3 mai 1925 : première parution dans Le Dimanche illustré de la première page de la bande dessinée d’Alain Saint-Ogan : Zig et Puce. C’est la première fois qu’en France, des personnages s’expriment dans des phylactères (ou bulles).
Source
J'ai découvert mes premières bandes dessinées dans ma maison de Marseille, la maison au platane. J'ignorais que des histoires puissent figurer ainsi sous forme de bandes colorées avec tout plein de personnages en action. Des personnages hirsutes et farfelus dont on peut boire les paroles dans de petits nuages. La bande dessinée n’existait pas dans le répertoire familial. Mais j'en avais déniché une pleine caisse dans la chambre de bonne du premier étage. Raison de plus pour en profiter. Je me faufilais à tâtons dans le noir, ouvrais toutes grandes les persiennes. La chambre donnait sur les garages inquiétants de la TAM, que j'assimilais aux souterrains et hangars de mes lectures du Club des Cinq.
C’est là que, des jeudis durant, vautrée à plat ventre dans une pénombre empoussiérée, j'ai dévoré les planches animées de Zig et Puce, de Poum et Patatras, de Bicot Bicotin, de Ribouldingue et Filochard. Tout en faisant fondre dans ma bouche les bonbons achetés chez la marchande du « Servez-vous » ! Avec ces mini-héros, je découvris l’Afrique et les Pôles, des contrées aux noms savoureux que je roulais sous ma langue gourmande comme autant de petits galets sucrés. Je m’identifiais à ces drôles de petits bonhommes, ébouriffés et goguenards, qui m’entraînaient dans leurs bulles. Je devais être Puce, à cause de ma taille. Et plutôt Patatras que Poum. Et Bicot, le jeune gamin bien nippé, plutôt que cette fripouille de Gaston (Panouille) qui cherchait la castagne. J'ai toujours été pour Bicot, qui rentre à la maison dépenaillé, œil au beurre noir et vêtements déchirés. Et récolte les semonces de Suzy la sucrée.
Je savourais avec délices les friponneries de mes héros du jour. De bien modestes friponneries, en regard de celles que je découvris plus tard en mettant la main sur un roman dont le titre attisa tout aussitôt ma curiosité. Marthe ou les Amants tristes,
qui me tendit les bras.
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
Source
|
Retour au répertoire de mai 2007
Retour à l' index de l'éphéméride culturelle
Elle (une autre) a découvert Zig et Puce, assise dans le verger de son ami. Elle ne savait pas lire encore, elle avait moins de cinq ans. Aussi, Lui, fier de sa science lui lisait des pages entières, ne s'arrêtant que pour commenter les images, retenir son attention qui fôlatrait.
Il avait un peu plus de 7 ans. Elle se serrait tout contre lui pour mieux voir la revue. Il l'émerveillait, il était si beau. C'était son premier amour. Il est resté longtemps l'unique. Il était celui qui expliquait les devoirs de mathématiques ou de science... celui qui l'aidait à monter le mécano ou qui la laissait gagner aux billes...
Rédigé par : nobody | 03 mai 2007 à 16:39
Génial, nobody, je suis émue aux larmes! Qui sait, peut-être nos imaginations se sont-elles déjà rencontrées, sans que nous le sachions!
Quel bel apprentissage amoureux, mécano et billes! Merci, amie.
Rédigé par : Angèle Paoli | 03 mai 2007 à 17:51
Soit dit en plaisantant, tu aurais pu immortaliser Madame Roussel - son nom est à lui seul un programme - dans ton texte sur la bande dessinée et les bonbons de la rue Jules Gontard ! C'eût été lui rendre justice ! Vive Bicot Bicotin, il fait partie de notre patrimoine personnel, culturel, familial et - par les temps qui courent n'ayons pas peur des mots ni des tentatives de récupération - national... C'est vrai que des traîtrises d'un Gaston Panouille au trou noir du garage d'en face il y avait de quoi faire frissonner des petites élevées dans le respect de la comtesse de Ségur... Et, à propos de Madame Roussel, te souvient-il de Farfouillette ? Ne mérite-t-elle pas un petit "pas de deux" ici ? N'a-t-elle pas contribué à notre construction? Ce billet pour te dire que j'ai savouré le tien et que je n'ai pas oublié non plus le très beau titre du roman dont tu parles : Marthe ou les amants tristes ...
Rédigé par : lmarie | 04 mai 2007 à 20:54