’irrigue, notre vie naît, naît et s’étouffe. Témoin du miracle d’être en sa fugacité, la maison était là pour me rappeler que les siens et moi étions voués à l’autre monde.
C’est alors que j’ai vu celle qui n’était pas à sa fenêtre. […]
Sylvie Fabre G., Le Génie des rencontres, L’Amourier éditions, 2003, pp. 30-31.
" La maison était là." Il suffit de peu pour reparler des jardins, des lavoirs et des criques inamovibles de nos mémoires.
Rédigé par : Mth | 27 mai 2007 à 20:33