![]() Photocollage, G.AdC
|
RENÉ CHAR ![]() Ph. D.R. Source ■ René Char sur Terres de femmes ▼ → 14 juin 1907 | Naissance de René Char → 3 janvier 1952 | Lettre de Nicolas de Staël à René Char → Dame qui vive, c’est elle → La chambre dans l’espace → La frontière en pointillé → Souvent Isabelle d’Égypte ■ Voir aussi ▼ → (sur TSR Archives) un film de Michel Soutter tourné en 1967 chez René Char, à l'Isle-sur-la-Sorgue |
Retour au répertoire du numéro de mai 2007
Retour à l' index des auteurs
Les figues, l’été
« Je veux les fruits
sur le figuier »
mais il faudra attendre
la fin de l’été
et la maturation
d’un autre messager
de ses autres messages
à un âge
où l’été a passé
sur nos peaux
et sur la courbe de nos pieds.
Il faudra parcourir
mille pages, au moins,
et les monts de Sicile,
la courbe de nos reins
et l’ombre de nos cils
et lorsque tout sera plein
prêt d’imploser
tu pourras cueillir
sur la pointe des pieds
les fruits du figuier
à la fin de l’été.
Rédigé par : Emilie Delivré | 14 mai 2007 à 14:49
René Char m'accompagne depuis quelques décennies. Il reste cependant parfois si fermé que je désespère…
Il est de ces êtres profonds, toujours très présents, qui nous traversent et laissent des traces multiples de leur passage. Des questionnements, des fulgurances sublimes. Sa lecture nous convie à abandonner nos mots-dépouilles, à suivre une parole envolée que rien ne peut asphyxier. Surtout pas la disparition de leur auteur.
"Rien ne m'obsède que la vie "
Rédigé par : nobody | 15 mai 2007 à 11:27
Emilie:
Je me souviens de la blondeur « spigolosa » des terres de Sicile. La paume de ma main épouse les courbes douces dorées par l’été. Le regard caresse à perte de vue les vallonnements que quelques eucalyptus à peine viennent ombrager, de loin en loin. De loin en loin aussi, le moutonnement paisible d’un troupeau. Soudain un nid d’aigle. Un village fondu dans la rocaille, tenu en suspens entre ciel et terre, sur les cils d’un ravin.
Nobody: Je me demande parfois si l'hermétisme n'est pas la garante de la poésie. Résistance, résistance.
J'ouvre Char au hasard et je tombe sur ce texte des Feuillets d'Hypnos (222), dans Fureur et mystère. Le voici:
"Ma renarde, pose ta tête sur mes genoux. Je ne suis pas heureux et pourtant tu suffis. Bougeoir ou météore, il n'est plus de coeur gros ni d'avenir sur terre. Les marches du crépuscule révèlent ton murmure, gîte de menthe et de romarin, confidence échangée entre les rousseurs de l'automne et ta robe légère. Tu es l'âme de la montagne aux flancs profonds, aux roches tues derrière des lèvres d'argile. Que les ailes de ton nez frémissent. Que ta main ferme le sentier et rapproche le rideau des arbres. Ma renarde, en présence des deux astres, le gel et le vent, je place en toi toutes les espérances éboulées, pour un chardon victorieux de la rapace solitude."
René Char, Feuillets d'Hypnos (222) in Fureur et mystère, Editions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1983, p. 229.
Rédigé par : Angèle Paoli | 16 mai 2007 à 23:43
Je ne savais pas que le figuier faisait partie de vos T(r)opiques, Angèle! Je le découvre maintenant, au coeur d’une longue liste, en même temps que la Madonna del Parto, la figure qui, selon moi, représente la féminité totale, incarnée en même temps que spirituelle: femme-mère, femme-amante, femme-sainte, femme-femme, enfin!
Monterchi, Monterchi, près du sépulcre saint…
Je me souviens de demain
Je me rappelle
Dans l’avenir
De ces deux mains
J’en avertis le souvenir
Qui s’assouplit
Dans le creux du ravin
Je me souviens de demain
Et je vois le troupeau
Futur
Et le nid d’aigle
Qui moutonne
Au début de l'automne
Je l’aurai vu !
Je l’avais su !
O, souvenir
Du devenir
Chant
Pur
Et à perte de vue
Rédigé par : Emilie Delivré | 18 mai 2007 à 11:22