Communiqué de la LDH*
Contre-pouvoir et association civique luttant contre l'arbitraire, l'injustice et l'intolérance, la Ligue des droits de l’Homme n’intervient dans le débat électoral que si le bon fonctionnement de la démocratie, l'effectivité de la citoyenneté et le respect des principes de liberté, d'égalité et de fraternité sont en jeu.
Nous venons de vivre cinq années de régression des libertés, de l’égalité et de la fraternité. Tous les pouvoirs ont été accaparés par un seul courant politique. L’autoritarisme, le recours aux moyens d’exception ont accompagné le renforcement du contrôle social, le choix du tout répressif, le recul des droits des justiciables, les attaques contre l’indépendance des juges. L’insécurité sociale a été renforcée pour les plus faibles, la protection sociale fragilisée, la précarité du travail encouragée. Les « marginaux », les « différents », les jeunes des quartiers défavorisés, ont été traités en boucs émissaires, les étrangers traqués jusque dans les écoles maternelles, les familles les plus démunies sanctionnées pour leur pauvreté.
Si Nicolas Sarkozy se voyait confier la plus haute charge de l’Etat, nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas : loi durcissant encore la répression pénale, nouvelle loi anti-étrangers, contrat de travail « unique » se substituant au CDI, sans parler du ministère de l’« identitaire » et de l’immigration… Il est de notre devoir d’alerter les citoyennes et les citoyens de ce pays : la poursuite et l’amplification de la politique menée depuis cinq ans ne serait pas un « rêve » mais un cauchemar. Nous ne voulons pas d’une démocratie muselée qui, parce qu’elle laisserait sur le bord de la route des millions de personnes, attiserait le communautarisme, le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie et ouvrirait la voie aux révoltes sociales.
Nous voulons une autre France : fière de sa diversité, soucieuse que chacun puisse réaliser ses aspirations, porteuse des libertés et rénovant sa démocratie. La France n’est jamais aussi grande que lorsqu’elle met ses actes en accord avec son ambition séculaire de voir tous les droits valoir pour tous. Pendant qu’il en est temps, la LDH appelle les électeurs à choisir la solidarité et non la peur, le respect et non les menaces, l’égalité et non les discriminations.
La Ligue des droits de l’Homme appelle à voter et à faire voter, le 6 mai 2007, pour Ségolène Royal.
Paris, le 28 avril 2007.
* Cliquer pour accéder au site de la LDH.
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Paroles de femmes en réciprocité politique et charnelle que celles d'Antoinette Fouque et de tant d'autres qui inventent et re-découvrent avec Ségolène Royal le génie, la géni(talité), la matérialité qu'est la parité en leur participation au monde :
"Nos contemporains, femmes et hommes, cœurs conscients et lucides, appellent à voter pour Ségolène Royal, maintenant.
Depuis vingt ans, sur tous les terrains, nos missions respectives pour la France, l’Europe, les droits humains, se sont croisées partout dans le monde.
De Paris à Pékin, de Strasbourg à Ankara, de Figeac à Rio, ou ailleurs…
Ministre, Présidente de Région, députée, avocate, militante, je l’ai vue, sans cesse en mouvements. Tranquille, harmonieuse, attentive, ouverte, bardée de compétences, riche d’expériences, elle fait face à ses responsabilités, assume toutes les gestions professionnelles et politiques. Plus quatre gestations.
A l’évidence, elle paraphrase Montaigne : « Je suis moi-même la matière de mes actes ».
Au Printemps 1992, je la croise Ministre de l’environnement, pour le Sommet de la Terre, à Rio de Janeiro.
Gro Harlem Bruntland, Première Ministre de Norvège, Secrétaire Générale de la Conférence de l’ONU, déclare que les femmes, désignées jusque là comme victimes et bénéficiaires du développement, en sont désormais les actrices et les productrices principales.
Le développement devient durable, à la fois économique, écologique et humain.
Pour nous, du Forum « Planeta Femea », nous savons depuis longtemps que les femmes, si on abolit leur esclavage, sont capables de faire d’un triple fardeau (maternité, pauvreté extrême, impouvoir) un défi. Qu’elles sont le cœur battant d’une dynamique en « 3D » : démographie, développement, démocratie.
Je la revois jeune Ministre, enceinte de huit mois. Elle a dit « j’aime être enceinte ».
Elle est active, présente, radieuse, libre, légère, dans le vif réel de son corps et des affaires du monde.
« Qu’est-ce qu’une femme ? » se demande Lacan dans le Séminaire sur « Les Psychoses ».
Et il enchaîne : « Il y a tout de même une chose qui échappe à la trame symbolique, c’est la procréation dans sa racine essentielle - qu’un être naisse d’un autre. ».
Il invente le Réel et le décrète impossible.
Et si, pour d’autres, le Réel était possible ? Et si, au lieu de lui échapper, la procréation venait enrichir la trame symbolique ?
« Elle avance en marchant » s’inquiètent les journalistes. Improvisation ou performance ?
Et si c’était plutôt qu’elle pense et agit en vivant ? Libération permanente. De ce côté-ci du réel, la chair pense.
Le premier environnement de chaque humain, c’est la chair matricielle et psychique, ce cinquième élément. Il nous faut le sauver en même temps que la Planète, dont on détruit les quatre autres , en même temps que la flore et la faune.
La gestation c’est le mouvement même, l’incessant permanent, le devenir de l’a-venir.
Elle est l’hospitalité charnelle, l’hôte reçu et recevant, l’accueil d’un corps étranger dans le corps propre. Elle est l’immigration désirée, le décentrement du sujet égocentré, l’espace-temps premier de tous les transferts, la matrice d’autres scènes, le praticable princeps de l’après coup. Elle est le paradigme de l’éthique, l’Origine du Monde. Mais pas en peinture.
En vérité, elle est l’origine du mettre-venir au monde, vécue du deux-dans.
Elle est l’engendrement, par régression progrédiante, d’une génération féconde.
« Wo es war, soll ich werden »
La gestation fait la différence.
L’expérience génésique est celle du plus intime et du plus universel de notre espèce.
Un nouveau Dialogue de l’Histoire et de l’âme charnelle.
Exit la Création métaphysique, la théo-technologie, le libéralisme dématérialisant, la libido unique du Père-Maître dominant.
S’avance la libido creandi , matérialisme charnel, philosophie politique du vivant-pensant.
Ils (de Sénèque à Attali, en passant par Mauss et Michéa) oublient tous, la procréation comme paradigme du don et de la création. Don de vie et création d’enfants (« créatures » dans les langues du Sud). « Donner, recevoir, rendre ». Changement de logiciel, de méthode.
Exit la Miséricorde Divine. S’exprime la générosité utérine de concevoir l’autre en soi et de s’en séparer pour qu’il-elle naisse.
Exit le Pouvoir. S’annoncent les pouvoir faire.
Exit la Genèse. S’annonce, sans messianisme, la génésique laïque, humaine, œuvre de femme et d’homme. Oeuvre géni(t)ale, œuvre d’être.
Ségolène Royal est un « ovni, objet votant non identifié » dit un journaliste.
La donna è mobile . Elle les désoriente, les déboussole. Car sans perdre le Nord, elle ne perd pas son Sud.
Ils trouvent la campagne passionnée, mais condamnent, en aveugle, la passion génitrice, qui subvertit, dérange et décentre la logique phallocentrique.
Je parle de gestation, de passion génitrice (Je ne parle pas de maternité, ni de passion maternelle, qui font partie intégrante du Patriarcat et le renforce).
Femme « du 3ème type », pour « le 3ème millénaire », elle se libère de la triple aporie métaphysique du maternel, du féminin et du féminisme.
Femme de l’affirmation, fille des Lumières.
A-t-elle lu Kant : « Les lumières se définissent comme la sortie de l’homme hors de l’état de minorité… la minorité est l’incapacité de se servir de son entendement sans être dirigé par un autre. » (« Réponse à la question : Qu’est-ce que les Lumières ? ») ?
Femme laïque (c’est presque un pléonasme), elle reprend au théologique le politique ; aux Dieux et aux Clercs les Vertus qu’ils ont volées aux humains et aux femmes.
Foi, Espérance et Charité se transforment en « lien social, avenir, solidarité ».
Héritière de l’Utopie des Pères fondateurs, elle sait que les forces vives, pour ressourcer et refonder un socialisme mondialisé, pour enfanter une VI ème République, sont encore les très pauvres, les femmes et les artistes. Comme chez Fourier, Flora Tristan et Hugo.
Héritière de près de 40 ans d’un Mouvement de Libération des Femmes, irréversible, elle nous rend au centuple ce qu’elle en a reçu.
Singulière, avec le plus grand nombre, elle veut « Faire France », Démocratie participative. Pas seule, pas toute, pas toute seule. Pas sans partenaires généreux, pas sans partisans courageux.
Naissance d’une Nation . La France Présidente . A terme, ce sera une fille pour nous représenter, femmes et hommes, ensemble.
Nouvelle-née, enfante femme, elle s’appellera encore et toujours France ; mais aussi Europe et Planète pour signifier son identité, une et multiple, feuilletée, nationale, européenne, universelle, entre autres.
France, fille de son Histoire, de ses symboles, mais aussi Autre France, France de l’Autre, des autres de la France, de la France avec les autres.
Si la France, est toujours la cinquième puissance économique mondiale, alors l’impact de sa Présidence sera, non seulement européen, mais planétaire.
Si Ségolène Royal est élue Présidente, la France mettra au monde un Nouveau Monde, où les filles, autant que les garçons, auront droit au monde.
Civilisation en mutation, guérison du plus vieux malaise dans notre espèce.
L’humanité paritaire (homo sapiens-sapiens et femina sapientissima), va enfin atteindre son stade génital, sa maturité psychique, sa personnalité démocratique.
Le XXIe siècle sera géni(t)al ou ne sera pas."
Antoinette Fouque "Alliance des femmes pour la Démocratie"
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Amicizia
Nadine
Rédigé par : Nadine Manzagol | 02 mai 2007 à 06:08
Qu'on se le dise !!! Merci Angèle de relayer ces mots justes mais néanmoins alarmants.
Rédigé par : Pascale | 02 mai 2007 à 10:22
Heureux de trouver sur Terres de femmes cette note inhabituelle et engagée ! Heureux de lire cet appel à la raison ! Car, je pense comme beaucoup, mais malheureusement comme une minorité semble-t-il, qu'une telle victoire signerait bel et bien la défaite de l'intelligence !
Oui, nous sommes avertis ! Tant de dérapages ne peuvent pas être que coïncidences ! Alors qu'on se le dise : le choix est simple !
Rédigé par : Cordesse | 02 mai 2007 à 18:31
Nadine, Cordesse, Pascale, merci à tous trois. Vous êtes bien les seuls (hors une blogueuse sicilienne) à avoir réagi positivement de façon ouverte. D'autres parmi mes proches m'ont adressé des reproches (!?) pour cette prise de position claire. Et cet éclairage, indispensable à mon sens ! Et dans l'esprit de TdF.
Je suis comme vous, assez pessimiste quant à l'issue du scrutin. D'autant que l'île appelle à voter massivement pour SK. Heureusement qu'il y a les touristes italiens pour faire contre-poids avec leurs "Sarko no, Ségo si" inscrits partout où ils le peuvent. Murets, affiches, pancartes. Ca me réjouit ! Mais...
Rédigé par : Angèle Paoli | 03 mai 2007 à 18:39
A force de se désengager, quand la gauche n'est plus que l'ombre d'elle-même, la droite n'a qu'à récolter les fruits de sa politique, elle a un immense boulevard devant elle...
Je donne à méditer aux désengagés de tout acabit ces vers de Brecht, pour l'après-élection :
« Qui reste au coin du feu quand la lutte commence
Et laisse d'autres défendre sa cause,
Qu'il prenne garde, car
S'il n'a pris part à la lutte,
Il partagera la défaite.
Il n'échappera même pas
À la lutte en voulant l'éviter, car
Il luttera pour la cause ennemie
Celui qui n'a pas lutté pour la sienne. »
Bien à toi, Anghjula !
Amicizia
Rédigé par : Venturini | 04 mai 2007 à 09:45
Que dire de plus? Tout cela est si vrai. Pour ma part, centriste convaincu, le soir du 22 avril, le choix pour le second tour ne s'est même pas posé, il était évident que faire barrage à cet homme est la priorité.
Faisons mentir les sondages!
Rédigé par : Alfred Teckel | 05 mai 2007 à 09:35
La diffusion par Terres de femmes du communiqué de la LDH m’incite à témoigner des menaces potentielles mais très réelles qui pèsent sur les libertés individuelles du fait de l’interconnectabilité prochaine des fichiers informatiques.
L’équipe Sarkozy-Fillon n’est pas étrangère à ce danger sous-estimé car bien méconnu.
En août 2003, l’équipe gouvernementale [1] a fait adopter la loi sur les retraites [2] et notamment un article 10 qui permet à certains organismes mais aussi à toutes les administrations la possibilité de collecter et de conserver le numéro d'inscription au répertoire national d'identification (ou NIR ou encore appelé numéro INSEE ou numéro Sécurité Sociale) dans ses propres fichiers de gestion de personnel.
Il faut savoir que la CNIL (www.cnil.fr et www.vie-privee.org), dont la création remonte à 1978, s’est toujours montrée extrêmement réticente à l’utilisation du NIR en raison du risque potentiel d’appariement de fichiers nominatifs. Face à ce risque, la CNIL avait invité notamment le Ministère de l’Education Nationale (MEN) à se doter d’identifiants spécifiques (et non partagés) aptes à répondre à ses besoins de gestion. En conséquence de quoi, le MEN a créé le fameux NUMEN (code à 13 caractères alphanumériques) pour chacun de ses 1 150 000 agents (enseignants et non enseignants).
Depuis l’adoption de la loi Fillon de 2003, et la publication de ses décrets d’application, le gouvernement Raffarin a eu les coudées franches pour ré-introduire le NIR dans tous les fichiers informatiques de gestion de personnel. Techniquement parlant, il a réformé les statuts de la CNIL en août 2004 et créé un groupement d’intérêt public « information retraite » (le GIP IR) qui est chargé d’organiser la remontée des informations nominatives à partir des fichiers «adaptés» de tous les personnels gérés. Ces informations concernent aujourd’hui les états de service de tous les agents, mais peuvent aussi concerner toutes les données confidentielles contenues dans les fichiers.
Aujourd’hui, le travail de mise aux normes des fichiers est sans doute terminé dans le secteur privé, mais il nécessite encore quelques mois de fonctionnaires de toutes les administrations publiques. Quand il sera terminé, le pouvoir politique, quel qu’il soit, aura la possibilité de croiser les fichiers de la police, du fisc, des affaires sociales, etc. On imagine mal un gouvernement Sarkozy-Fillon renoncer à faire usage d'un instrument que MM. Sarkozy et Fillon ont réussi à mettre légalement en place.
C. Toolshami
[1] en 2003, au sein du gouvernement Raffarin II, Fillon était ministre des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité et Sarkozy était ministre de l'Intérieur, de la Sécurité intérieure et des Libertés locales. François Fillon n’a jamais caché son appartenance au sarkozysme, en particulier lors de son éviction du gouvernement Raffarin III.
[2] la loi dite Loi Fillon, du 21 août 2003 (LOI n° 2003-775 du 21 août 2003 portant réforme des retraites, cf.: www.legifrance.gouv.fr).
Rédigé par : C. Toolshami | 05 mai 2007 à 17:31