Ph., G.AdC
IMMIGRATION ZÉRO
Ou la question est celle-là d’une barque
à fond plat entre Ceuta et Gibraltar
s’y entassent Nourredine Cherifa
Zeth Abdellah Omar Rachid Djamila
et tant d’autres qui ont déchiré leur nom
ici mieux vaut n’être personne qu’avoir
un nom affligé par la soif écarlate
la barque glisse entre eau et ciel tous regardent
où noire va naître la ligne du dehors
j’aime que se lèvent des lumières ultimes
dans le désolé d’une langue de sable
malgré le barbelé de mots abjects comme
seuils de tolérance immigration zéro
reconduite à la frontière (l’infamie
a des mains aux serres artistement vernies
pour tenir le registre des caillots de linge
que la mer avorte entre deux rouleaux d’algues)
- n’être pas et au risque de tout vouloir être
n’est-ce pas
là aussi la question ? »
Renaud Ego, La réalité n’a rien à voir, Le Castor Astral, 2006, page 26.
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Lire sur le même thème, Partir de T. Ben Jelloun et Eldorado de L. Gaudé. Pour ne plus penser que les immigrés "viennent bouffer le pain des Français", comme disait le regretté Fernand Reynaud, il y a si longtemps déjà...
Amitiés, tristes ce soir.
Rédigé par : Pascale | 06 mai 2007 à 20:35
Je n'ai lu ni l'un ni l'autre de ces ouvrages. Mais je retiens. Merci à toi, et ne sois pas triste. A la différence d'autres pays, la France n'est pas encore mûre pour élire une femme à la tête de l'Etat. Elle est engluée à la fois dans ses archaïsmes, ses frilosités et dans les stéréotypes basiques imposés par les chaines de télévision, TF1-Bouygues en tête (panem et circenses). Pour citer Julia Kristeva, les Français ont à nouveau choisi la solution de facilité : "le chef, la sécurisation et le repli identitaire".
Mais ça viendra! Courage!
Rédigé par : Angèle Paoli | 06 mai 2007 à 23:53
Lire ou relire aussi les Fragiles lumières de la terre de la Canadienne Gabrielle Roy, qui écrivait en évoquant son Manitoba natal et les communautés d'émigrants français, québécois, ukrainiens, sudètes... auprès desquelles elle avait grandi:
"J'en arrive à cerner l'essentiel, au fond, de ce que m'a apporté le Manitoba. Les récits de mon père, les voyages auxquels nous conviait ma mère, cette toile de fond du Manitoba où prenaient place les représentants de presque tous les peuples, tout cela en fin de compte me rendait l'"étranger" si proche qu'il cessait d'être étranger. Encore aujourd'hui, si j'entends dire par exemple à propos d'une personne habitant seulement quelques milles plus loin peut-être: "C'est un étranger...", je ne me sens pas libre de ne pas tressaillir intérieurement comme sous le coup d'une injure faite à l'être humain."
Gabrielle Roy, Fragiles Lumières de la terre, Boréal, 1996, p. 164.
Amitiés
Anne
Rédigé par : Anne | 07 mai 2007 à 19:45
se souvenir, pour les sportifs du dimanche, grands bouffeurs de chips et de ces gens qui nous envahissent, de notre admiration pour les voyageurs, les expatriés magnifiques - et changer de regard
Rédigé par : brigetoun | 08 mai 2007 à 10:59